Messages : 1653 Points : 1633 Date d'inscription : 20/05/2014 Age : 79 Localisation : Tarn & Garonne
Sujet: bonjour et bon mardi !! Mar 26 Mar - 5:16
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mar 26 Mar - 6:35
Bonjour a vous toutes et tous bon Mardi Gros Bisous et bonne journée
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mar 26 Mar - 6:37
L'éphéméride du jour...
Aujourd'hui, nous fêtons les Larissa ainsi que les Lara. Demain, nous fêterons les Habib.
Le 26 mars est le 85e jour de l'année du calendrier grégorien, le 86e en cas d'année bissextile. Il reste 280 jours avant la fin de l'année. C'était généralement le 6e jour du mois de germinal dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour de la blette. à Marseille : le soleil se lève à 6h 31 le soleil se couche à 18h 57 durée d'ensoleillement : 12h 25 (+3mn
Célébration de demain : • Journée mondiale du théâtre
Citation du jour : « Y'a trois choses qu'on ne peut pas regarder en face : le soleil, la mort et le dentiste. » Alex Métayer
Dicton du jour : « Quand en mars il tonne, l'année sera bonne. »
Proverbe du jour : « Long à manger, long à tout faire. »
Événement du jour : 1997 : La police découvre dans une résidence cossue au nord de San Diego, en Californie, les corps de 39 personnes âgées de 26 à 72 ans, membres de la secte Heaven's Gate (les Portes du Paradis), qui se sont donné la mort à l'aide d'un mélange de barbituriques et d'alcool pour que « leur âme rejoigne un vaisseau spatial caché dans la queue de la comète Hale-Bope ».
L'historiette du jour : Allô ? de Annie Rouault — Allô ? Pas de réponse. — Allô ? Allô ? dit ma tête. Aucune réponse. Mon corps est un ectoplasme sur canapé complètement sourd et amorphe. Depuis quelques jours des millions de virus flottent dans l’air. Il paraît qu’ils sont partout : dans la rue, dans les magasins, dans le R.E.R., au bureau, dans les lieux publics, au travail et même chez nous ! Ils l’ont dit à la télé : — Attention ! ELLE arrive !
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Moi, la tête, j’ai cherché sur internet : « images de virus » et j’ai découvert des sortes de balles de ping-pong bardées de tentacules ou plutôt de picots qui ressemblent à des cornes d’escargots. J’ai alors déroulé le film à l’envers et assisté, impuissante, à l’attaque de ces trolls variqueux lancés à cente à l’heure sur les muqueuses de ma trachée. Une goulée d’air respirée et les monstres se jettent à l’assaut et s’agrippent aux parois. Les autres micro-bestioles qui occupaient déjà le terrain se défendent. C’est le carnage. Bataille rangée dans le larynx et la trachée. — Alors, crient les attaqués, qu’est ce que vous foutez là-haut dans le nez ? Vous êtes une passoire. Impossible de compter sur les avant-postes. Vous dormiez les sentinelles ? Penaudes, elles se taisent et assistent à la bagarre car tout en bas, c’est l’hécatombe. On ne se laisse pas intimider. Les anticorps se prennent pour William Wallace, le cœur vaillant des écossais qui combattait les anglais alors qu’ils voulaient les réduire à l’anglomanie, prendre leurs terres, leurs châteaux, leurs fantômes et même les empêcher de porter le tartan et le kilt ! J’aime bien cette image. William, le héros écossais, dit Braveheart alias Bruce Willis dans le film du même nom, attaquait les anglais et faisait feu de tout bois jusqu’à de grosses pierres que le costaud en jupette jetait avec rage sur les anglais en déroute. Les clameurs et les vociférations remplissaient la vallée. Jubilation ! Ainsi mes anticorps dézinguent sans merci tout ce qui se présente. Poum ! Les petits trolls chevelus, comme les anglais, sont mis à terre, découpés menus et empilés en monticules glauques, cadavres qu’il va falloir expulser. Beau travail des anticorps-lutins en baguettes qui ont bastonné la troupe et qui appellent : — Tu t’y colles là-haut à l’entrée du puits ? Tu expulses la purée ? Suite d’éternuements sonores et postillonnants. Trompette dans le mouchoir. C’est fait. Mais il en arrive encore des trolls à tentacules. Ils s’agitent, ils essaient d’étouffer William, l’anticorps qui combat jusqu’au dernier souffle. Les morts des deux camps se mélangent dans un magma glaireux de soir de combat. Et moi, la tête, j’assiste à cette débâcle sans même pouvoir intervenir. J’encourage, j’applaudis. Cependant, mes idées n’ont pas de pieds crochus et ne peuvent pas prendre part à la tuerie. — Toi, là-haut, tu la fermes, crie un virus en forme de saucisse qui vient d’arriver sur le champ et s’en donne à cœur joie. Il se faufile et tente de pénétrer profondément pour bouffer quelques lymphocytes mais le macrophage veille et l’engloutit tout de go. On profite toujours de l’attaque pour mettre à mal la baraque. C’est un principe universel. Le lymphocyte qui ressemble aussi à une balle recouverte de vers de terre ne donne pas sa part aux chiens, mais il va falloir appeler du renfort, la situation empire, les trolls à cornes rigolent car ils vont triompher par le nombre. On sonne l’olifant. La toux s’énerve, s’énerve... Elle va bientôt cracher sa rage mais le corps atteint et très enfiévré ne gesticule plus, il va jeter l’éponge, vaincu. D’ailleurs, il a quitté la jupette et ne vit plus qu’en pyjama.
— Tu crois pas, cerveau, qu’il est temps de réagir ? Tu n’as pas entendu les appels radios ? Tu ne sais pas déchiffrer les SOS ? Ta vanité te tuera. Tu penses pouvoir te défendre seul contre tous pour un rhume vulgaire mais tu t’es trompé. Erreur fatale. Tu as pêché par orgueil. Des millions de petits virus malins peuvent défaire une baudruche invincible. L’histoire est pleine d’exemples, les livres en regorgent. Pas de fanfaronnade.
Pour faire donner la cavalerie, il y a des règles. Seul le général en chef diplômé peut la lancer dans la bataille après examen et sur ordonnance. Je ne sais pas où sont passés ces généraux De-la-Lutte-contre-la-Maladie sortis de la faculté de médecine, mais pour en consulter un qui soit disponible, c’est le parcours du combattant. En France, en 2019, vingt-et-unième siècle, prendre un rendez-vous rapide chez un médecin tient de l’exploit. Le mien, dans ma banlieue, ouvre ses portes quelques heures par semaine et la multiculturalité tient palabres dans la salle d’attente, exiguë mais débordante. Le français n’y est pas parlé et on y vient en tribu. Pour un malade, quatre personnes présentes ! Toi, tout seul avec ta maladie et ta fièvre qui grimpe, tu cherches une chaise et la mondialisation te submerge ! — Attendez, vous allez voir. Vous ne voulez pas me laisser m’asseoir ? Je vais tousser puis éternuer trois ou quatre fois, vous inonder de mes virus à cornes d’escargots et tous ceux qui ne sont pas atteints aujourd’hui le seront dans deux jours ! La vengeance est un plat qui se mange froid. La mondialisation est un partage de proximité et, dans la salle d’attente, c’est un partage de promiscuité. Que la grippe sévisse !
Enfin ! Quinze patients malades et trois heures plus tard, c’est mon tour. Le verdict parle bien de virus et d’épidémie. La cavalerie sera donnée. Mes petits anticorps fatigués vont recevoir de l’aide. Les antibiotiques sont lâchés, on sonne la charge. Bousculade dans la tuyauterie. À quoi ressemblent les antibiotiques ? Dans ma recherche, je n’ai trouvé que des photos de gélules mais comment cette poudre va-t-elle occire les trolls variqueux ? Bzz bzz bzz ! Un petit trou dans la paroi spongieuse et glop, tout l’intérieur dégouline, toutes les entrailles se répandent, troll occis ! Crade ! Le dictionnaire Larousse, qui en connait un rayon sur toute chose, écrit que la vie est le fait de vivre de la naissance jusqu’à la mort. Larousse et La Palisse étaient certainement cousins ce qui explique beaucoup de choses. Ils ont vécu mes virus mais en fait, la vie, ce n’est pas ça du tout messieurs Larousse et de La Palisse. La vie ? Ce n’est que des batailles incessantes gagnées ou perdues, des guerres éclairs et des guerres de cent ans, des tueries de virus en embuscade et de bactéries bousculées dans la cohue. Y a toujours du grabuge et après, l’hécatombe des cellules gentilles repoussent, des petites bulles translucides à noyau, des bactéries à poils, des saucisses à granules, des bâtonnets tordus. Ma trachée est alors un marécage tranquille, le calme revient pour quelques temps, tout ce petit monde se calme après l’échauffourée. C’est la paix. — Allô ? dit ma tête — On y va, répond mon corps. Ah ! Elle est contente ma tête, le courant est rétabli.
Bonne journée à toutes et tous
Opaline Membres
Messages : 1232 Points : 1234 Date d'inscription : 28/05/2014 Age : 78 Localisation : Bouches-du-Rhône
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mar 26 Mar - 8:43
Bonjour les amis Finalement pas de pluie hier, le soleil est revenu mais avec un mistral de folie.
La Rambla à Barcelone
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mar 26 Mar - 11:35
coucou le fofo
soleil et ciel bleu sur Rouen et chez vous quel temps fait il ?
mes cheveux sont en mode séchage et ma machine tourne...
Ti Mouss avait un ti creux, il croquette...
Ce matin DIamant a vomi un peu, j'espère qu'il n'a pas de problèmes cardiaque au vu de son surpoids, cela peut les faire vomir... ou de diabète, il avait eu une suspicion il y a 2 ans environ.... la thyroïde aussi fait vomir, et comme il vomi assez souvent, cela fait peur...
bonne journée
bisous
petrus
Messages : 1653 Points : 1633 Date d'inscription : 20/05/2014 Age : 79 Localisation : Tarn & Garonne
Sujet: bonjour et bon mercredi !! Mer 27 Mar - 5:56
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mer 27 Mar - 7:06
Bonne journée a toutes et tous pour ce mercredi , les taureaux et les chevaux sont très joli dans les prés en ensoleiller mes il fait frai au marrée , de ma belle petite Camargue
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mer 27 Mar - 7:37
L'éphéméride du jour...
Aujourd'hui, nous fêtons les Habib. J'en ai connu un gamine quand j'habitais Septèmes Demain, nous fêterons les Gontran.
Le 27 mars est le 86e jour de l'année du calendrier grégorien, le 87e en cas d'année bissextile. Il reste 279 jours avant la fin de l'année. C'était généralement le 7e jour du mois de germinal dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour du bouleau.
à Marseille : le soleil se lève à 6h 30 le soleil se couche à 18h 58 durée d'ensoleillement : 12h 28 (+3mn)
Célébration du jour : • Journée mondiale du théâtre
Citation du jour : « Le péché, c'est comme la vertu ; il ne faut pas en abuser. » Anonyme
Dicton du jour : « Mars venteux, verger pommeux. »
Proverbe du jour : « On croit ce que l'on veut croire. »
Événement du jour : 1968 :Le colonel Youri Gagarine, premier être humain à avoir pénétré dans l'espace, perd la vie au cours d'un vol d'entraînement d'un chasseur MIG-15. Les circonstances de l'accident ne seront jamais éclaircies. Le prototype, dont le cosmonaute et un instructeur devaient tester le système de commandes, retournait à sa base alors que les opérations de test s'étaient déroulées tout à fait normalement.
L'historiette du jour : Renaissance de Pierre ALLAL La neige tombe à gros flocons sur Paris en ce mois de février 1969. Marie Glikmann, jolie brunette de trente-deux printemps aux yeux verts, descend l’avenue des Champs Elysées, les mains chaudement emmitouflées dans les poches de son manteau et le visage recouvert d’une grosse écharpe de laine rouge. Marie est heureuse ce matin, car elle vient de signer un contrat qui va lui permettre de se laisser vivre pendant plus d’un an. Par le biais d’un appel d’offres, elle a pu faire la connaissance de Ralph Clinte, un richissime homme d’affaires. Elle doit se charger de la restauration de son hôtel particulier, situé place des Vosges, dans le troisième arrondissement.
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Marie est sortie des Beaux-Arts depuis cinq ans, avec un diplôme national de l’Art et a suivi un cursus d’architecture. Du haut de ses trente-deux ans, la voici installée, depuis un peu plus d’un an, aux commandes de sa propre entreprise de rénovation de monuments anciens. Marie vit seule dans le quartier qui l’a vu naître, place du Tertre, sur la butte Montmartre, dans le dix-huitième arrondissement. Elle n’a jamais pris le temps de se trouver un amoureux. Ce n’était pas dans ses priorités. Et puis Marie aime bien son indépendance. Avec cette entreprise, c’est un rêve de petite fille qui s’est réalisé. Marie a toujours aimé l’histoire de l’Art. Elle, qui est peintre et sculptrice à ses heures perdues, a toujours été dans le milieu artistique. Son père écrivain et poète et sa mère peintre ont toujours su préserver en elle sa fibre artistique.
Ce contrat signé avec cet homme d’affaire va lancer son entreprise, c’est certain. En descendant les Champs, elle embrasserait le premier venu. Elle se dit, en cet instant précis, qu’elle a une veine extraordinaire. Rencontrer Ralph Clinte était inespéré. Et pourtant, elle l’a son contrat signé. Malgré les flocons qui tombent, Marie se dit que l’avenue des Champs Elysées est vraiment la plus belle avenue du monde. Mais il faut qu’elle garde la tête sur les épaules et surtout la tête froide. Tout d’abord, il faut qu’elle prenne des renseignements sur cet hôtel particulier, qu’elle fasse des recherches sur l’architecture à l’époque de sa construction. Une chose est sûre, une fois les plans de rénovation intérieure effectués, il lui faudra l’accord de l’architecte des bâtiments de France. Mais elle n’en est pas encore là.
Marie a rendez-vous avec Ralph Clinte vers 15 h pour la visite de l’hôtel particulier. Comme elle a étudié l’histoire de l’art, aux Beaux-Arts, elle se souvient très bien de la construction de la place des Vosges de Paris. Les plans de la place furent confiés par Henri IV à deux architectes de l’époque. La place fut achevée au début des années 1600. Son architecture est particulière car tous les immeubles formant la place sont identiques. Des matériaux utilisés jusqu’aux ardoises sur les toits, tout est fait à l’identique. Le taxi la dépose devant le square Louis XIII, centre de la place des Vosges. Malgré le froid, le ciel est dégagé sur Paris, offrant une luminosité éclatante à la place. Pénétrant dans le square, afin d’avoir une vue d’ensemble de la place, Marie tourne sur elle-même pour découvrir les trente-six hôtels particuliers formant la place des Vosges. Elle se dit que cette place est vraiment magnifique, avec ses immeubles de briques rouges et leurs toits d’ardoise bleue très pentus. Ralph Clinte ouvrit la porte lui-même à Marie.
— Bonjour Mademoiselle Glikmann, comment allez-vous ? — Bien merci Monsieur Clinte, mais je vous en prie, appelez-moi Marie. — Entendu, mais à la condition que vous m’appeliez Ralph. — Cela va être difficile, mais c’est d’accord... Ralph. — À la bonne heure. Eh bien voici mon humble demeure. Vous avez du pain sur la planche, lui dit Ralph en riant. Vous pouvez avoir un avant-goût du travail qui sera le vôtre ces prochains mois.
Marie suit Ralph tout au long de la visite. En effet, il y a du travail. Mais quel plaisir cela va être de rénover une telle demeure. Ralph décrit à Marie toutes les pièces de son hôtel particulier. Ralph est un assez bel homme, le teint hâlé, les tempes grisonnantes. Il ne doit pas avoir plus de cinquante ans, se dit Marie. La dernière pièce que Ralph fait visiter à Marie est une grande pièce, au rez-de-chaussée de la maison. C’est une pièce splendide dont Ralph se sert pour ses réceptions.
— Pour cette pièce en particulier, lui dit Ralph, je vous laisse carte blanche. Décorez-la comme si c’était votre pièce. — Comment cela, répondit Marie ? — Je veux que vous vous sentiez comme chez vous dans cette pièce. Décorez-la comme la maison de vos souvenirs, par exemple. Celle de vos parents lorsque vous étiez petite.
À ces mots, une émotion intense se lut sur le visage de Marie. Des larmes commencèrent à couler. Ralph fut tout de suite ému et gêné de cette situation.
