Bonsoir à tous Ce week end la pluie, les orages annoncés n'ont pas eu lieu, on nous en annonce pour aujourd'hui et demain et depuis ce matin, soleil ! Yessss Ce matin l'intérieur de la maison Cet après-midi l'extérieur, pas de quoi s'ennuyer Bonne soirée à tous et bonne semaine
* gigi *
Messages : 555 Points : 571 Date d'inscription : 04/01/2019
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mar 21 Mai - 0:04
onde positive a tous
ce martin dermato pour moi avoir le médoc pour le psoriasis
et ce soir gynéco
petrus
Messages : 1653 Points : 1633 Date d'inscription : 20/05/2014 Age : 79 Localisation : Tarn & Garonne
Sujet: bonjour et bon mardi !! Mar 21 Mai - 5:11
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mar 21 Mai - 6:59
L'éphéméride du jour...
Aujourd'hui, nous fêtons les Constantin. Demain, nous fêterons les Émile ainsi que les Miloud, Quiterie et Rita de Cascia.
Le 21 mai est le 141e jour de l'année du calendrier grégorien, le 142e en cas d'année bissextile. Il reste 224 jours avant la fin de l'année. C'était généralement le 2e jour du mois de prairial dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour de l'hémérocalle.
à Marseille : le soleil se lève à 6h 01 le soleil se couche à 21h 09 durée d'ensoleillement : 14h 52 (+2mn
Célébration de demain : • Journée internationale de la diversité biologique
Citation du jour : « L'homme prospère est comme l'arbre : les gens l'entourent tant qu'il est couvert de fruits ; mais sitôt les fruits tombés, les gens se dispersent à la recherche d'un arbre meilleur. » Anonyme
Dicton du jour : « Au mois de mai pour une fois, le vent ne court pas sur le toit. »
Proverbe du jour : « Les absents ont toujours tort. »
Événement du jour : 1956 : Les États-Unis font exploser leur première bombe à hydrogène sur l'atoll de Bikini.
L'historiette du jour : Second contact de Donald Ghautier Robert Wilkinson scruta l’assemblée. Personne n’osait parler. Il décida d’utiliser une vieille astuce pour réveiller son audience apathique. William Simpson lui sembla le candidat idéal pour alimenter la controverse. C’était un milliardaire texan spécialisé dans le commerce des hydrocarbures, un businessman reconnu et difficile à désarçonner en public. Et, comme ses compagnons d’un jour, il avait visiblement du mal à avaler les théories du professeur Martinot.
Lire la suite:
— Je vous trouve bien silencieux, Simpson. C’est même étonnant de votre part. Je croyais qu’au Texas on n’avait pas sa langue dans sa poche. — Je ne suis pas docteur en machin-chose, Wilkinson. Mon bon sens paysan me sert de boussole, surtout quand il s’agit d’allonger les billets pour un projet fumeux au mauvais goût de science-fiction. Et là, on n’a eu que ça, de la fumée, du pipeau et rien d’autre. — Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? — Du concret. Un exemple. — C’est justement l’objet de la phase de prototype. — Moi, je ne vois que les cinquante millions qu’elle va nous coûter. À chacun d’entre nous. C’est cher payé juste pour voir. — Vous préférez laisser les Chinois, les Russes ou les Européens nous damer le pion ? — Je me demande si ça ne vaudrait pas mieux.
Robert avait depuis longtemps anticipé l’argument. Il savait combien les très riches Américains, ceux disposant d’un compte courant à neuf chiffres, se révélaient frileux dès qu’il s’agissait de sortir de leur zone de confort. Simpson n’échappait pas à la règle : la perspective de s’enrichir dans l’exploitation d’hydrocarbures extraits des satellites de Jupiter et Saturne l’avait amené à cette réunion de collecte de fonds mais l’exposé du savant français l’avait quelque peu refroidi. — Je vais récapituler, point par point. Vous me donnerez votre sentiment. — Allez-y ! — Primo : la technologie de compression des hydrocarbures a été éprouvée à maintes reprises par des compagnies américaines. Elle est considérée comme lucrative. Vous convient-elle ? — Oui. J’ai déjà des actions dans les sociétés d’ingénierie en charge de cette technologie. — Secundo : la construction d’un tanker spatial a été avalisée par la NASA et validée par les banquiers et les assureurs. Elle représente les deux tiers du budget. Comporte-t-elle un risque rédhibitoire ? — Non. On est en territoire connu là aussi. — Tertio : la propulsion magnétique est devenue monnaie courante dans les missions américaines et européennes. Elle permettrait de gagner un temps non négligeable dans la phase d’exploitation et comprimerait les délais liés au voyage lui-même. Sommes-nous d’accord ? — Oui et non. — Comment ça, non ?
Pour Simpson et ses pairs, investir dans cette technologie était risqué. La propulsion magnétique n’était pas encore rentable parce que l’indispensable ordinateur de bord prenait plus de place que le moteur et la cargaison.
En cela, l’invention du professeur Martinot était géniale. Il remplaçait la complexe et lourde ingénierie informatique par un cerveau humain tranquillement logé dans un corps, lui-même protégé par un silo réfrigéré, et plongé dans un sommeil profond. Le subconscient prenait la main sur le cortex cérébral, traitait les informations à la vitesse de la lumière et prenait des décisions sans recourir à des algorithmes complexes. Ce concept révolutionnaire brusquait les certitudes des investisseurs présents dans la salle ; pour eux, il se résumait à laisser un somnambule piloter un vaisseau spatial de la taille d’un porte-avions. * * *
Robert se servit une double ration de cognac. Il avait réussi à convaincre tous les investisseurs. Désormais, le projet entamait sa phase deux : construire la première version du vaisseau spatial et surtout trouver le parfait pilote. Assis en face de lui, le professeur Martinot dégustait une fine de champagne, l’air plutôt fier de lui. Son projet avançait bien : les candidats se bousculaient au portillon, son protocole de sélection s’avérait très efficace et la presse parlait de ses travaux. — Quel est le bon profil pour piloter un tel engin, professeur ? — Il n’y en a pas vraiment. Il faut avant tout éviter les anxieux, les indécis, les psychorigides et les intolérants. Ensuite, ce sont les tests en simulateur de vol qui font la différence. — Alors, si je pousse le raisonnement un peu plus loin, une personnalité complètement atypique, différente des habituels héros militaires, ferait l’affaire ? — Exactement. — Même un poète, par exemple ? — Un poète, pourquoi pas ? Ce serait même une bonne chose. L’espace ne se limite pas à des dimensions et des constantes, à des unités de mesure et des coefficients. Il existe une forme de poésie dans l’infiniment grand. Un esprit intuitif, détaché de la seule physique tout en la considérant comme importante, capable de décider sur une base esthétique et non purement rationnelle