— J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Si c’est le cas, je vous présente mes plus sincères excuses, je ne voulais pas vous peiner en disant cela. Je n’en rate pas une. — Vous n’y êtes pour rien, Ralph, je vous assure. Pardonnez mon émotion qui n’est pas très professionnelle. — Je vous en prie Marie. Qu’ai-je donc dit qui vous a fait verser ces larmes ? — Je ne sais pas si je peux.... — Vous pouvez, je vous assure. — Je suis d’origine juive. Mes parents et moi habitions place du Tertre à Montmartre. Lorsqu’Hitler est arrivé au pouvoir en 1933, mon père voulait fuir vers les Etats-Unis, car il était sûr que cet homme déclencherait la guerre. Puis le temps a passé plus vite que ne le pensait mon père et les Allemands ont envahi Paris. Il nous fut alors impossible de quitter la France. Puis, lors d’une rafle organisée par la police française, nous nous sommes fait arrêter. Malheureusement, mes parents et moi avons été envoyés dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, et nous avons tout perdu. Mes parents ont rapidement été exécutés. Moi, qui n’avais que sept ans en 1945, j’ai été sauvée par le cuisinier du camp, un compatriote juif, du nom de Yacob. Il m’a cachée pendant plus d’un mois dans les réserves de nourriture du camp, me nourrissant chaque jour. Le pauvre homme a été assassiné par nos bourreaux nazis, peu de temps avant l’arrivée des Britanniques en avril 1945. — Je suis navré d’entendre cela, Marie. J’ai vraiment beaucoup de peine. Que puis-je faire pour adoucir votre tristesse ? — Vous êtes gentil, Ralph. Vous n’y pouvez rien. Mais l’émotion m’a envahi lorsque vous m’avez demandé de décorer cette pièce comme la maison de mon enfance. Nous avions un magnifique et grand appartement, rue Norvins, non loin de « La Mère Catherine », le célèbre restaurant de la place du Tertre. Mon père avait acheté l’appartement avec l’aide du propriétaire du restaurant Monsieur Mériguet. Mon père et lui jouaient souvent aux cartes, dit Marie en souriant. C’était un magnifique appartement avec une très grande salle à manger. Ma mère s’était chargée de la décoration avec beaucoup de goût. Des toiles de maîtres ornaient les murs, des sculptures et autres œuvres d’art complétaient le décor. Mais nous avons tout perdu. C’est pour cela que ces souvenirs ont mouillé mes yeux. Pardonnez-moi encore.
Marie remarqua l’émotion de Ralph et elle fut touchée. C’est vrai, les cicatrices de la dernière guerre étaient encore présentes pour beaucoup de monde, même plus de vingt ans après.
— Marie ne vous excusez pas, s’il vous plaît, dit Ralph, l’émotion dans la voix. Cela a dû être très dur pour vous. Mais si je puis me permettre, comment avez-vous vécu après la guerre ? — La sœur de mon père, Jacqueline, qui a survécu aux camps de la mort, m’a accueillie et m’a élevée. C’est comme une seconde mère pour moi. Son mari est passé dans les chambres à gaz pratiquement tout de suite car il était invalide, suite à un accident du travail. Il lui manquait une main. Étant seule et sans enfant, elle s’est fait un devoir d’élever la fille de son frère. Aujourd’hui, elle vit à Enghien-les-Bains, en Seine et Oise. Elle a une petite maison non loin du lac et nous nous voyons souvent. — C’est une histoire bouleversante, reprit Ralph. — Merci de votre compassion, Ralph. Mais reprenons notre examen des lieux, dit Marie en souriant. — En tous cas, vous êtes une personne très attachante, Marie, et je suis heureux de me compter parmi vos clients. C’est une joie pour moi de vous confier ma maison.
De retour chez elle, Marie se remémora la journée passée et elle eut un sourire mêlé de tristesse et de joie. Elle repensa à ses parents, Victor et Mathilde. Elle ne les avait connus que sept années, mais ce furent sept années de bonheur et de joie. Elle se souvint de son père lui racontant de merveilleuses histoires, écrites pour elles, juste avant de dormir. Elle revit le sourire de son père, ses yeux pleins de tendresse. Et sa mère qui la prenait sur ses genoux pour lui apprendre à dessiner la courbe d’un sein ou comment trouver la meilleure couleur pour faire ressortir l’éclat d’une fleur. Son don pour la peinture et la sculpture lui vient de sa mère, c’est certain. Mais elle a au fond d’elle-même, grâce à son père, cet amour pour la poésie et la lecture.
Elle fut sortie de ses pensées par le téléphone qui sonnait dans l’entrée. Elle se leva et courut décrocher le combiné noir accroché au mur entre la porte d’entrée et un long miroir biseauté.
— Allô ? — Oui ma chérie, c’est moi ! — Oh, Tatie Jackie, que je suis contente de t’entendre. — Oui moi aussi, mon cœur. Alors comment vas-tu ? Et comment vont les affaires ? — C’est génial Tatie, il faut que je te raconte. J’ai trouvé un nouveau chantier, mais pas le petit chantier ! Un gros truc qui m’est tombé du ciel. — Oui tu as raison, il faut que tu me racontes tout. Veux-tu venir manger demain midi, je te préparerai ton plat préféré. — Des pâtes au beurre et au gruyère avec du poulet ? Miam ! C’est d’accord ! Merci Tatie. Je prendrai le train de 10 h 18 à la gare du Nord. Mais une fois à Enghien, je ne me rappelle plus quel bus prendre pour venir chez toi, rue de Maleville ? — C’est simple, en sortant de la gare d’Enghien, tu remontes la rue à gauche et tu prends le bus 154 qui va sur Epinay. Et tu descends à l’établissement thermal. — Oui, l’établissement thermal, ça je me rappelle. Merci Tatie et à demain. Je pense être chez toi vers 11 h 30. — C’est d’accord ma petite Marie. À demain.
Le lendemain, avant d’aller chez sa tante, Marie révisa un petit peu le style Louis XIII, style caractéristique de la place des Vosges et relu ses notes prises lors de la visite. Les murs de l’hôtel particulier de Ralph sont dotés de nombreuses boiseries et peintures. Les portes sont, quant à elles, identiques dans toute la maison, ce qui facilitera la tâche de Marie pour la restauration. Elles sont assez larges, avec un seul battant, et sont richement sculptées. La plupart sont en bon état, mais d’autres nécessitent la restauration totale des sculptures et des cartouches. Un travail qui va passionner Marie tout au long du chantier. Pour le changement de certains cartouches, elle devra trouver le bois idéal, celui des maîtres menuisiers de l’époque : un noyer d’excellente qualité, venu des confins du Périgord. Le hêtre fera aussi partie des essences de bois utilisées. Le style Louis XIII se dénote aussi par sa moulure « astragale » qui passe à hauteur des portes, comme une sorte de guirlande tout autour de la pièce. Rien que pour les moulures de l’hôtel particulier, plus de six mois de travail intensif seront nécessaires. Mais le travail n’a jamais fait peur à Marie.
Installée dans le wagon de tête du train de 10 h 18, Marie ressent la force de la grosse locomotive vapeur qui tire doucement le train, au départ de la gare du Nord. Elle sera curieuse de voir les nouveaux trains à locomotive électrique prévus l’année prochaine en 1970. Vive le progrès ! Perdue dans ses pensées, elle tend machinalement son billet au contrôleur qui le poinçonne. Le paysage défile de plus en plus rapidement. Un premier arrêt se fait en gare de Saint-Denis. De nombreux voyageurs en descendent, car un nouveau type de logement à vu le jour depuis environ cinq ans. De longs immeubles avec une multitude d’appartements. Ces immeubles sont des HLM, comme ils disent. Des habitations avec un loyer modéré basé sur le salaire du locataire. Cela a attiré de nombreuses personnes venues de province et voulant travailler à Paris ou celles voulant quitter Paris, devenu trop cher pour elles. Marie aperçoit, de sa fenêtre, les longues barres d’immeubles gris flambants neufs. Elle, qui est décoratrice d’intérieur de logements anciens, trouve tout cela très moche et inadapté au paysage. Le train redémarre, secouant les wagons et les passagers. Plus le train s’éloigne de Paris, plus on est à la campagne. Les sites industriels se font rares et les maisons remplacent les immeubles. Marie se laisse bercer par le bruit répétitif des roues sur les rails, « tada-tada... tada-tada, tada-tada... tada-tada ». Après deux autres arrêts, le train entre dans le tunnel précédant la gare d’Enghien-les-Bains.
Marie suit les indications de sa tante et se retrouve dans le bus 154.
La maison de sa tante, rue de Maleville à Enghien est de style Napoléon III, époque florissante pour la prise de bains en établissement thermal. De couleur rose pâle, la maison est assez jolie, et le grand jardin très bien entretenu. Tatie Jackie, femme marquée par la vie, avec une chevelure rousse à la Yvette Horner, ouvrit la porte à Marie, un large sourire sur le visage. Elle l’aimait sa petite Marie. Le seul être au monde lui apportant du bonheur. En entrant dans le grand salon de la maison, Marie faillit marcher sur la queue de Minette, la vieille chatte de sa tante, qui sauta sur un fauteuil. Marie raconta à sa tante les derniers événements, et au fil du récit de Marie, le visage de Jacqueline, tantôt s’assombrissait, tantôt s’illuminait. Elle pensait souvent à son frère et elle se disait que Marie était de plus en plus le portrait de son père. Marie reprit deux fois des pâtes au gruyère. La peau du poulet était caramélisée à souhait. Sa tante avait, comme à son habitude, fait cuire le gésier du poulet dans celui-ci. Marie adorait le gésier de volaille depuis toute jeune, et sa tante y pensait à chaque fois.
***
Cela faisait maintenant cinq mois que Marie restaurait l’hôtel particulier de Ralph Clinte. Pour l’aider dans ses différentes tâches, Marie avait embauché six ouvriers spécialisés. Ils travaillaient sous la direction d’une femme, chose peu courante à l’époque. Mais ils le faisaient de bonne grâce et avec joie, ce qui facilitait la vie du chantier. Ils avaient aussi beaucoup de respect pour ce petit bout de femme capable de faire de si belles choses. Marie avait pratiquement terminé les moulures « astragale » et les boiseries de tout l’hôtel. Sur place, elle avait installé un petit atelier dans le sous-sol. Ralph avait mis à sa disposition une grande partie de la cave voûtée, avec des pierres apparentes datant de Louis VIII, comme toutes les caves de la place des Vosges. Marie avait souvent des frissons à l'idée de travailler dans ce lieu chargé d’histoire. Qui pouvait savoir ce qui s’était passé dans cette cave depuis plus de trois siècles ? Sur un vieil établi de menuisier, l’un des trésors de son outillage, Marie finissait de poncer finement le cartouche de l’une des portes de « sa » pièce, celle que Ralph lui avait demandé de décorer comme la maison de son enfance. Il représentait une tête d’enfant frisée et joufflue. L’original étant irrécupérable, Marie s’était attachée à resculpter un nouveau cartouche à l’identique.
Ce travail était fascinant pour elle. Elle se voyait entourée d’ouvriers de tous corps de métiers, pendant la construction de la place Royale, devenue plus tard, place des Vosges. La place grouillait de monde et était très bruyante. Des échafaudages ornaient le carré de la place. Au centre, de nombreux maîtres artisans façonnaient, rabotaient, fondaient toutes sortes de matériaux nécessaires à la construction. À eux se mêlaient des étals de marchands, qui offraient de quoi se restaurer aux ouvriers et maîtres artisans à toute heure du jour. Elle s’y voyait. Ce chantier ravivait chaque jour un peu plus son amour de l’art et de l’histoire. Marie vivait sa restauration ! Elle la vivait avec ses tripes, son âme et son cœur.
Ralph la fit sursauter, tant elle était concentrée sur son travail de sculpture.
— Je vous demande pardon, Marie, je ne voulais pas vous faire peur. — Ce n’est rien, répondit Marie en riant. — Mon épouse étant de passage à Paris, nous aimerions que vous dîniez avec nous demain soir. C’est possible pour vous ? — Je ne voudrais pas vous déranger. — Nous déranger ? Voyons Marie, vous faites un peu partie de la famille maintenant. Vous ne nous dérangez pas. Alors ? — Alors avec plaisir Ralph. Vous remercierez Juliette pour moi.
Marie avait fait la connaissance de Juliette, la femme de Ralph, deux mois plus tôt. Juliette était une très belle femme blonde aux yeux très bleus, d’une quarantaine d’années et mannequin de son état. Elle voyageait beaucoup au gré de ses castings et shootings. Elle et Ralph ne se voyaient pas beaucoup, mais cette vie semblait leur convenir à tous les deux. Ils habitaient Amsterdam, point central pour les affaires de Ralph. Il avait fait fortune dans l’import de meubles chinois haut de gamme. Le port de Rotterdam était, en quelque sorte, son annexe de livraison.
— Nous viendrons vous prendre en bas de chez vous vers 19 h. Nous irons... Non, je ne vous dis rien. Ce sera une surprise. — Vous me gâtez, Ralph, je ne mérite pas tant de gentillesse. — Détrompez-vous, Marie. Vous méritez bien plus que cela, en tout bien tout honneur, bien sûr.
La soirée fut une découverte de saveurs pour le palais de Marie. De l’entrée jusqu’aux petits macarons du dessert, elle se régala. Dîner chez « Lucas Carton », face à La Madeleine, fut un cadeau très apprécié de Marie.
— Vraiment merci à tous les deux pour cette magnifique soirée et ce repas exceptionnel en saveurs raffinées et délicieuses. Grâce à vous deux, j’ai voyagé ce soir. Et croyez-moi, ce n’est pas souvent le cas, dit-elle en riant. — C’est tout à fait normal, Marie, dit Juliette avec son accent guttural trahissant ses origines scandinaves. Nous vous aimons beaucoup et ce repas est une façon de vous le montrer. — Cela me touche beaucoup. Merci Juliette. — Alors, ma petite Marie, où en est-on ? demanda Ralph. Je parle du chantier bien sûr, reprit-il en souriant. — Eh bien le travail avance merveilleusement bien. J’ai une équipe très efficace. J’en ai fini avec les boiseries et les peintures. Il me reste à finir la pose de cuir de Cordoue au-dessus des boiseries murales, jusqu’au plafond. J’achève dans la semaine les sculptures sur bois au-dessus des portes des chambres, et la semaine prochaine, je m’attaque au grand salon. — Votre salon, Marie. J’espère qu’il sera aussi beau que dans vos souvenirs.
Marie sourit à cette remarque de Ralph. Pour elle, les souvenirs de sa maison d’enfance sont toujours présents, terriblement présents.
— Soyez sans crainte, Ralph, il sera magnifique !
***
Marie était à la fois heureuse et excitée. Le chantier de l’hôtel particulier était fini depuis la veille. Ce fut pour elle une expérience magnifique, tant au niveau du travail que des rencontres. Ralph s’était montré très présent et généreux tout au long du chantier. Et très paternel aussi. Marie l’aimait beaucoup. Il lui avait donné une part de son père qu’elle avait perdue. Certes, Ralph n’avait pas l’âge de son père mais il lui avait donné une affection qu’elle croyait perdue à jamais. La majorité de ses prestations avaient été réglées rubis sur l’ongle par Ralph. Elle avait rendez-vous avec lui, à son hôtel particulier, pour le règlement de fin de chantier. Ralph avait été très précis sur l’heure et sur le fait que Marie ne devait pas être en retard. Le rendez-vous était prévu le lendemain à 15 h précises.
Marie fut en avance au rendez-vous fixé par Ralph. En attendant, elle se promena sous les voûtes de la place des Vosges, admirant les nombreuses boutiques d’antiquaires. Elle repensa à tous ces mois passés à la restauration de cet hôtel particulier. Ses mains se souviennent encore des coupures, des échardes, de la colle de poisson. Et ce grand salon qu’elle a décoré à l’identique de ses souvenirs. Une pure merveille. Marie a montré, pour ce chantier, toute l’étendue de son talent et de sa passion.
Ralph ouvrit la porte à Marie. Il paraissait ému et nerveux. La fatigue de ses journées bien remplies, sans doute. Ralph fit entrer Marie dans la bibliothèque et lui présenta un homme, grand et costaud, d’une soixantaine d’années.
— Marie, je vous présente Maître David Cohen, mon notaire. — Enchantée, répondit Marie ne comprenant pas la présence de cet homme pour régler une fin de chantier. — Marie, reprit Ralph, j’ai à vous parler de choses très importantes et vitales pour moi. Les mots que vous allez entendre de ma bouche vont parfois être durs et cruels et vous donner de fortes émotions.
Marie s’étonna de tout cela et commença à s’inquiéter sérieusement. Ralph ressenti son inquiétude et la rassura. — Ne vous inquiétez pas, Marie, je ne vous veux aucun mal, bien au contraire. Avant de commencer, j’aimerais que vous me promettiez de rester jusqu’à la fin de l’entretien, quoi que vous entendiez. Me le promettez-vous ? — Je suis très troublée par tout cela, mais je veux bien vous le promettre.
Ralph commença à parler avec une émotion et une crainte non dissimulée. Maître Cohen, quant à lui, était assis en face de Ralph, un gros dossier devant lui.
— Marie, depuis que nous nous connaissons, j’ai appris à vous apprécier et aujourd’hui, vous le savez, j’ai beaucoup d’affection pour vous. Alors si je vous fais du mal, pardonnez-moi. Mais il faut que vous sachiez certaines choses. Voilà, vous avez toujours cru que j’étais un français, parti pour ses affaires aux Pays-Bas. Eh bien il n’en est rien. Après la guerre, j’ai pris le nom de jeune fille de ma mère, une française née en Alsace, Geneviève Clinte. Pourquoi ? Marie, mon vrai nom de famille est Kramer. Je suis le neveu au premier degré de Josef Kramer, commandant du camp de Bergen-Belsen, celui qui a tué vos parents.
À ces mots, Marie se leva d’un bond, toute pâle et recula.
Marie revint s’asseoir, toute tremblante après ce qu’elle venait d’entendre, des larmes coulant sur son visage.
— J’avais vingt ans lorsque j’ai découvert les horreurs du nazisme. Je l’ai découvert un jour où mon oncle nous avait invité à son nouveau logement, donné avec sa promotion de Directeur d’un camp de travail. À la fin du repas, alors que toute la famille festoyait, je me suis échappé pour fumer une cigarette. En me promenant aux alentour du pavillon de mon oncle, j’ai découvert l’horreur des camps, oui l’horreur à l’état pur. Je n’oublierais jamais ces images. Ni ce jour, d’ailleurs, car c’est à ce moment que je me suis rendu compte que mon oncle était un monstre sans pitié. Je n’ai pas pu le supporter. Je me suis enfui de chez moi, étant convaincu que mon père était dans tout cela. Ce n’est que bien après que j’ai su que lui aussi avait découvert toutes ces horreurs et n’avait plus jamais revu mon oncle. Il est mort avec une honte dans son cœur. Cette honte est dans mon cœur aussi, depuis toutes ces années, comme une grande partie du peuple allemand. Comment toute une nation avait pu croire ce fou mégalomane et monstrueux ? Depuis ce jour, j’ai cherché un moyen d’effacer ces horreurs. Mais comment effacer de telles atrocités ? On ne peut pas. Non, on ne peut pas effacer la mort de millions de personnes. On ne peut pas oublier. Alors comment faire ? Dès la guerre finie, j’ai cherché les noms de ceux qui étaient morts à Bergen-Belsen. Je me suis dit qu’ils avaient peut-être une famille à avertir. Je voulais les aider de tout mon cœur, tant la honte me faisait vomir. Et puis je suis tombé sur les noms de Victor Glikmann, 31 ans, Mathilde Glikmann, 26 ans et leur fille Marie Glikmann, 7 ans.
À ces mots, Marie fond en larmes avec sanglots. Maître Cohen lui sert un verre d’eau et lui tend son mouchoir, en lui prenant les épaules pour la réconforter. Ralph, au bord des larmes, reprend son histoire.
— Ce qui m’a troublé c’est que seuls les noms de Victor et Mathilde apparaissaient dans la case : décédés. Je me suis alors mis en quête de retrouver la petite Marie. Qu’était-elle devenue ? À la fin des années 40, les affaires marchaient très bien pour moi. J’ai donc utilisé mon argent et mes relations pour vous retrouver. Mais comment vous approcher ? Pardonnez-moi, ma chère petite Marie, mais avec le temps et mes recherches, je vous ai retrouvé et j’ai tout appris de vous. De votre vie avec votre tante, jusqu’à vos brillantes études en art et architecture. J’ai alors eu l’idée d’acheter cet hôtel particulier, qui était dans l’état où vous l’avez trouvé. J’ai lancé un appel d’offres, et comme je m’y attendais, vous y avez répondu, sachant que vous veniez de créer votre entreprise. — Mais pourquoi avoir fait tout cela, Ralph ? — À cause de la honte, Marie. Cette honte qui me hante depuis ce jour de 1944. Cette honte qui ne s’effacera jamais. La honte d’avoir été le neveu d’un fou qui a tué des milliers de personnes. La honte d’être Allemand, nation maudite par ce qu’elle a fait. La seule chose que je pouvais faire, c’était de faire du bien à cette communauté qui a tant souffert. Ce n’est pas pour rien que je vous ai demandé de recréer votre maison d’enfance dans le grand salon. J’ai quelque chose à vous montrer, Marie. Suivez-moi je vous prie.
Marie, intriguée par ces mots, se leva, suivie de Maître Cohen, qui était resté silencieux depuis le début. Ralph précéda Marie dans le grand salon. Lorsqu’elle entra, elle sentit ses jambes se dérober sous elle et s’évanouit. Lorsqu’elle reprit ses esprits, elle était allongée sur le sol, dans les bras de Ralph qui lui tamponnait le visage. Elle se releva doucement et regarda le grand salon en tournant sur elle-même tout en sanglotant. Toutes les œuvres d’art de ses parents étaient là. Des tableaux de Matisse, Degas, Pissarro en passant par les aquarelles de Picasso, qu’elle aimait tant. La petite sculpture de Rodin, et le buste d’Antoine Bourdelle. Tout était là, comme avant.
— Mais comment avez-vous fait ? Ces œuvres nous avaient été volées par les nazis. — Je sais, Marie. Après la guerre je suis entré en contact avec un ami américain, qui avait entendu parler d’une équipe de l’armée américaine, les « Monuments Men », qui restituait les œuvres d’art volées par les nazis aux juifs. C’est ainsi que je suis remonté jusqu’à vos parents. Les nazis étaient, dans leur diabolisation, très méticuleux et précis, et ils notaient tout. Ce qu’ils avaient pris à telle famille, quelles œuvres, etc. Il ne m’a donc pas été difficile de retrouver ces chefs d’œuvre. — Je vais donc pouvoir les récupérer ? — Oui, Marie, évidemment. Mais laissez-moi finir, s’il vous plaît. Le fait que Maître Cohen soit ici n’est pas anodin. Il est là pour finaliser une donation faite de mon vivant.
Ralph eut du mal à finir sa phrase, tant l’émotion lui serrait la gorge. Il reprit après de longues minutes.
— Cette donation, Marie, est faite en votre faveur. Cet hôtel particulier et tout ce qu’il contient est à vous, en pleine propriété. Tout ce que je désire, c’est que vous me pardonniez, Marie, ainsi que mon peuple, dit Ralph des sanglots dans la voix. — Mais Ralph, je ne peux accepter, c’est beaucoup trop. Et puis je n’ai rien à vous pardonner. Vous êtes un homme bon. Ce que votre oncle a fait, ce qu’Hitler a fait, ce sont eux qui l’on fait, pas vous ! Vous savez, il y a une chose que mes parents m’ont appris avant de mourir, c’est le pardon. Qui sommes nous pour ne pas pardonner ? Seul Dieu a ce pouvoir. Mais vraiment, Ralph, c’est beaucoup d’argent, je ne peux pas. — Marie, tout est déjà réglé, tout est déjà à votre nom. Maître Cohen est là pour vous remettre l’acte de propriété ainsi qu’un chèque réglant la fin des travaux. — Enfin, vous n’êtes pas sérieux, je ne peux, en plus, accepter ce chèque. — D’abord ce n’est pas ce chèque mais un chèque. Profitons de l’instant présent, s’il vous plaît. — Ralph, ce que je désire aujourd’hui, le plus au monde, c’est de vous garder dans mon cœur. — Oh Marie, dit Ralph en la prenant dans ses bras. Vous êtes dans mon cœur également. Je serais toujours là pour vous. Merci pour ce geste de pardon, qui voile quelque peu ma honte.
ÉPILOGUE
Marie emménagea dans l’hôtel particulier quelques semaines plus tard. Elle prit avec elle sa chère tante Jackie ainsi que Minette. Elle continua à mener rondement son entreprise, bien que l’argent ne soit plus une cause de stress. Le dernier chèque de Ralph, d’un montant de cinq millions de francs, lui permit de vivre à l’abri du besoin. Naturellement, elle transféra le siège de son entreprise place des Vosges. Ralph, quant à lui, retourna à Amsterdam. Régulièrement, il prend des nouvelles de sa protégée. Il n’aurait pas assez d’une vie pour effacer les horreurs nazies, mais au moins il aura essayé.
Bonne journée à toutes et tous
Opaline Membres
Messages : 1232 Points : 1234 Date d'inscription : 28/05/2014 Age : 78 Localisation : Bouches-du-Rhône
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mer 27 Mar - 8:12
Bonjour à toutes et tous
* gigi *
Messages : 555 Points : 571 Date d'inscription : 04/01/2019
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mer 27 Mar - 9:43
courage a ceux qui en on besoin
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mer 27 Mar - 11:48
coucou le fofo
le soleil essaie de percer mais il a du mal, par contre il ne fait pas froid et chez vous quel temps fait il ?
hier soir grandes difficultés pour coucher Poupette chat, elle ne voulait pas... grrrrrr je l'ai enfin attrapée et au pieu la donzelle...
puis grandes difficultés pour m'endormir.... nuit hachurée +++ et réveillée par ...... un matou que j'entends faire du bruit dans la chambre, il était 7h.. j'ai cru que c'était Ti Mouss, car j'ai entrevu "du tigré" et bien non ce n'était pas Ti Mouss mais Diamant le sacripan, comment est il sorti de la cuisine ??? j'en sais rien, surtout que la clenche est mise vers le haut à l'intérieur de la cuisine, pour qu'"ils ne puissent pas ouvrir la porte... sans doute l'ai je mal fermée hier vers 1h quand j'ai enfin pu choper la Poupette..
j'ai donc fermé ma porte de chambre et miracle personne n'est venue pleurer derrière ma porte de chambre, j'ai pu redormir un peu.... mais quelle nuit, déjà que je dors pas beaucoup alors là c'est record battu...
qu'avez vous de prévu pour la journée ??
bonne journée
bisous
* gigi *
Messages : 555 Points : 571 Date d'inscription : 04/01/2019
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Jeu 28 Mar - 0:09
a tous
courage a ceux qui en on besoin
petrus
Messages : 1653 Points : 1633 Date d'inscription : 20/05/2014 Age : 79 Localisation : Tarn & Garonne
Sujet: bonjour et bon jeudi !! Jeu 28 Mar - 5:41
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Jeu 28 Mar - 6:09
L'éphéméride du jour...
Aujourd'hui, nous fêtons les Gontran. Demain, nous fêterons les Gwladys.
Le 28 mars est le 87e jour de l'année du calendrier grégorien, le 88e en cas d'année bissextile. Il reste 278 jours avant la fin de l'année. C'était généralement le 8e jour du mois de germinal dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour de la jonquille.
à Marseille : le soleil se lève à 6h 28 le soleil se couche à 18h 59 durée d'ensoleillement : 12h 31 (+3mn)
Citation du jour : « Un homme instruit a toujours en lui ses richesses. » Phèdre
Dicton du jour : « S'il gèle à la Saint-Gontran, le blé ne deviendra pas grand. »
Proverbe du jour : « Quand le chariot est brisé, beaucoup de gens vous diront par où il ne fallait pas passer. »
Événement du jour : 1979 : Le plus grave incident à survenir à une installation nucléaire pacifique touche la centrale de Three Miles Island, près de Harrisburg, en Pennsylvanie. Alors que le système de refroidissement de l'ensemble de l'installation mise en service 3 mois auparavant tombe en panne, un surveillant interrompt par erreur le système de refroidissement de secours. La température du cœur du réacteur nucléaire s'élève alors considérablement, et les barrières d'uranium se brisent. De la vapeur d'eau radioactive s'accumulant, le danger d'une explosion se fait menaçant.
L'historiette du jour : Ironie du mal de Fred Deuhm Hélène attendait l'heure de son rendez-vous. Depuis une semaine. Elle le vivait, le peaufinait, s'en repassait les moindres détails, en examinait toutes les variantes possibles, de la plus odieuse à la plus optimiste, selon son humeur. « Madame Dubois, je ne vous cacherai pas que les résultats de la biopsie ne sont pas folichons. » « Madame Dubois, réjouissons-nous, le laboratoire a commis une malencontreuse erreur en intervertissant l'éprouvette contenant vos tissus cellulaires avec celle de... »
Lire la suite:
« Madame Dubois, je ne vous cacherai pas que les résultats de la biopsie sont pour le moins alarmants. » « Madame Dubois, cette vilaine petite chose qui nous a causé tant de frayeur n'est qu'une inoffensive verrue que nous allons terrasser en trois jours. » « Soyez courageuse, Madame Dubois, il ne vous reste sans doute que 3 mois à vivre, peut-être 4... Allez, je peux vous faire un prix sur 5, mais je n’irai pas au-delà. » « Madame Dubois, je peux vous avoir une ristourne sur un très beau cercueil en chêne massif incrusté de pierreries qu'un de mes patients avait commandé sur mes conseils et dont il n'a finalement pas eu l'usage. »
Elle se repaissait de ces répliques imaginaires tout en gardant clairement à l'esprit leur caractère très improbable, le Docteur Carnello n'étant point homme si abrupt. Elles constituaient pour elle une manière d'exorcisme, une façon de maintenir la réalité à distance tout en apprivoisant le monstre qu'elle recelait. En fonction de la sentence choisie, elle se livrait ensuite à la vision intérieure de toutes sortes de mises en scène. Reposant sur un grand lit à barreaux dorés dans des draps de soie blanche, soutenue par la morphine, ayant rassemblé autour d'elle son mari, ses enfants, ses parents, quelques amis, tous terriblement émus, elle était l'héroïne d'une scène d'adieux d’une intensité dramatique considérable au cours de laquelle, à bout de vie mais terriblement digne, elle leur livrait un ultime message d'amour et d'espoir. Suivaient les obsèques, qu'elle avait souhaitées laïques, que sa famille avait exigées intimes, mais auxquelles assistaient néanmoins, malgré des conditions climatiques désastreuses, plus de trois cents personnes, recueillies dans le crématorium en un silencieux hommage. Seuls les sanglots de ses proches venaient rythmer le silence de leurs déchirantes saccades, juste avant que ne retentissent les premières notes du chœur final de la 9ème. Elle hésitait entre la 9ème, posture classique mais peut-être un peu grandiloquente, et Avec le Temps, qui saurait à coup sûr porter l’émotion à son paroxysme mais serait sans doute peu appréciée de sa belle-famille qui votait à droite.
L'évocation de ces scènes funèbres lui tirait des larmes d'une rage mêlée d'apitoiement qui lui donnait alors le ressort d'en imaginer de plus optimistes.
Hagarde, elle sortait en titubant du cabinet médical où elle pouvait être allée jusqu'à gifler le Docteur Carnello qui lui avait causé ces frayeurs indues. À l’aide de deux ou trois cognacs avalés au comptoir du premier bar venu, elle commençait à recouvrer le sens du réel, à sortir de l'état de choc où l'avait plongé ce diagnostic tant espéré. Elle allait vivre. VIVRE. Pendant des années encore, des dizaines d'années sans doute. Les années tourbillonnaient par milliers en une folle sarabande dans son cœur ivre d’espoir. Les effets de l'alcool conjugués au vertige que lui causait la perspective de sa propre éternité, avaient sur son comportement de singulières vertus libératrices. Les possibilités étaient alors infinies, pouvant aller du don d’un billet de 100€ au petit couple de Kosovars de la rue des Rosiers, à une main flattant le petit cul pointu de son prof de tennis. Aucune audace ne lui paraissait pouvoir absorber les effets de son soulagement.
Mais ce rendez-vous était là maintenant, imminent, à portée de désespoir. Elle vivait ce dernier instant d’incertitude d'une façon étrangement détachée. Sentiment où fatalisme et sérénité la portaient comme en apesanteur au dessus du spectacle pathétique de son angoisse. Cet état prit fin au moment précis où son nom retentit dans les haut-parleurs qui équipaient la salle d’attente du très moderne Docteur Carnello. Le fait que celui-ci, généralement en retard de deux heures sur son planning, la fit entrer dans son cabinet à l'heure précise de son rendez-vous constitua pour Hélène une première alarme. La seconde lui vrilla les tripes lorsqu’elle vit le médecin, optimisant habituellement chaque interstice de son agenda par quelques putts très étudiés sur le green artificiel qui équipait sa salle de consultation, simplement assis derrière son bureau. Puis vint l’estocade lorsque, triturant d'une main nerveuse ce qui semblait être le rapport du laboratoire d'analyses, le Docteur Carnello finit par lever sur Hélène un regard fuyant, non dénué d'une certaine gravité où elle lut aussi de la compassion. Un regard terrible qui la transperça de part en part et l’arracha d’un bond au siège des condamnés. Dans l’incapacité totale d’entendre ce qu’elle savait déjà, bredouillant un incompréhensible prétexte, elle quitta les lieux en courant, propulsée par la panique. Il y avait beaucoup de circulation dans la rue ce jour-là.
Resté physiquement seul – il l’était dans sa tête depuis bientôt une semaine – intensément concentré sur le spectacle de son univers intérieur, le Docteur Carnello émergea de ses abîmes au son d’abord lointain puis terriblement proche d’une sirène. Il n’eut même pas la tentation du voyeurisme, tout juste murmura-t-il, au public intime de ses démons ricanants, un triste « j’arrive ».
Ainsi, même Madame Dubois, l’indécrottable Madame Dubois, l’insupportable Madame Dubois, exclusivement centrée sur elle-même, une des ses patientes les plus assidues, qui mourait d’un cancer tous les 6 mois depuis 12 ans, qu’il n’avait pas eu le cœur de décommander, sachant les ravages que ce contretemps aurait provoqués, même Madame Dubois... Même Madame Dubois l’avait perçue cette maladie déjà à l’ouvrage dans son corps d’homme bien vulnérable sous la blouse du médecin. Son départ précipité venait confirmer ce dont il était quasiment sûr : les effets du processus de désagrégation de ses cellules étaient déjà si perceptibles qu’ils agissaient comme un puissant répulsif. Peut-être même commençait-il déjà à dégager l’odeur âcre et ultime de la mort...
L’ambulance du SAMU étant repartie, le Docteur Carnello put jouir à nouveau du calme nécessaire à la mise en œuvre de son projet. Il abaissa les stores, mit son téléphone sur répondeur, arrangea un peu le désordre de son bureau, se défit de sa blouse blanche pour enfiler sa veste de ville en tweed marron et s’empara du revolver qu’il tenait caché dans son coffre-fort. Il s’allongea sur sa table de consultation. La voix intérieure se fit immédiatement entendre. « Monsieur Carnello, je ne vous cacherai pas que les résultats de la biopsie sont sans appel ». Il la fit taire définitivement.
Dans le cabinet médical où peinaient à s’infiltrer les dernières lueurs de ce jour d’été finissant, un filet rouge s’était doucement écoulé de la table de consultation pour former une petite flaque sombre et laquée sur le parquet en bois brut. Rouge également, le voyant du répondeur clignotait pour signaler le message du Professeur Mizanov : « Monsieur Carnello, cette vilaine petite chose qui nous a causé tant de frayeur n'est qu'une inoffensive verrue que nous allons terrasser en trois jours ».
Bonne journée à toutes et tous
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Jeu 28 Mar - 7:14
Bonne journée a toutes et tous aujourd’hui jeudi , Gros bisous le weekend approche
Opaline Membres
Messages : 1232 Points : 1234 Date d'inscription : 28/05/2014 Age : 78 Localisation : Bouches-du-Rhône
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Jeu 28 Mar - 7:32
Bonjour tout le monde
brijou1 Membres
Messages : 504 Points : 532 Date d'inscription : 26/05/2014 Age : 65 Localisation : sud
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Jeu 28 Mar - 8:28
bonjour tout le monde je suis préte je pars au travail bonne journée!!
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Jeu 28 Mar - 9:17
bonjour a tous et agréable journée a tous bisous
provence Admin
Messages : 5488 Points : 5599 Date d'inscription : 19/05/2014 Age : 83 Localisation : le bar sur loup 06620 region paca
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Jeu 28 Mar - 15:45
bonjour sous un chaud soleil et ciel bleu j'ai bien commencer ce matin vers 10h mais j'ai du répondre a beaucoup sur mon petit film,du coup je suis trés en retard... je dois vous annoncer que depuis lundi je n'ai plus "la phobie "du dentiste un vrai miracle !!! et oui je suis allée consulter la dentiste de Ma belle fille Isabelle , Stéphanie est tellement douce que d'un seul coups j'ai eu comme un éclair, elle m'a fait une radio et a bien vu qu'il fallait arracher la molaire du fond en bas couronnée depuis des lustres !!! la dent dessous est toute trouée et c'est pour ça que le dentiste a Nyons l'avait couronnée pour tenir le dentier (que je n'ai jamais pu supporter mdr 5000€ la première fois et 850€ la seconde...mais le dentiste a dit qu'elle allait limer celui du haut qui est trop profond et c'est pour ça qu'il me géne et elle va remettre une dent a l'appareil du bas et il me reste 6 dents (marons) elle va les recouvrir en blanc,et là je vais pouvoir manger ,enfin jespère !!! il faut dire que des que je suis arriver au parking , autour ,de beaux arbustes fleuris un beau mimosa ect ,et, devant la maison des cactus superbes ,en entrant une belle piéce avec la secrétaire tout en blanc et un beau canapé en velours beige et en face une télé qui montre tout ce qu'on peux faire ici,bref on ne se croirait pas chez un dentiste et en plus aucune odeur mdr..je lui ai dit pas de roulette svp et elle m'a répondu il n'y en a plus lol,elle va me mettre un gel avant la piqure pour ne pas sentit l'aiguille et ensuite elle poura tavailler dans du "bois "mdr enfin je vais la voir le 23/05 a 16h je n'ai plus tellement peur mais une toute petite aprehension ce qui est logique je croi
Admiration
" Ce qui étonne, étonne une fois, mais ce qui est admirable est de plus en plus admiré. " J. Joubert
" L'admiration est la fille de l'ignorance. " Chevalier de méré
" Nous aimons toujours ceux qui nous admirent, et nous n'aimons pas toujours ceux que nous admirons. " La Rochefoucauld
" La jeunesse a cela de beau qu'elle peut admirer sans comprendre. " Anatole France
" Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire. " Nicolas Boileau
Absence et présence
" L'absence diminue les médiocres passions et augmente les grandes, comme le vent éteint les bougies et allume le feu. " La Rochefoucauld
" Si tu veux être apprécié, meurs ou voyage. " Proverbe Persan
" Les absents sont assassinés à coups de langue. " Scarron
" Quand le soleil s'éclipse, on en voit la grandeur. " Cf. Sénèque
" La présence est une puissante déesse. " Goethe
" L'absence est le plus grand des maux. " La Fontaine
" L'éloge des absents se fait sans flatterie. " Gresset
« Chaque année, quand revient le printemps et que la chaleur et la lumière augmentent, toutes les graines enfouies dans le sol commencent à germer et à croître. C’est le moment pour nous de penser à toutes les semences qui sont en nous : elles aussi sont prêtes à germer et à croître sous la lumière et la chaleur du soleil, le soleil spirituel dont l’astre que nous voyons se lever chaque matin à l’horizon n’est qu’un lointain reflet. En apprenant à nous concentrer sur lui, nous nous lions au soleil spirituel qui vivifiera les germes déposés en nous par le Créateur. Chaque matin, en nous présentant consciemment devant le soleil, nous devenons les cultivateurs de notre propre terre. Les petites pousses, les qualités et les vertus de notre Père céleste, ont besoin d’être arrosées. Le soleil envoie sa lumière et sa chaleur, mais il ne peut pas arroser les plantes. C’est nous qui devons les arroser avec une eau qui est en nous : notre amour et notre reconnaissance. Chaque progrès que nous faisons dans ce travail s’inscrit en nous et nous en ressentirons les bienfaits durant toute notre vie, et même au-delà, dans nos existences à venir. »
Omraam Mikhaël Aïvanhov
* gigi *
Messages : 555 Points : 571 Date d'inscription : 04/01/2019
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Ven 29 Mar - 0:01
courage a ceux qui en on besoin
pas bien pour moi et pas moral
petrus
Messages : 1653 Points : 1633 Date d'inscription : 20/05/2014 Age : 79 Localisation : Tarn & Garonne
Sujet: bonjour et bon vendredi !! Ven 29 Mar - 6:26
Opaline Membres
Messages : 1232 Points : 1234 Date d'inscription : 28/05/2014 Age : 78 Localisation : Bouches-du-Rhône
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Ven 29 Mar - 7:47
Bonjour les amis,
Un petit tour à Venise
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Ven 29 Mar - 7:54
L'éphéméride du jour...
Aujourd'hui, nous fêtons les Gwladys. Demain, nous fêterons les Amédée de Savoie.
Le 29 mars est le 88e jour de l'année du calendrier grégorien, le 89e en cas d'année bissextile. Il reste 277 jours avant la fin de l'année. C'était généralement le 9e jour du mois de germinal dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour de l'aulne.
à Marseille : le soleil se lève à 6h 26 le soleil se couche à 19h 00 durée d'ensoleillement : 12h 34 (+3mn)
Citation du jour : « Avoir le sens critique, c'est porter le plus vif intérêt à un ouvrage qui, justement, vous paraît en manquer. Avoir le sens critique, c'est déclarer en trois lignes qu'une pièce ou qu'un livre est une œuvre admirable - mais c'est avoir besoin d'une colonne entière de journal pour expliquer qu'une chose est mauvaise. » Sacha Guitry
Dicton du jour : « De mars la verdure, mauvaise augure. »
Proverbe du jour : « Qui jeune est fou, vieil en a les frissons. »
Événement du jour : 1989 : Bernard Blier meurt à l'âge de 73 ans, à Saint-Cloud dans la banlieue de Paris, à la suite d'une longue maladie. Le comédien français avait fait ses débuts à l'écran en 1937, et il avait tourné dans quelque 150 films, dont Hôtel du nord de Marcel Carné en 1938, et Quai des orfèvres de Henri-Georges Clouzot en 1947. Le 4 mars précédent, Bernard Blier avait reçu un César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.
L'historiette du jour : L'épopée d'Aristide de Epicurien78 Aristide s’était assis, le dos contre un grand chêne de la forêt de Fontainebleau, pour souffler un peu. Il ne faisait pas chaud en ce mois de janvier 1870, et la fatigue accumulée au cours des deux dernières semaines ne favorisait pas sa résistance contre le froid. Il sortit de sa besace le pain et le fromage que lui avait donné la fermière lors de sa dernière halte, et se tailla un bon morceau pour se restaurer. Il était proche de Barbizon. Si les intempéries ne se montraient pas trop méchantes, il serait à Paris dans seulement deux jours. Là, il pourrait se reposer chez un oncle et une tante vivant dans la capitale de son périple à pied de plus de quatre cents kilomètres. Son incroyable voyage touchait enfin à son terme, sans qu’il sût si son entreprise serait couronnée de succès. Son destin n’était pas entièrement entre ses mains. Mais il ne voulait rien regretter, se dire qu’il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour réussir.
Lire la suite:
***
Quelle déception ! À quoi servait-il de se démener, de travailler sans relâche à ses études sur le temps qui lui restait après avoir aidé son père, veuf bientôt, à certains travaux de la ferme et à la conduite de la fratrie ? Bien sûr, Léonine était là pour tenir le logis propre, faire la cuisine et s’occuper de la basse-cour, mais la simplette ne pouvait guère superviser les devoirs de ses jeunes sœurs. C’est à lui, l’aîné, que revenait cette responsabilité depuis que sa mère était morte alors qu’il avait seulement neuf ans. Tous ses efforts, toutes ses heures de labeur difficile, son engagement sans limite pour réussir se heurteraient donc au calcul et à la mauvaise combine d’un fonctionnaire de préfecture ? Quand le soir il étirait ses muscles raidis par les trente kilomètres qu’il effectuait quotidiennement pour les soulager, et massait ses pieds endoloris, il mesurait dans sa chair toute l’injustice qui le frappait. Heureusement, il y avait déjà quelque temps que les ampoules du début avaient cicatrisé sous l’effet de l’onguent prodigué par cet aimable pharmacien de Beaune. Touché par l’histoire du jeune homme, il l’avait hébergé deux jours lors d’une de ses haltes au cours de la première semaine de son périple. Les ampoules avaient laissé la place à une peau plus épaisse, une sorte de petite corne qui ne lui occasionnait plus de douleur et constituait une protection contre le frottement du cuir de la chaussure.
La proximité du but lui redonnait de la vigueur. Atteindre Paris. Pouvoir, chez son oncle, retrouver un aspect plus civilisé que le personnage un brin hirsute qu’il était devenu au cours de ce long voyage, par les routes et les chemins creux, à travers la moitié de la France. Faire grande toilette et grande lessive. Se présenter au Ministère de l’Instruction Publique, en espérant bien obtenir audience du ministre. Et enfin, le convaincre. Oui, il était tout près du but, mais si loin de la certitude de sa réussite.
Cette aventure avait commencé avec l’année nouvelle. Il avait quitté le domicile familial au petit matin du 2 janvier 1870 sans en parler à ses deux jeunes sœurs, car les petites se seraient angoissées, auraient posé beaucoup de questions. Elles n’auraient jamais su tenir leur langue. Il n’avait pas prévenu son père non plus. Ce dernier aurait tenté de le dissuader de se lancer dans une telle entreprise. Peut-être même que, ne pouvant lutter contre la volonté farouche de son aîné, il se serait endetté pour financer le voyage, car les affaires de l’exploitation ne marchaient pas très fort. Aristide ne le voulait pas. Il ne voulait pas peser sur l’équilibre financier déjà bien précaire du foyer. Alors, il partit au milieu de la nuit, n'emportant que 25 francs pour tout pécule et laissant un mot pour s’excuser auprès de son père de cet emprunt, de son absence, et du tracas qu’inévitablement cela lui procurerait. Il partait le cœur un peu gros, mais bien décidé à aller jusqu’au bout.
Ce trajet à pied du Jura à Paris constituait presque un parcours initiatique, une épreuve comme il en existe dans les rites de plusieurs tribus pour marquer le passage à l’âge adulte des jeunes garçons. Il allait bientôt avoir seize ans. N’était-il pas temps pour lui d’accomplir le rite et de montrer sa détermination ?
Si le voyage avait débuté avec le nouvel an, tout avait démarré plusieurs semaines auparavant. Ce n’était pas une sinécure que d’être l’aîné de cette famille jurassienne dont le père, vigneron à Lons-le-Saunier, était un peu poète et philosophe. Cet autodidacte cultivé, ouvert aux autres et aux cultures différentes, avait ramené une bonne connaissance de l’arabe de ses années passées en Algérie où il avait pensé s’établir comme colon. Mais ses compétences linguistiques ne lui étaient pas d’un grand secours pour faire pousser la vigne ou produire du vin jaune ! Cet érudit des champs aimait surtout lire les auteurs anciens, grecs et latins. Plus rêveur qu’homme d’affaires avisé, ses vignes ne lui donnaient qu'un maigre revenu et il dut avoir recours aux bourses pour faire éduquer ses enfants.
C’est ainsi qu’Aristide, bon élève, avait été reçu premier au concours des bourses pour le département du Jura en 1869. Il s'attendait donc à recevoir cette aide de l’Etat, mais aucune notification n'arrivait de la Préfecture car le fonctionnaire responsable avait gardé cette bourse complète, la seule pour le département, pour son propre fils pourtant moins bien classé. Que faire ? Tout laisser tomber, enterrer ses espoirs d’études et rejoindre son père aux champs, alors même que ce dernier, ses professeurs de collège et même ceux de sa première année de lycée croyaient en lui et lui prédisaient un bel avenir... pour peu qu’il pût poursuivre ses études. Non, il ne baisserait pas les bras. Il ne s’avouerait pas vaincu par une basse manœuvre. Si c’était ainsi, eh bien il irait trouver le ministre de l’Instruction Publique, l’Empereur si nécessaire. Ils étaient à Paris et lui à Lons ? Et alors ! Il n’était pas fainéant. Il était volontaire, travailleur, décidé... Surtout, il était décidé.
Il imagina son voyage, les étapes, planifia les villes et les villages dans lesquels il ferait escale. Il connaissait parfaitement sa géographie, les préfectures et les chefs-lieux de canton. Il comptait marcher une trentaine de kilomètres par jour. Il en aurait pour deux grosses semaines, trois au plus si les intempéries ne venaient pas trop perturber sa progression. Et il était comme ces gens qu’il rencontrerait, un gars de la terre, un fils de paysan. Il savait qu’il pourrait compter sur la solidarité campagnarde pour trouver gîte et couvert le soir, parfois faire un bout de trajet sur le plateau d’une charrette, ce qui le reposerait un peu.
Lorsqu’il quitta la ferme à 4h ce matin du 2 janvier, le froid piquait fort. Du givre recouvrait la campagne. Il embrassa une dernière fois du regard les bâtiments de la ferme, grava dans son esprit ce paysage familier où il avait vu le jour. Il savait qu’il y aurait des moments difficiles durant sa longue route, et le souvenir de cet endroit où la vie quotidienne était un peu rude mais aussi remplie de joies lui serait bien utile dans les moments d’abattement. Il releva le col de son paletot, mit son baluchon en bandoulière et prit son bâton de marche. Puis, sans se retourner, il frappa de la semelle le premier pas de son périple et rejoignit le chemin qui le ramènerait vers la grand-route.
Il en aura vu du pays, Aristide ! Il en aura fait des rencontres. Il aura vu les paysans simples et rudes dans les campagnes, les bourgeois un peu méfiants dans les villes, les notables de villages tantôt curieux et bienveillants, tantôt suspicieux ou condescendants, les boulangères affables, les filles de fermes accortes. On peut dire qu’il aura fait un joli recensement de la vie rurale, des coutumes et des pratiques de cette fin du XIXème siècle. Ce parcours aura fait mûrir le garçonnet, affirmé ses convictions et sa volonté farouche de réussir, lui donnant déjà de nombreuses idées des choses qu’il faudrait améliorer pour rendre la vie dans les campagnes plus facile. Mais dans l’instant, il ne pensait qu’à une chose : rejoindre la capitale et plaider sa cause pour faire corriger l’injustice qui le frappait.
Après avoir rangé ses victuailles et bu trois gorgées à sa gourde, il remit son baluchon sur son dos et reprit sa marche en direction de Villiers-en-Bière. Dans deux jours, il serait enfin à Paris.
***
Aristide se présenta au Ministère de l'Instruction Publique le surlendemain de son arrivée dans la capitale pour demander audience. Le ministre, après avoir pris des renseignements à la préfecture du Jura, le reçut quelques jours plus tard et lui attribua, au nom de l'Empereur Napoléon III, une bourse pour pension complète au Lycée de Lons-le-Saunier.
Bonne journée à toutes et tous
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Sujet: Re: bonjour ensoleillé Ven 29 Mar - 8:05
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Ven 29 Mar - 9:09
bonjour et bon vendredi a tous moi je vais profiter qu'il fait beau pour sortir sa va me faire du bien bisous
provence Admin
Messages : 5488 Points : 5599 Date d'inscription : 19/05/2014 Age : 83 Localisation : le bar sur loup 06620 region paca
Sujet: bonjour ciel bleu et soleil Ven 29 Mar - 12:15
bonjour ce matin chaud soleil je reste un peu dans le jardin regarder les fleurs et respirer leurs odeurs malgré mes allergies lol le jardin prends tournure ,déjà bien fleuri pour mon plaisir et ma joie,moi j'ai d'un coup un fort mal de tête ,l'oeil gauche encore fait mal
Extraits du livre « Agir et penser comme un chat »
De Stéphane Garnier
Le chat aime le calme.
« Foutez-moi la paix ! Du silence ! Du calme ! De l’air ! »Voilà ce qu’on rêve tous de dire par moments.
Nous sommes pris à longueur de temps dans le tourbillon du bruit, des Klaxons, du stress, des portes du métro qui se referment, des sonneries de téléphone, des alertes de planning, des rendez-vous, des e-mails... mouvement incessant, bruyant qui use les nerfs.
Le calme ressource le chat, il l’aime, le chérit, le recherche. Le calme extérieur nourrit son calme intérieur. Pourquoi ne pas essayer de prendre quelques instants chaque jour pour vous baigner dans le calme absolu, dans le silence. N’écouter que vous, votre voix intérieure, votre cœur qui bat...
Agrandir ainsi votre paix intérieure, la cultiver et l’entretenir chaque jour pour retrouver votre calme extérieur... Vivre mieux, simplement.
Faites comme le chat, dès que l’occasion se présente, recherchez un peu de calme. Et si l’environnement ne s’y prête pas, faites comme lui également : partez vous isoler sans rien dire, dans un endroit que vous seul connaissez ! Et ne revenez qu’une fois votre besoin de calme assouvi, votre réserve d’énergie reconstituée.
On peut supporter tout le bruit du monde tant qu’il ne nous est pas imposé par la contrainte, tant qu’il ne vient pas empiéter sur notre calme intérieur pour alimenter un stress inutile
Créer vos conditions de calme régulièrement, c’est créer les conditions de votre bien-être,
et la meilleure solution pour éviter les ulcères.
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Sujet: Re: bonjour ensoleillé Sam 30 Mar - 5:12
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Sam 30 Mar - 6:52
L'éphéméride du jour...
Aujourd'hui, nous fêtons les Amédée de Savoie. Demain, nous fêterons les Benjamin ainsi que les Amos, Babine, Balbine et Benjamine.
Le 30 mars est le 89e jour de l'année du calendrier grégorien, le 90e en cas d'année bissextile. Il reste 276 jours avant la fin de l'année. C'était généralement le 10e jour du mois de germinal dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour du greffoir. à Marseille : le soleil se lève à 6h 24 le soleil se couche à 19h 02 durée d'ensoleillement : 12h37 (+3mn
Citation du jour : « Pardonne beaucoup aux autres ; à toi, rien. » Ausone
Dicton du jour : « Souvent la Saint-Amédée est de mars la plus belle journée. »
Proverbe du jour : « Si traîtresse que soit la mer, plus traîtresses sont les femmes. »
Événement du jour : 1981 :Le président Ronald Reagan est victime d'un attentat, alors que 6 balles sont tirées à bout portant dans sa direction par un jeune homme de 22 ans du nom de John Warnock Hinckley, originaire du Colorado. Atteint au thorax par un seul des projectiles, le président pourra reprendre peu à peu ses activités normales quelques jours plus tard.
L'historiette du jour : Dernier jour à la source de Haïtam Perché sur un large piton rocheux, le regard de l’homme se perdait sur l’horizon tout en essayant de se concentrer sur l’invraisemblable nuit qu’il venait de passer. À l’est et au sud, se distinguaient les contreforts nord du djebel Saghro, silhouettes bleuâtres émergeant dans les brumes matinales du printemps. Sur sa droite, il pouvait apercevoir la vallée qui s’étalait au loin à ses pieds.
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Ses yeux reflétaient encore la magnificence du tableau coloré et lumineux offert par le soleil au lever du jour. Ses rayons commençaient à se refléter sur les flancs ocre de l’Atlas, faisant agréablement ressortir la multitude de tons verts dont la palmeraie égayait le sinueux canyon où l’oued, s’écoulant péniblement des montagnes, avait creusé son lit au fil des siècles.
De-ci de-là, mais il savait où les situer, il devinait la présence des ruines de quelques uns des anciens ksour bâtis en pisé. Dominant la rivière et les parcelles de culture, ces vieux villages fortifiés aux ruelles étroites et ombrées étaient faits de la même terre ocre de la montagne sur les flancs de laquelle ils avaient été construits en des temps très lointains, et ils se confondaient parfois avec.
Les braiments intempestifs d’ânes et de mulets le tirèrent de sa torpeur. En contrebas, il vit les dernières femmes nomades s’éloigner en file indienne sur l’étroit sentier rocailleux avec leurs animaux de bât chargés des bidons d’eau remplis à une petite source. Les hommes, et certains des adolescents, étaient partis peu avant avec les troupeaux abreuvés, de paisibles moutons et d’agiles petites chèvres noires au poil long et frisé, certaines se distinguant, étaient tâchées d’un peu de blanc.
Leur campement qui incorporait une vaste grotte surplombant un oued temporaire qui pouvait se transformer en torrent sauvage durant les violents orages de fin d’été et d’automne ou plus rarement en hiver, se dissimulait à flanc de montagne à moins d’une heure de marche.
Lui, était arrivé la veille à cette source qui malgré son faible débit était depuis des temps reculés un lieu incontournable des bergers nomades qui sillonnaient cette partie de l’Atlas. Ils la fréquentaient pour s’y abreuver avec leurs bêtes avant de partir pour la journée dans les hauteurs avec les troupeaux. Les femmes, elles, y venaient en convoi pour les corvées d’eau et de lessive.
S’il ne parlait pas couramment le berbère – sa syntaxe est particulièrement ardue à assimiler et que dire des conjugaisons –, il en connaissait suffisamment pour s’entretenir parfois avec les hommes qui, au fil des ans, prirent l’habitude de le voir fréquenter régulièrement les lieux. Ils l’invitaient parfois à partager le thé et le pain gras. Ils lui demandaient des nouvelles de la ville car ils y descendaient rarement. De temps en temps, il sortait de son sac des figues séchées ou des dattes qu’il offrait aux enfants, jamais de bonbons. Lorsque l’ancien, Omar, n’était pas là, avec quelques uns des plus jeunes des hommes dont il avait appris qu’ils aimaient bien s’enivrer un peu lorsqu’ils allaient à la ville le jour du grand souk hebdomadaire, il sortait son sibsi et partageait son kif ; plus rarement, car contrairement aux grandes villes ou au nord du pays, il n’était pas si courant de fumer le kif chez les berbères nomades du sud et encore moins du hachich, il roulait un joint. Au bout d’un moment, leurs éclats de rire et leurs plaisanteries faisaient pouffer les filles lessivant un peu plus loin. Nul doute pour elles qu’elles en étaient le sujet, les voix de la séduction sont impénétrables.
Bien sûr, avec les femmes cela eût été inconvenant qu’il discutât ainsi, même si certaines de celles-ci, dans les plus jeunes, lui lançaient parfois des œillades significatives ou bien riaient sous voile entre elles entre deux regards furtifs. Salam aleïkoum, waleïkum salam, étaient les seuls échanges de politesse qu’il s’autorisait avec elles. Et aujourd’hui encore plus qu’hier.
Abritant la source de son ombre, un bosquet de palmiers s’élevait là. Soit, ces dattiers étaient loin d’être aussi hauts que leurs congénères de la palmeraie, mais ils avaient poussé là, Dieu, seul sait comment, tellement les lieux étaient arides et désertiques sur ces versants sud de l’Atlas proche du Sahara. Les suintements de la source à travers la roche avaient favorisé l’émergence d’un fin tapis de verdure qui se déployait un peu en contrebas à flanc de la montagne sur quelques dizaines de mètres et ce, à la grande joie des bêtes qui y broutaient tranquillement à l’occasion de leur halte matinale. Par-ci par-là se voyaient aussi quelques touffes d’ajoncs et de maigres arbustes souvent vite effeuillés par l’appétit des chèvres qui n’avaient pas trop à faire pour en brouter sans attendre les petites feuilles qui poussaient dès le printemps arrivé. Certains des monts tout autour étaient déchiquetés, d’autres offraient de rugueux plateaux ; sur leurs flancs caillouteux quelques touffes de plantes survivaient péniblement, ici, il pouvait se passer plusieurs mois sans pluie. Accrochés au flanc de la montagne, de gros rochers trônaient, offrant des formes étranges ciselées par le temps et les intempéries. Bien plus bas, se trouvait le lit d’un oued temporaire composé d’une multitude de roches hétéroclites. À des endroits la terre en bordure était rouge, parfois saillaient des nervures de roches colorées en jaune, ou bleu. Les vents, l’aridité et le temps, y avaient sculpté un paysage austère et beau dans lequel le poids du silence pouvait être aussi impressionnant que propice à la méditation.
Seuls des rapaces survolaient cette tâche verte dissimulée dans l’écrin ocre de l’adrar. On y trouvait aussi de bondissantes sauterelles trouant l’épais silence de leurs stridulations insistantes, des insectes ainsi que quelques serpents et scorpions ; quoiqu’il n'eût jamais vu de scorpions à cet endroit précis, il supposait qu’il s’en trouvait.
La veille, après s’être repu du spectacle et abreuvé, sûr que l’endroit était désert à cette heure, il restait encore environ deux heures de jour, il avait emprunté un étroit sentier escarpé qu’il savait mener à une minuscule grotte, plutôt une anfractuosité, suffisamment grande pour l’abriter durant la nuit. De plus, le sentier qui faisait un coude avant d’arriver sur la plateforme rocheuse sur laquelle s’ouvrait la grotte, celle-ci était orientée vers l’ouest, rendait invisible depuis la source, le maigre feu qu’il avait confectionné avant la tombée de la nuit avec du bois mort ramassé en chemin sur des arbustes desséchés. Non qu’il eût peur, non, la mort, il l’appelait de tous ses vœux ; il avait prié pour, souvent, et il l’attendait comme une délivrance, la fin d’angoisses fulgurantes et d’échecs successifs. Dieu ne l’ayant visiblement pas entendu, il avait l’intention de passer outre et voulait employer cette dernière nuit à méditer dans la solitude minérale et silencieuse de l’adrar après un soleil couchant prometteur de belles lumières avant une nuit qui promettait d’être étoilée. Un nuit sans nuage, claire comme il les aimait, et ici, sans pollution lumineuse, les étoiles, on avait l’impression de pouvoir les attraper tellement elles semblaient proches. La lune, presque pleine, devrait agréablement compléter cet ultime tableau.
La fin d’après-midi avait été sublime. Le vent léger, qui soufflait du sud, lui délivra l’appel à la prière en un doux murmure lointain. Il fit ses ablutions et comme dans l’état actuel des choses il ne trouvait plus nécessaire de prier, il se plongea dans une longue contemplation méditative. Il aimait ce bref moment qui ne durait guère qu’une quinzaine de minutes avant le coucher et après le lever du soleil. Celui où ses rayons, presque horizontaux, safranent la montagne de belles teintes ocrées. Comme toujours, il trouva cet instant magique et malgré l’habitude d’y assister, il ne s’en lassait jamais. Sa méditation le conduisit bien loin à l’intérieur de lui-même, lui rappelant sournoisement les mauvais choix qui avaient contribué à sa perte. Il comprit encore mieux sa nature à vivre en harmonie avec son environnement et lui-même et que, si souvent il s’était laisser guider par ses intuitions. Celles-ci, le conduisant vers des chemins tortueux, remplis de trop d’aléas et d’impasses n’avaient pas été toujours généreuses. Un labyrinthe qui l’avait égaré vers une fin inéluctable.
La nuit tombée, il confectionna rapidement un petit feu et de son sac sortit une théière ainsi qu’une boite dans laquelle il trouva du thé et du sucre, quelques fruits secs dont il ne savait pourquoi il ne les avait pas donnés plus tôt aux enfants de la source. Il y attrapa aussi le cahier dans lequel il consignait les poèmes qu’il écrivait, souvent en train de griffonner quelques vers, il s’en séparait rarement. Au fil du temps, il avait fait de la poésie un rempart contre l’adversité et un moyen de se rire parfois de lui-même. Alors que tous l’avaient quitté, paria exilé qui avait tout perdu, la poésie permettait qu’il restât lui-même et somme toute d’avoir du recul sur ses déboires, une façon comme une autre de rester la tête hors de l’eau. Mais, là, pour lui, cette nuit était la dernière, telle était la décision qui s’était imposée dans son esprit les dernières semaines et il avait pris les dispositions nécessaires à sa disparition. Oui, tout était en ordre. Il avait vendu sa maison et payé toutes ses vieilles dettes, envoyé le reste de ce qu’il restait sur les comptes en banque de ses enfants dont il avait gardé les numéros sur un papier qu’il avait ensuite brûlé. Quant à sa femme avec qui il avait tant partagé, l’âme en peine car il l’aimait plus que tout, il avait fait en sorte qu’elle parte de son propre chef, il n’avait pas voulu qu’elle partageât sa misère. Le mobilier étant parti depuis longtemps chez ses créanciers, il ne lui restait plus que son sac et outre quelques vêtements et une couverture, de quoi confectionner un frugal repas et du thé sur un feu de camp.
Il n’avait pas laissé de mot d’adieu. À quoi bon, et à qui l’aurait-il fait d’ailleurs ? Après tout, ne s’était-il toujours pas dit qu’il choisirait le lieu et le moment ? Et n’en pouvant plus de se traîner, de rebondir encore et encore, ce moment était arrivé. Il était au bon endroit.
En attendant que le thé se fasse, il se roula un gros joint, la seule façon efficace qu’il avait trouvé ses derniers mois pour calmer ses peurs et ses angoisses, puis il relut celui qu’il avait composé durant l’après-midi. Il résumait parfaitement la situation :
« Quand il marche, son dos se voûte, sur ses épaules, le poids du doute, tête baissée, sa débâcle il remâche.
Et dans la nuit, jamais apaisante, défile l’histoire de sa vie, pas toujours complaisante.
Au fil des insomnies, les questions abondent, d’une véritable litanie, son esprit elles inondent.
L’intrépidité de sa jeunesse lui a fait découvrir bien des horizons, il les a butinés avec délicatesse, papillon sur de belles floraisons.
Sur sa route, il a vécu bien des histoires et du ciel, connu bien des voûtes, jeune, libre et empli d’espoir.
Il se sent prisonnier, lui dont les rimes vagabondent, sereines dans les matins printaniers, parfois noires comme l’orage qui gronde.
À l’aube de sa vieillesse il sait que le temps est passé, celui de rebondir avec hardiesse, sur trop d’écueils il s’est fracassé.
Son avenir est sombre, une nuit sans lune, il aimerait en rire et défier le destin, encore et encore, conjurer l’infortune. Il est maudit des dieux, écarté du festin.
Son avenir est sombre, comme un puits sans fond, il voudrait s’y noyer, plonger dans le tréfonds. »
« Cela ferait une belle épitaphe, ici il n’y a pas de puits sans fond, mais la montagne est vaste », songea-t-il en pensant tout coup à la vague d’attentats qui avait secoué le pays ces derniers mois. Certes, les auteurs et les concepteurs avaient été mis hors d’état de nuire avec célérité, plusieurs cellules terroristes démantelées et une multitude d’arrestations effectuées, mais le mal était fait, les derniers touristes désertaient la région en masse et les annulations se firent de plus en plus nombreuses, précipitant un peu plus sa déconfiture. Certes, il avait peut-être encore de nombreuses années devant lui, mais à quoi bon insister sur son âge. Pour rebondir encore ? Et pour faire quoi ? Il avait vécu tant d’aventures, connu tant d’amours et apprécié tant de lieux et de paysages.
Les stridulations des sauterelles cessèrent, le silence devint total et les étoiles envahirent généreusement le ciel. La lune dans sa clarté, diffusait d’étranges ombres sur les crêtes et rendait l’atmosphère des lieux si particulière qu’il n’eût pas été incongru d’y voir surgir quelques djinns dans la nuit. C’est le moment qu’il choisit pour refaire une théière, mais cette fois-ci au thé et au sucre, pour le goût car il y rajouta une grosse dose de harmel, une plante qu’il avait réussi à se procurer au souk il y a quelques temps. Si le harmel était utilisé dans la pharmacopée traditionnelle, à très forte dose, elle devenait un violent poison qui provoquait un arrêt respiratoire précédé d’une paralysie du système nerveux pour lequel n’existait aucun antidote. Au lieu de la fumigation en usage, il avait préféré une bonne vieille décoction bien tassée. N’importe comment, il avait encore dans son sac une réserve de cette plante qui, couramment utilisée par les derniers chamans marocains, était aussi, à faible dose, reconnue pour de nombreuses propriétés, notamment comme antiseptique et cicatrisant et surtout en tant qu’abortif. Il se refit un joint et une fois la décoction refroidie, il la versa dans une bouteille qu’il but d’un trait en grimaçant et toussant tellement le goût en était amer. Rapidement, il ne sentit plus son corps, et encore moins les spasmes qui le gagnèrent. Son esprit éclatait en une multitude de particules s’envolant dans les cieux alors que son âme planait, nimbée de cercles multicolores qui l’entraînaient au cœur d’un univers fantasmagorique. Une musique étrange et lancinante en envahissait l’espace. Tout à coup, son rythme s’endiabla follement. Il était dans une sombre forêt et d’étranges yeux le scrutaient, moqueurs, à qui appartenait ce regard ? Il ne savait pas, il ne savait plus. Il en surgit brutalement des doigts griffus qui lui lacérèrent le visage. Le visage ? Quel visage ? — Qui n’a plus de fierté, n’a plus de visage ! claqua dans son esprit comme une porte qu’on ferme brutalement un jour de colère. Mais d’où sortait cette voix pleine de reproches ? — Qui es-tu pour changer le cours de ta destinée, ta destinée, ta destinée..., résonna comme un gong dans sa conscience égarée.
Aussi soudainement qu’elle était apparue, la sombre forêt fit place aux couleurs d’un océan agité de vagues bleues. Il aperçut une île saupoudrée de quelques nuages flânant dans son ciel. Assise sur un rocher, une étrange créature psalmodiait des paroles de départs et de retour en s’accompagnant d’un luth. Lorsqu’elle le regarda, il vit les mêmes yeux que dans la forêt. À qui appartenait ce regard ? — Reviens, reviens, chantait-il, reviens vers nous... Il connaissait cette voix. Il fut secoué dans tous les sens. — Hé ! Réveille-toi ! Réveille-toi ! Hé Sidi, reviens à nous ! Il toussa et cracha tout ce qu’il put, il haletait et son cœur cognait à tout rompre dans sa poitrine. — Là, calme-toi, bois un peu d’eau, doucement, calme-toi, là.
Malgré la gêne de sa vue, il reconnut un des jeunes bergers, Ali, sa voix était douce et compatissante. D’autres voix chuchotaient dans la nuit éclairée par le feu rallumé. Il avait du mal à mettre ses idées en place, son cerveau encore engourdi commençait à s’éveiller. Combien de temps ? Mais qu’est-ce que le temps, si ce n’est une vue de l’esprit ? Les jours et les nuits, la lune et les saisons, les cycles et les ères, n’est-ce pas ça le temps ? Quelle importance si ce n’est l’instant ? Pourquoi cette réflexion sur le temps ? Quel lui était-il arrivé ? Deux autres jeunes vinrent les rejoindre, Ali lui expliqua qu’un troisième était parti chercher le chef de la tribu et un autre avertir le chaman, il habitait une grotte à deux de marche et sera là au matin. De fait, c’était le jour du souk et, profitant de la clarté de la lune, ils avaient traîné en ville et en revenaient lorsqu’ils avaient aperçu la lueur diffuse de son feu au détour d’un sentier. Et comme ils le savaient dans les parages, ils avaient voulu le saluer. Tout simplement.
Et quand ils virent le reste du sachet de harmel éparpillé au sol, ils comprirent vite et tentèrent avec succès de le réveiller. Il était agité, le visage strié de griffures dont une descendait sur son œil droit mais personne ne posa de questions. La pudeur nomade. — Je n’y connais pas grand-chose, lui dit Ali gentiment en lui nettoyant le visage comme faire se peut, mais je crois que tu reviens de loin. Je connais cette plante, elle est très dangereuse, t’as eu la baraka, mon ami. — Son esprit commençait à rassembler quelques souvenirs. La baraka ? Tu appelles ça la baraka... lui répondit-il l'esprit embrouillé et las. La tête lui tournait, il se sentait cotonneux et pas fier de lui. Non d’avoir tenté ce qu’il avait tenté, non. De ne pas avoir réussi et de laisser une fois de plus une triste image de lui-même. — Oui, la baraka. Il faut qu’un djinn t’ait embrouillé la tête pour oser intervenir comme ça contre Celui qui a écrit ta vie. Ou alors complètement maboul. — Maboul ? Il y a longtemps que je suis maboul, mon jeune ami, rétorqua-t-il en essayant d’évaluer les griffures sur ses joues. — Eh ! Igma, mon frère ! Que t’arrive-t-il ? cria Omar, le chef du clan en arrivant. — Les jeunes m’ont expliqué. Faut-il que tu sois fou pour défier ainsi l’Éternel. Au moins, le chef était direct. — Raconte-moi si tu peux, lui demanda Omar, tu es presque des nôtres, tu sais, depuis les années que tu erres l’âme en peine parmi nous. Direct et perspicace, Omar.
Alors sous le ciel étoilé, il raconta son histoire. Une nuit de conciliabules. Cela prit du temps, le jour n’allait pas tarder, mais le temps... Toujours est-il qu’Omar, le voyant reprendre du poil de la bête, lui parla du chaman qui devait arriver sous peu. — Tu sais mon frère, le chaman, Izem, il vit avec sa famille dans une grotte au plus profond de la montagne. Il est un peu sauvage, plus que nous, mais cela va bien avec sa fonction, non ? Tu sais, il y a un tout petit lac de montagne juste à côté de chez lui. Ils se débrouillent. Un mulet, quelques poules, un petit troupeau de chèvres et de moutons, quelques poissons du lac. Reste plus que ses deux filles et sa femme Dihya avec lui, ses fils sont partis à la ville, ils ne voulaient plus s’occuper des bêtes, envie de la vie moderne qu’ils lui ont dit en s’en allant. Pourquoi tu n’irais pas te reposer là-bas quelques semaines, après tu verras bien, tu n’as pas peur de marcher à ton âge, lui lança-t-il en éclatant de rire, comme pour effacer la nuit. Car s’il n’approuvait pas il comprenait le désarroi et la démarche d’un homme acculé.
Izem veut dire Lion, et l’immense crinière de ses cheveux que son chèche avait du mal à contenir au-dessus d’un visage aussi serein que jovial ne contredisait en rien ce choix prémonitoire. À son arrivée au lever du jour, on refit une théière. Sorties de nulle part, des femmes arrivèrent avec du pain gras et les conversations s’enchaînèrent tout en mangeant alors que le chef et le sorcier s’assirent à l’écart après qu’il eut dûment ausculté l’homme et déclaré que les effets de la plante s’étaient miraculeusement dissipés. Il n’avait pas manqué d’insister sur la chance qu’il avait eue et que certainement cela n’était pas un hasard car son voyage n’était pas achevé et qu’il fallait écouter les voix du destin. — Mektoub ! avait-il conclu.
L’homme descendit de son rocher pour rejoindre Izem assis à l’ombre des palmiers. Il voulait contempler, pour ce qui sera peut-être une dernière fois, la vallée qu’il avait aimée. Le soleil était haut dans le ciel et il ne restait plus qu’eux à la source. Il remplit sa bouteille car une rude marche à travers la montagne les attendait pour rejoindre le refuge du sorcier avec qui, savait-il déjà, il allait bien s’entendre. Il appréciait la sérénité qu’il dégageait.
— Y Allah ! On y va ! s’exclama Izem en se levant appuyé sur son bâton de marche. Il saisit son espèce de baluchon fait de tissus colorés et s’engagea sur le sentier abrupt qui escaladait le flanc de la montagne. Sans plus de regret et presque en paix avec lui-même, il fixa son sac sur ses épaules et emboîta le pas du sorcier en boitillant légèrement sur le chemin rocailleux.
Et ce regard qui flottait toujours devant ses yeux, à qui était-il ? Peu importe. Il avait le temps maintenant. Car, qu’est-ce le temps, si ce n’est l’importance et la beauté de l’instant ?
Bonne journée à toutes et tous
petrus
Messages : 1653 Points : 1633 Date d'inscription : 20/05/2014 Age : 79 Localisation : Tarn & Garonne
Sujet: bonjour et bon samedi !! Sam 30 Mar - 7:43
* gigi *
Messages : 555 Points : 571 Date d'inscription : 04/01/2019
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Sam 30 Mar - 8:13
courage a ceux qui en on besoin
Opaline Membres
Messages : 1232 Points : 1234 Date d'inscription : 28/05/2014 Age : 78 Localisation : Bouches-du-Rhône
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Sam 30 Mar - 8:44
Bonjour tout le monde Depuis ce matin j'essaie de vous faire un petit coucou mais l'ordi s'éteint systématiquement. J'essaie encore...
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Sam 30 Mar - 9:41
bonjour tout le monde encore une belle journée qui s'annonce faut en profiter et c'est ce que je vais faire oublier pas cette nuit on avance les pendules d'une heure bon samedi a tous bisous
Christaline Membres
Messages : 1307 Points : 1361 Date d'inscription : 27/02/2017 Age : 56 Localisation : Limousin, 87.
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Sam 30 Mar - 10:21
Bonjour à vous les ami(e)s! J'espère que vous allez bien. Chez nous il fait beau, mais frais. C'est déjà pas mal! lol Je vous souhaite de passer un très bon week-end et vous envoie mille bisous.
* gigi *
Messages : 555 Points : 571 Date d'inscription : 04/01/2019
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Dim 31 Mar - 0:15
[center][size=24][b] a tous
journée repos pour moi
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Dim 31 Mar - 5:46
L'éphéméride du 31 mars 2019 :
Aujourd'hui, nous fêtons les Benjamin ainsi que les Amos, Babine, Balbine et Benjamine. Demain, nous fêterons les Hugues ainsi que les Huguette et Valéry.
Le 31 mars est le 90e jour de l’année du calendrier grégorien, le 91e en cas d’année bissextile. Il reste 275 jours avant la fin de l'année. C'était généralement le 11e jour du mois de germinal dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour de la pervenche.
à Marseille : Le soleil se lève à 7h 22 le soleil se couche à 20h 03 durée d'ensoleillement : 12 h 40 (+3mn)
Citation du jour : « L'ignorance s'accompagne de fanatisme et suscite le fanatisme. » Constantin Zuraïo
Dicton du jour : « À la Saint-Benjamin, le mauvais temps prend fin. »
Proverbe du jour : « Un de ces jours, c'est aucun de ces jours. »
Événement du jour : 1889 : La tour Eiffel est inaugurée à Paris. Œuvre de l'ingénieur Gustave Eiffel, l'ouvrage métallique édifié au Champ-de-Mars est d'une hauteur d'un peu plus de 320 mètres jusqu'à l'extrémité des antennes de télévision, et son poids total est de 8860 tonnes.
L'historiette du jour : L'exil de Paco Les bras chargés par le courrier pléthorique encombrant la boîte aux lettres, la baguette de pain en équilibre sur cet amas, j’ai introduit difficilement la clé dans la serrure de la porte d’entrée. Le trousseau de clés tombant sur le carrelage a fait un bruit métallique qui a résonné dans l’espace sombre de la maison. Il faisait nuit. La bâtisse, trop grande, était vide. Dans la soirée, après une douche et un premier verre de Xérès, j’ai ouvert mon courrier. Une seule carte de bonne année, de ma belle-mère – quatre-vingt-six ans de relations épistolaires non remplacées par les SMS – qui m’est restée fidèle alors que son fils m’a quittée. Des factures, des abonnements mensuels, des prospectus et une affichette petit format d’une association de quartier – que je ne connaissais pas – recherchant des possibilités d’accueil provisoire de jeunes migrants... J’ai pensé : « dans nos pavillons cossus de banlieue désertés par les enfants devenus adultes et accessoirement par les conjoints ». Puis j’ai allumé le téléviseur pour regarder La Grande Librairie. Nous étions mercredi. J’ai mal dormi cette nuit là et le matin, j’ai décidé de répondre à la demande. Je ne savais pas pourquoi mais il le fallait, j’en étais convaincue.
Lire la suite:
Dans l’après-midi, une femme de l’association s’est présentée à mon domicile. Elle m’a dit me reconnaître, nos enfants fréquentaient la même école ! Il occuperait la chambre aménagée pour la famille et les amis avec salle de bain et accès extérieur qui servait peu, il fallait bien l’avouer. Elle m’a expliqué les principes de l’accueil provisoire, les règles à faire respecter, la population concernée et le soir même revenait avec Aman, 15 ou 16 ans d’après la visite médicale, érythréen, en France depuis 6 jours, en attente d’un foyer ou d’une expulsion s’il était jugé majeur ou indésirable. L’accompagnatrice est restée trois quarts d’heure, remplissant l’espace de ses paroles sensément rassurantes, nous regardant l’un et l’autre, cherchant à créer le lien, puis la porte s’est refermée sur elle. J’étais seule avec lui, j’ai hésité à retourner au salon. Son profil ne ressemblait pas à celui d’un adolescent. Son visage était fin, presque aquilin mais ses traits boursouflés, fatigués, sa peau épaisse comme de cuir. Enfin il m’a regardée, avec des yeux jaunes, inexpressifs. Quand il s’est levé, son ossature s’est dessiné sous son sweat étriqué et a accusé sa maigreur. Son corps plat semblait cassé, rompu. Ses mains étaient démesurées au bout des manches trop courtes. Je me suis sentie rapidement mal à l’aise. L’a-t-il vu, il m’a demandé à aller dans sa chambre. Sa voix était juvénile presqu’inaudible. Les jours suivants je l’ai peu vu. Il prenait ses repas dans un foyer et semblait être absent la journée jusqu’à ce que je m’aperçoive du contraire. Il restait enfermé la journée avec les volets clos. Nous sommes samedi matin et je ne travaille pas, je frappe à sa porte, je l’appelle avant d’ouvrir. Dès l’entrebâillement, une odeur âcre m’assaille. Je l’aperçois, assis sur le sol près d’un rai de lumière filtrant par la fenêtre. Je lui demande de me rejoindre au salon. Nous avons parlé longtemps, laborieusement, mais j’ai compris qu’il n’avait jamais vécu dans ce type d’habitat avec un lit, des lumières artificielles, des volets – roulants, électriques – une salle de bain équipée. Il vivait dans une banlieue insalubre ressemblant à un campement. Il avait appris un peu l’anglais et le français dans la rue au contact des touristes ou étrangers de tous bords. Nous avons occupé le week-end à ranger la chambre, apprendre à utiliser son aménagement, se laver en actionnant les robinets multiples sans s’ébouillanter. Il était plutôt docile, apprenant vite. Il ne souriait pas, s’appliquait. Il a obtempéré à toutes mes consignes. J’ai trouvé quelques vêtements à sa taille, il a hésité à se défaire des siens. Nous les avons lavés. Il les a regardé longtemps tourner par le hublot de la machine. Je l’ai invité à partager mon repas d’endives au jambon surgelées. L’opération de cuisson au micro-onde de ce qui lui apparaissait être du bois l’a stupéfié. Il a semblé ne pas aimer puis a avalé goulûment camembert et mousse au chocolat, me demandant de lui décrire les aliments et leur élaboration. J’ai eu du mal à expliquer les process de fabrication de l’agro-alimentaire. Il ne comprenait pas que je ne prépare pas mes plats ! Pour le dîner, il m’appris à cuisiner le zigni au boeuf à la tomate comme en Érythrée et dans sa région, dans un simple faitout, découvrant une batterie et des appareils de cuisson électriques dont l’usage me restait parfois incompréhensible à moi aussi. Le plat a mijoté longtemps sur la seule bouche de gaz de la plaque de cuisson, dégageant un parfum appétissant dans cette cuisine aseptisée. Il le surveillait, humait, rajoutait des épices improbables, du berbéré qu’il gardait dans un sac. Il semblait heureux et souriait à pleines dents quand il m’a vu manger et aimer son plat malgré ma bouche en feu. Il m’a demandé de lui acheter de la farine de teff pour faire des galettes de pain. J’ai mis quinze jours à en trouver. C’était délicieux et il en faisait toutes les semaines. Il avait toujours voulu être cuisinier, m’a-t-il dit ! Le soir, devant un feu de bois, ses larmes ont coulé. Il a peu parlé. J’ai cru comprendre que sa mère avait disparu depuis plusieurs années. Son frère aîné l’avait protégé. Il était mort en Méditerranée sur le boat-people sur lequel ils avaient embarqué, déjà blessé après une rixe avec des passeurs dans le désert. Il s’est endormi sur le tapis jusqu’au matin, lové sur lui-même. Là, il ressemblait à un enfant grandi trop vite et trop tôt. Le dimanche, nous sommes allés déjeuner chez un ami restaurateur. Il a mangé du poulet – qu’il reconnaissait – et presque crié en découvrant le froid d’une glace à la vanille. Il regardait avec un grand intérêt la valse du service et le va-et-vient des plats. Je n’existais plus. Il était au cœur de son rêve. Après le coup de feu et le départ de la plupart des clients, Luc le patron venu nous rejoindre à la table lui a fait visiter les cuisines. Il a admiré la panoplie impressionnante de casseroles sur les étagères, le cycle rapide du remplissage et du vidage des énormes machines à laver la vaisselle. Il a voulu rester jusqu’à la fin du service et la fermeture de l’établissement. Je commençais à trouver le temps long et le retour à pied a été animé et volubile. Je n’ai pas compris tout ce qu’il semblait vouloir me faire partager sauf que travailler en cuisine serait pour lui le graal. Son visage s’était illuminé, ses traits lissés, sa voix devenait vibrante. Il était redevenu un adolescent fébrile et enthousiaste. Les jours qui ont suivi, je l’ai peu vu. Je travaillais. Les volets de sa chambre restaient ouverts même la nuit. Puis Luc m’a téléphoné. — Dis, ton petit migrant est venu tous les jours depuis dimanche, jusqu’à ce que j’accepte de le faire rentrer en cuisine. Il fait la plonge avec une application et une banane rarement vues. On dirait qu’il est heureux. Qu’est-ce qu’on fait ? Ça n’a pas été simple avec l’association pour régulariser sa situation malgré la proposition d’apprentissage, un employeur et une tutrice, un lieu d’habitation dans l’attente d’une place en foyer de jeune travailleur qu’il a obtenu huit mois plus tard. Ensuite, il est revenu souvent le week-end et me faisait des petits plats ou les ramenait du restaurant. Trois ans après avec un CAP de cuisinier, un boulot retrouvé dans la restauration collective en attendant mieux – Luc avait pris sa retraite et revendu son fonds – il n’était toujours pas naturalisé. Les demandes réitérées n’aboutissaient pas et sa hantise de ne plus travailler lui faisait accepter des conditions détestables. Avec mon aide et le cercle de mes relations, il est devenu auto-entrepreneur et a commencé à faire la cuisine chez des particuliers. Sa cuisine française et d’Afrique de l’Est était très appréciée mais il était trop tôt pour qu’il quitte son employeur. Quant à moi, son accueil a étonné mes proches qui, pour le coup, se sont intéressés à nous donc à moi qui étais devenue invisible pour mon entourage. J’ai invité des amis, de la famille pour des repas où nous cuisinions tous les deux, enfin j’étais son aide et j’aimais ça ! Je me suis intéressée aux autres, j’ai adhéré à des associations et j'étais plus heureuse. Nous avons le projet dès ma retraite d’ouvrir un atelier-cantine dans le quartier où chacun – jeune ou vieux, isolé ou émigré, inséré ou marginal – pourra venir cuisiner, échanger des recettes, apprendre, partager son repas à prix coûtant. Nous irons un jour en Érythrée et en Éthiopie, au bord de la mer rouge, quand il aura des papiers français. Et seulement là il me racontera peut-être l’horreur de son histoire à peine esquissée tant elle était innommable et l’a privé de l’enfance. La pauvreté, la famine, la guerre, la dictature, les exactions de l’armée et l’exil massif des jeunes. En attendant, je lui apprends les événements marquants et édulcorés de l’histoire de France pour l’examen de naturalisation toujours remis à plus tard. La violence douce des pays d’accueil dont il sera acceptant plutôt que mourir !
Bonne journée à toutes et tous
petrus
Messages : 1653 Points : 1633 Date d'inscription : 20/05/2014 Age : 79 Localisation : Tarn & Garonne
Sujet: bonjour et bon dimanche !! Dim 31 Mar - 6:40
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Dim 31 Mar - 7:36
Bonjour à tous Une journée entre soleil et vent Ce matin ménage et cuisine, tout simple, un poulet rôti et des frites et une mousse au chocolat maison Cet après-midi je vais regarder la télé, lire et sortir un peu Bonne journée à tous
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Dim 31 Mar - 7:43
Opaline Membres
Messages : 1232 Points : 1234 Date d'inscription : 28/05/2014 Age : 78 Localisation : Bouches-du-Rhône
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Dim 31 Mar - 8:11
Bonjour les ami.e.s
Les ruines romaines à Tipasa
Christaline Membres
Messages : 1307 Points : 1361 Date d'inscription : 27/02/2017 Age : 56 Localisation : Limousin, 87.
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Dim 31 Mar - 11:23
Comment ça va les ami(e)s! Moi ça va, toujours très fatiguée... Jeudi après-midi je retourne voir mon médecin. Il fait beau, mais je pense que c'est partout! lol La semaine prochaine devrait être moins belle... Et oui, en avril ne te découvre pas d'un fil!! Je vous souhaite de passer un bon dimanche et vous envoie des tonnes de bisous
* gigi *
Messages : 555 Points : 571 Date d'inscription : 04/01/2019
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Lun 1 Avr - 0:35
a ceux qui en on besoin
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Lun 1 Avr - 3:20
Bonne journée de ce premier jour d'Avril.
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Lun 1 Avr - 6:32
L'éphéméride du jour...
Aujourd'hui, nous fêtons les Hugues ainsi que les Huguette et Valéry. Demain, nous fêterons les Sandrine ainsi que les François de Paule, Sandie et Sandra.
Le 1er avril est le 91e jour de l'année du calendrier grégorien, le 92e en cas d'année bissextile. Il reste 274 jours avant la fin de l'année. C'était généralement le 12e jour du mois de germinal dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour du charme. Une tradition veut que le 1er avril soit le jour des farces (voir l'article : poisson d'avril).
à Marseille : le soleil se lève à 7h 21 le soleil se couche à 20h 04 durée d'ensoleillement : 12h 43 (+3mn
Citation du jour : « À une vérité ténue et plate, je préfère un mensonge exaltant. » Aleksandr Sergheïevitch Pouchkine
Dicton du jour : « Pluie de Saint-Hugues à Sainte-Sophie, remplit granges et fournils. » « En avril ne te découvre pas d'un fil ; En mai, fais ce qu'il te plaît ; en juin, tu te vêtiras d'un rien. » Proverbe du jour : « À chaque jour suffit sa peine. »
Événement du jour : 1938 : Une poudre brune fait son apparition sur le marché suisse ; le café instantané est né. Nestlé va connaître le succès commercial le plus foudroyant de son histoire, puisque la deuxième guerre mondiale va fortement contribuer à la propagation du café instantané, évidemment baptisé Nescafé. Les GI's libérant l'Europe en auront dans leur bagage.
L'historiette du jour : Au pays du monde merveilleux de Annabelle Léna Je réajustais mes gants lorsqu’elle me sourit. Une jolie brune. C’était bizarre parce que d’habitude, les jolies filles... Enfin bref. C’était bizarre mais ça m’a fait du bien. Surtout ce jour-là. J’étais tellement stressé. Elle se baladait en monocycle, avec une longue jupe touchant presque les pédales. Les enseignes de la ville se reflétaient sur ses cheveux d’un noir presque bleu. Soudain un canard remonta la rue au volant d’une voiture de collection. Il me salua en klaxonnant. Je lui fis un signe de la main et bifurquai sur la droite, en direction du bureau d’accueil. Partout les arbres étaient taillés en forme de montgolfière. Des oiseaux de paradis s’envolaient alors qu’à mes pieds farandolaient des bosquets de fleurs en imitant un arc-en-ciel merveilleux. C’est à dire que leurs couleurs suivaient l’ordre parfait d’un arc-en-ciel mais en vingt fois plus beau. Du jamais vu. Sans les teintes qui bavent les unes sur les autres. C’était parfait. Le bleu, bien bleu, mais pas trop bleu. Pendant que j’admirais ces séparations au millimètre, un écureuil bondit sur mon épaule avant de rejoindre son tronc d’arbre. J’en sursautai ! J’en lâchai même mon chapeau. Soudain un policier en uniforme débarqua. Je détournai les yeux. L’officier s’approcha de moi, se baissa pour ramasser mon chapeau. Je ne respirais plus. Mais il l’essuya et me le rendit en souriant.
Lire la suite:
C’est Aladin, un vieil ami à moi, qui m’avait trouvé cette place chez Disneyland. Après six mois de chômage technique et un licenciement par lettre recommandée... Je n’avais même plus la force de pointer au pôle-emploi, dans ce hall sinistre où stagnaient tous les gars de l’usine, et des biens plus qualifiés que moi. Bien sûr pour Baloo, un collègue de bureau d’Aladin, il en faut peu pour être heureux mais moi, faire la queue pour avoir un travail qui, en fait, n’existait plus, m’avait rendu dingue. Pareil dans toute la région. La crise, le capitalisme, la finance, qu’ils disaient. Un mot bien vague quand on y pense... Il avait fallu subir, courber la nuque, toucher nos maigres indemnités. Moi, j’aurais hurlé au scandale, j’aurais frappé, massacré... Mais qui ? Quoi ? Le capitalisme... Apparemment, ce fumier est multinational. Nos usines furent délocalisées en Yougoslavie, les ingénieurs recrutés en Allemagne, les Anglais récupérèrent la section « achats » et les asiatiques prirent en charge les installations numériques. Nos SMIC qui ne permettaient même pas de nous loger, nos heures sup' qui réclamaient salaire, tout ça coûtait trop cher. Pour lui. Du travail, il n’y en avait plus. Aladin me proposa de rejoindre son équipe. Évidemment je n’y allais pas de gaieté de cœur – j’avais une formation de tourneur fraiseur – mais je sautai quand même sur l’occasion. Et me voilà adopté par la grande famille de l’entertain... Entaiter... Enternement... Non. Je n’arrive toujours pas à le prononcer. Enfin bref. L’écureuil bondit à nouveau sur mon épaule. À croire qu’il m’aimait bien. Je récupérai mon badge à l’accueil et me dis que c’était quand même joli, par ici. Ce parc d’attraction m’avait sauvé. J’avais enfin un travail. Un vrai. Un à temps plein rien que pour moi. Je me répétais ça, je savourais ça en me baladant dans les ruelles enchantées. Je me familiarisais avec ce monde où jamais aucun SDF ne tendrait la main ni aucune place ne serait salie par des manifestations anticapitalistes. Finalement, j’adorais cette odeur de pop-corn, mon ventre gargouillait et ces écureuils... qu’est-ce qu’ils étaient marrants ! Pinocchio, avec son long nez qui me tapait dans l’œil, me l’avait dit, que tout était magie, par ici. Dire que j’avais douté... C’était mon premier jour et j’avoue j’étais séduit. Je m’extasiais dorénavant de ces lampadaires en forme de parapluie, de la douceur des couleurs, de la rondeur des formes de chaque objet. Tout était si beau. Si paisible. Si parfait. — Oh Dingo ! C’est pas le moment de traîner ! On ouvre le parc dans cinq minutes. Viens accueillir les visiteurs ! Dingo, c’était moi. Je veux dire... Physiquement. Un énorme pyjama marron dans lequel je flottais, des gants monstrueusement disproportionnés et une énorme gueule de chien sur ma tête. La vie m’apparaissait à travers un grillage finement tressé. Il m’avait fallu plusieurs heures pour apprendre à marcher avec ces pantoufles en taille cinquante-deux mais au final, elles étaient aussi légères que des bottes de sept lieues, qui chaque jour m’emmèneraient loin jusqu’au pays de la dignité sociale. Au travail. Aladin attrapa ma main pour me conduire devant les grilles. Puis il me laissa seul car il venait tout juste d’être muté à l’entretien des sanitaires pour une heure, vu que la technicienne de surface devait filer en urgence à la réparation des costumes, le Capitaine Crochet ayant eu un accident avec un crocodile. Tout un pantalon en coton éthique à reprendre au plus vite ! Bref, je restai seul avec mon trac. Je pris une dernière grande respiration. J’eus soudain un peu chaud aux pattes en répétant mes consignes : « Je suis un gentil chien, qui plus est l’ami de Mickey ! Des millions d’enfants m’adorent et pour rien au monde je ne veux décevoir ces petits êtres innocents, qui feront de demain un monde meilleur ! Je suis l’ami de tous, le rêve d’un pays merveilleux. » Et puis, je n’avais même pas à me forcer à sourire, Dingo le faisait très bien pour moi. Mickey, mon supérieur hiérarchique, me voyant toujours immobile, me rappela à l’ordre : — Dingo, la choré ! La chorégraphie, oui ! C’est Blanche Neige qui me l’avait apprise. Sympa d’ailleurs, Blanche Neige... C’était elle, la jolie brune en monocycle. Quand je lui dis à quel point le bleu noir de ses cheveux était beau, elle m’expliqua que la laque imposée permettait effectivement d’augmenter l’espace publicitaire des rues en reflétant les enseignes des magasins. Le produit faisait tomber les cheveux mais Blanche Neige était contente car ici, ça n’arrivait jamais avant trente ans. Elle avait enregistré à la badgeuse trente minutes pour ma formation. Et puis, nous y voilà, c’était le moment de prouver que j’étais digne du poste. Alors vite, j’ai tapé des mains, des pieds, je me suis gratté le menton en dodelinant et j’ai recommencé, les mains, les pieds, le menton... de plus en plus à l’aise, en parfaite osmose avec l’esprit de Dingo. Je les vois encore, au loin derrière les grilles, les enfants hurler de rire et de joie. Les flashs crépitaient de tous les côtés. J’étais la star : Dingo, un chien repu d’os à moelle du pays enchanté, le meilleur ami d’une souris, un chien qui danse toute la journée, sans aucun souci. Haut dans le ciel, des haut-parleurs magnifiaient l’espace d’une chanson d’amour : « It’s a small world after all, It’s a small world after all... » J’aurais vécu ainsi, heureux, pour des siècles et des siècles... Mais ils ouvrirent les barrières ! Tic et Tac, ces traîtres de Rangers du risque, ouvrirent la porte à une horde de fourmis. À travers le grillage de mes yeux, j’aperçus soudain une invasion d’enfants. Voilà que je me tétanisais. Impuissant, je les voyais accourir tels de minuscules insectes bourdonnant et grossissant. Une marée humaine. Sûr que le grillage de mes yeux avait été tressé le plus finement du monde pour brouiller ma vision du danger. Ils se ruèrent sur moi, enfin sur lui, ce satané Dingo que j’eus soudain envie de jeter loin, loin, à des millions d’années lumières, mais le monde est bien trop petit ! Le premier à me heurter fut un Allemand. Il agrippa mes hanches en aboyant ce qui semblait être des ordres de guerre. Je reçus soudain un Portugais en plein ventre avec l’effroyable sensation que ma rate explosait. Et puis un Asiatique sauta sur mes épaules. Dingo, lui, souriait. Il sourit toujours de toute façon, cet abruti. Avec de la dynamite entre les fesses, son masque n’aurait pas déchanté ! Des gouttes d’angoisse grosses comme des sucettes de Mickey inondèrent mon front, mon costume collait à ma peau, m’empêchait de respirer. L’odeur écœurante du po-corn me donnait envie de vomir. Je regrettais comme jamais la bonne vieille odeur de rouille de mon usine ! À cette manière de se jeter sur moi, ce ne pouvaient pas être de simples enfants. Dans mon contrat de travail, j’étais censé être un chien heureux mais cette saleté de sauvage sur mes épaules m’étranglait. Je devais réagir et vite, sinon c’était la mort par asphyxie. Je suffoquais. J’en suffoque encore, rien qu’en y pensant. J’étais là, seul comme un chien des rues. L’ennemi m’enserrait de toute part. Tel Bambi au milieu des flammes, j’étais cerné. Ma cagoule était saturée de mon propre dioxyde de carbone, j’étouffais. Ils ricanaient. Ma vue se brouilla du manque d’oxygène mais soudain j’y vis clair dans leur petit jeu ! Tu parles qu’ils feraient de demain un monde meilleur ! Ce n’étaient pas de vrais enfants. Il n’y a pas de vrais enfants là où les canards conduisent des voitures de collection ! Ils étaient de futurs dirigeants d’entreprises ! Ces morveux accouraient des quatre coins du monde pour fermer nos usines ! Enfin à portée de fusil, elles étaient là, toutes ces multinationales de malheur, leurs bouches grasses de hamburgers et leurs mains tachées de la sueur des ouvriers. Juste devant moi, je pouvais le toucher, serrer sa gorge au capitalisme, lui faire cracher son sang comme il m’avait fait cracher mon emploi. Je hurlais : — Némo ! Viens m’aider, on va tous les buter ! Sans plus attendre, je tirais un coup de tête dans cet anglais qui secouait mon bras comme un damné. Mais rien n’y fit. Ma gueule de chien est bien trop rembourrée pour faire mal. Alors, j’improvisai une magnifique distribution de baffes. Dans un mouvement rotatif aussi parfait que les couleurs de leur arc-en-ciel pourri, mes pattes virevoltaient dans les airs, claquaient sur chaque joue rose. Un Yougoslave hurla lorsque je fis voltiger ses lunettes. Il l’avait bien cherché. Je lui apprendrais, moi, à ce bigleux, à voler mon travail ! Et puis plusieurs enfants tentèrent de fuir. Quelle erreur de me tourner le dos ! Je les gratifiais de coups de pieds en taille cinquante-deux. Ah, mon déguisement était soudain moins drôle, hein ! — Tiens ! C’est pas toi qui viendra fermer encore une usine, t’as compris ! Lorsqu’un téméraire se releva pour répondre, je lui balançai mon genou dans la mâchoire. Les capitalistes ont les dents longues certes, mais très mal accrochées aux gencives. Certaines tombèrent à mes pieds avec des gouttes de sang. — Pleure pas ! La souris passera les ramasser, ce soir ! Et vlan ! Un autre coup de genou dans sa sale gueule. Ceux qui osèrent encore la ramener, des vicieux qui tentèrent de me donner des coups de bâton, certainement les descendants directs des dirigeants du CAC 40, eh bien ces crapules reçurent des coups de coude dans le nez. Aucun ne fut épargné comme aucun de nous n’avait échappé au licenciement. J’étais le symbole de la rébellion, la libération du peuple était imminente ! À mes pieds tombait le capitalisme, vaincu. Mais soudain, je vis accourir de toutes parts des parents affolés. Toujours pareil... Moi, j’étais seul pour faire régner l’ordre et la justice, même Nemo n’avait pas voulu se joindre à moi, ce salaud. Mais il y a toujours du beau monde pour défendre les hommes d’affaires véreux. Des avocats, des notaires... Tous fondirent sur moi, alors je serrai les poings pour les accueillir. Ils avaient licencié l’homme, qu’allaient-ils faire du chien enragé ? Quand soudain, le coup bas ! Évidemment, je n’aurais pas dû m’attendre à mieux de leur part... Un Italien m’asséna une châtaigne non réglementaire dans les testicules, Pluto m’avait pourtant conseillé de toujours garder une patte devant mon entre-jambes. Je m’écroulai, quasi inconscient et, au loin, je vis approcher Mickey. Dans ses yeux, le message était aussi clair que l’eau de la fontaine ensorcelée : j’étais Dingo, un chien fêlé et heureux... Mais plus pour très longtemps.
Bonne journée à toutes et tous
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Lun 1 Avr - 6:37
Bonjour a vous toutes et tous bon Lundi Gros bisous
petrus
Messages : 1653 Points : 1633 Date d'inscription : 20/05/2014 Age : 79 Localisation : Tarn & Garonne
Sujet: bonjour et bon lundi !! Lun 1 Avr - 6:38
Opaline Membres
Messages : 1232 Points : 1234 Date d'inscription : 28/05/2014 Age : 78 Localisation : Bouches-du-Rhône
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Lun 1 Avr - 8:58
Bonjour les amis, J'espère que tout le monde va bien Février : vol d'étourneaux sur mon jardin.
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Lun 1 Avr - 11:13
bonjour a tous voila une nouvelle semaine commence et nous voila au mois d'avril bonne journée ensoleillée a tous bisous
provence Admin
Messages : 5488 Points : 5599 Date d'inscription : 19/05/2014 Age : 83 Localisation : le bar sur loup 06620 region paca
Sujet: bonjour ciel bleu et soleil c'est lundi Lun 1 Avr - 11:30
bonjour chaud soleil Pierre doit tout planter et il y en a beaucoup des plantes fleuries,moi,impossible de m'endormir ,même les cachets ne font plus d'effet, alors le matin je me réveille plusieurs fois et me rendort mais voilà a 10h je dois me lever et maintenant je ne peux plus rien faire !!!! j'ai un nouveau compagnon ,mais il ne sort que la nuit un hérison qui vient manger les croquettes du chat, cette nuit Pierre l'a vu c'est bien marant lol
Les contes de Djeha et Nasreddine Hodja s’enrichirent au contact d’autres cultures. Progressivement assimilés, ils deviennent ceux de Ciuga, Grossu Minutu. Ils ont si nombreux que seul un choix effectué parmi les premiers a pu trouver place dans cet ouvrage. Pleins d’ironie, ces contes de sagesse arabo-turco-persans nous convient à un plaisant voyage dans un Islam à liberté frondeuse.
Se lever tôt
Djeha faisait souvent la grasse matinée.
- Tu devrais te lever plus tôt, lui conseilla son oncle.
- Pourquoi?
- Parce que cela porte chance. Un jour où je m'étais levé à l'aube, j'ai trouvé sur le chemin une bourse remplie d'or que quelqu’un venait de perdre.
- Comment sais-tu quelle n'avait pas été perdue la veille au soir?
- J'en suis sûr, car j'étais passé par là un peu avant minuit. C’était la pleine lune, je l’aurais vue.
- Alors celui qui avait perdu sa bourse ne s’était levé encore plus tôt que toi. -Oui.
- Se lever tôt ne porte donc pas chance à tout le monde, conclut Djena.
Pas sot à ce point
Nasreddine Hodja se rendit au moulin pour faire moudre son blé. Mais son sac n’était qu’à moitié plein. Pendant que le meunier avait le dos tourné, il prit du grain dans les sacs des autres et remplit le sien. Pourquoi te comportes-tu ainsi ? lui demanda le meunier qui venait de le surprendre. Parce que je suis sot. Si tu étais sot, tu ferais le l’inverse. Tu retirerais le blé de ton sac pour le mettre dans le sac des autres. En disant que j’étais sot, je n’ai pas prétendu l’être à ce point. Le meunier sourit et Nasreddine Hodja s’en fut.
Le plus important
Quelqu’un demanda un jour à Nasreddine Hodja ;
Qui est le plus important des deux, le paysan ou le roi ? Le paysan répondit-il Tout le monde pense le contraire ! Peut être, mais si le paysan ne cultivait pas le roi mourrait de faim.
Question d’équilibre
Nasreddine ! Je suis surpris de voir chaque jour les gens courir de tous côtés.
Il faut s’en réjouir, mon ami, car si tous allaient du même côté, la terre perdrait l’équilibre.
Le souffle du vent
Nasreddine Hodja n’avait plus rien à manger. En passant près d’un champ, il vit de belles aubergines, à la peau noire et luisante, qui mûrissaient au soleil. Il n’hésita pas. Il pénétra dans le champ et en ramassa quelques unes qu’il mit dans son sac. Survint le propriétaire.
Voyou, lui dit-il, tu es en train de voler mes légumes ? Pas du tout ! je passais près de ton champ quand le vent s’est levé et m’a poussé à l’intérieur.
Soit mais qui a arraché mes aubergines ? Le vent soufflait si fort que j’ai été contraint de m’accrocher où je pouvais.
Et qui les a mises dans ton sac ? J’étais justement en train de me poser la question quand tu es arrivé.
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mar 2 Avr - 5:59
L'éphéméride du jour...
Aujourd'hui, nous fêtons les Sandrine ainsi que les François de Paule, Sandie et Sandra. Demain, nous fêterons les Richard.
Le 2 avril est le 92e jour de l'année du calendrier grégorien, le 93e en cas d'année bissextile. Il reste 273 jours avant la fin de l'année. C'était généralement le 13e jour du mois de germinal dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour de la morille. Le 2 avril est la « journée mondiale de sensibilisation à l'autisme ».
à Marseille : le soleil se lève à 7h 19 le soleil se couche à 20h 05 durée d'ensoleillement : 12h 46 (+3mn) Citation du jour : « On pardonne à un être sur quelques minutes, comme à un livre sur quelques phrases. » Jean Rostand
Dicton du jour : « Quand avril tombe l'eau, vigneron répare le fond de ton tonneau. »
Proverbe du jour : « Au bon joueur la balle. »
Événement du jour : 2005 : Le pape Jean-Paul II, de son vrai nom Karol Wojtyla, décède à l'âge de 84 ans des suites d'une longue agonie due à des complications cardio-vasculaires. Il sera inhumé dans une crypte de la basilique Saint-Pierre le vendredi 8 avril suivant. Jean Paul II restera dans l'histoire pour son rôle dans la chute du communisme en Europe et pour sa défense stricte des doctrines traditionnelles du Vatican en tant que chef de plus d'un milliard de catholiques.
L'historiette du jour : Le cadeau d'une vie de Hervé Mazoyer Dans le contexte actuel, il ne suffit pas de dénoncer ceux qui veulent nous replonger dans les ténèbres de l’histoire. Il faut aussi saluer ceux qui ont apporté la lumière... *** Esther poussa la grille du vieux cimetière qui s’ouvrit en grinçant. Épaulée par son fils, elle entama péniblement l’assaut de la montée devant elle. Ses 88 ans se faisaient durement sentir.
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Derrière elle, un petit cortège la suivait. Des hommes d’importance mais toutes ses pensées étaient ailleurs.
Enfin parvenue devant la tombe, elle frissonna d’émotion. Tout le monde se tut et le silence irréel qui se fit alors donna la chair de poule à l’assemblée présente...
Puis la cérémonie commença et Esther ferma les yeux. Elle entendait de moins en moins les mots prononcés à côté d’elle et se replongea dans ses souvenirs.
Ceux de ce jour maudit. Elle ne l’oubliera jamais. Paris. 15 décembre 1942. Elle avait 11 ans. Quand elle n’allait pas à l’école, elle aidait ses parents au sein de l’épicerie familiale.
Jusqu’à il y a un an, le commerce était prospère. L’ambiance était au beau fixe et l’on cherchait l’endroit où partir pour les prochaines vacances.
Mais depuis quelques mois, et bien que ses parents se voulaient rassurants, la jeune Esther sentait bien que les choses avaient changé.
À plusieurs reprises la vitrine du magasin avait été brisée. Puis des symboles avaient été tracés sur la devanture. Son père s’employait alors à les faire disparaître discrètement.
Mais à chaque fois qu’elle tentait de s’enquérir de ce qui se passait, ses parents lui répondaient qu’il n’y avait rien de grave et que c’était juste des imbéciles qui faisaient des blagues idiotes...
Pourtant, la bonne humeur qui régnait se dissipa et elle vit bien l’air grave qui gagnait son père et sa mère. David et Simone vivaient avec la peur au ventre. Ce fameux 15 décembre, Esther lisait tranquillement allongée sur son lit et sa mère vaquait aux tâches ménagères. Son père accueillait la livraison du jour dehors.
D’un coup le ton monta. Simone regarda à travers les persiennes et revient paniquée à toute allure vers sa fille.
— Esther, il faut partir ! Va immédiatement chez ta tante Clara. Elle habite à Montmartre tu t’en souviens ? — Oui Maman mais je vous aime, je veux pas vous quitter. — Écoute c’est provisoire fait ce que je te dis, on se retrouvera chez elle bientôt.
Alors Esther ouvrit la fenêtre de derrière et sortit promptement. Mais elle était trop inquiète pour ses parents pour partir.
Elle fit le tour de la maison et, cachée dans un buisson, elle regarda le fil des événements.
Son père était aux prises avec la police allemande. Elle se souvient parfaitement des paroles qu’elle a entendues ce jour-là.
— Warum tragen Sie nicht den Judenstern ? s’exclama l’officier en chef *.
Alors un sous-officier s’approcha de David et parla dans un français parfait, nanti d’un fort accent.
— M. Blum vous savez bien que vous et votre famille devez porter l’étoile jaune. La devanture de votre magasin aussi. Et pourtant vous vous obstinez à ne pas la mettre. Vous défiez notre autorité ? — Je ne suis pas un bétail que l’on marque. Ce magasin a été ouvert par mon père. Il était déjà intégré à la nation française. Oui, français avant d’être juif. Je refuse de porter ce symbole de honte.
Un coup de crosse de fusil en plein ventre lui coupa le souffle. David s’effondra à terre.
Le sous-officier donna des ordres. Aussitôt les soldats partirent chercher Simone à l’intérieur. Puis ils arrosèrent le magasin d’essence. L’officier allemand tira David toujours à terre par les cheveux.
— Regardez M. Blum ce qui se passe quand on refuse d’obéir aux ordres.
Il sortit alors un briquet de sa poche l’alluma et le jeta aux abords de la boutique qui s’enflamma immédiatement.
En larmes, David regardait l’œuvre d’une vie partir en fumée. Esther ne put s’empêcher de pousser un cri. Ce qui alerta les soldats allemands qui virent une fine silhouette détaler.
— Poursuivez-la et ramenez-la-moi.
Courant à en perdre haleine, la jeune Esther se faufilait de boulevards en boulevards et d’allées en allées regardant régulièrement derrière elle pour voir si elle n’était pas suivie.
Ce faisant, elle percuta deux soldats allemands au coin d’une rue.
— Comment vous appelez-vous Mademoiselle ? Pourquoi courrez-vous ainsi et où allez-vous ?
Complètement tétanisée, Esther était incapable de prononcer un mot. Le soldat s’adressa alors à son collègue.
— Es ist vielleicht das Mädchen, das wir suchen. ** — Accompagnez nous au siège de la police, nous ne pouvons pas laisser une enfant errer toute seule dans les rues de Paris.
Soudain, une voix se fit entendre derrière eux.
— Camille, enfin je t’ai trouvée. Mais où étais-tu passée encore ? J’étais morte d’inquiétude. Il y a beaucoup de travail à la charcuterie, tu crois qu’il va se faire tout seul peut-être ? — Vous connaissez cette jeune fille Madame ? — Bien sûr c’est ma fille Camille. Je la cherche depuis une heure maintenant. — Qui êtes-vous Madame ? — Je m’appelle Françoise Moron. Je tiens la charcuterie Moron avec mon mari. Mais celui-ci est parti en Allemagne pour le service obligatoire. Ma fille m’aide donc au magasin pendant ses temps libres. Je l’ai envoyée faire une livraison et je ne l’ai pas vue revenir donc je me suis inquiétée. — Présentez-moi vos papiers s’il vous plaît.
Sans hésiter, elle fouilla dans sa poche pour en extirper ses papiers d’identité.
Les yeux de l’officier allaient et venaient entre la photo sur la carte et le visage de la jeune femme. Celle-ci soutint ce regard inquisiteur sans manifester la moindre émotion.
— Tout est en règle Madame, fit l’officier en rendant les papiers.
Au moment où Françoise s’apprêtait à les reprendre, le soldat retira sa main.
— Madame Moron, vous savez ce qu’il en coûte de mentir à un officier allemand ? —Et vous savez ce que me coûte le temps perdu ici au lieu de travailler à ma boutique ?
Pendant une minute qui prit des allures d’éternité, un silence mortel régna.
— Vous pouvez circuler Madame. — Tu viens Camille ? — Oui j’arrive... Maman
Dès qu’elles se furent éloignées, Françoise chuchota à l’oreille d'Esther.
— J’ai vu ce qui s’est passé à la boutique de ton père... Ne dis rien, suis moi. Tu es à l’abri pour l’instant.
Ce jour fut le dernier où Esther vit ses parents. Elle fut reconnue par le voisinage de Françoise.
Celle-ci n’hésita pas alors à fermer la boutique de peur d’être dénoncée et à partir se réfugier à la campagne chez sa sœur.
Le jour de la Libération, au milieu d’un déluge de drapeaux français qui flottaient dans le vent, se trouvaient Esther et Françoise pleurant de joie sur les Champs Elysées.
Esther demeura chez Françoise. Mais malgré toute l’affection dont elle entoura la jeune fille, celle-ci restait traumatisée par la perte de ses parents, une plaie béante qui lui dévorait l’âme.
Alors Françoise prit une décision. Un jour de 1946, elle s’adressa à Esther...
— Je sais la souffrance intolérable que représente la perte de tes parents. Je les connaissais. Il s’agissait de gens admirables. Je ne peux pas les faire revenir. Mais je peux devenir une vraie maman à tes yeux si tu le désires. J’ai lancé une procédure officielle d’adoption.... Veux-tu devenir ma fille ?
En larmes, Esther se précipita dans les bras de Françoise. Ce qu’elle venait de faire c’était un cadeau. Le cadeau d’une vie.
Le 28 janvier 1948, après de nombreuses formalités administratives, Esther Sarah Blum devint Esther Moron.
Mais Françoise ne désirait surtout pas couper Esther de ses racines. Par respect pour sa culture, elle se renseigna sur les célébrations israélites et chaque année, fêta avec Esther non seulement Kippour et Pessah, les deux fêtes les plus importantes du judaïsme, mais aussi Souccot et Pourim.
Les années passèrent... Esther se maria, eut trois beaux enfants qui firent de Françoise une « vraie » grand-mère comblée.
Le 15 janvier 1986 , affaiblie par l’âge, minée par le diabète, Françoise Moron était sur son lit de mort.
— Je vais m’en aller rejoindre tes parents ma petite Esther... Je leur dirai quelle petite fille admirable et courageuse tu as été et quelle mère exemplaire tu es devenue. Ne sois pas triste. J’ai eu une belle et longue vie et tu y es pour beaucoup...
Puis elle ferma les yeux arborant un doux sourire et rendit paisiblement son âme à Dieu.
Pour Esther, c’était perdre une deuxième fois sa maman. Et il fallut tout l’amour de ses enfants et de son mari pour surmonter ce deuil.
Puis une chose se mit à l’obséder. Sa mère lui disait toujours : « Quand quelqu’un à la bonté de te faire un cadeau, tu dois toujours lui rendre la politesse ».
Mais quel cadeau pouvait donc faire Esther ? Elle réfléchit longtemps puis, un jour, prit une décision. Avec l’aide de son fils, elle passa des coups de fils, envoya des mails, remplit des documents et attendit...
Un beau jour une enveloppe arriva.... Elle savait que c’était ce qu’elle attendait.
Elle ouvrit fiévreusement la missive et éclata en sanglots. Sa demande avait été acceptée.
Esther reprit soudain ses esprits... Les prières en hébreu étaient achevées et l’ambassadeur d’Israël en France finissait son discours.
Puis il demanda à Esther si elle voulait prendre la parole.
Le visage embué de larmes, elle essaya vainement de prononcer une phrase. Finalement la seule chose qu’elle put dire ce fut : « Merci ».
Il était exactement 15h18. Depuis deux minutes, Françoise Moron née Bouix était devenue une Juste parmi les nations...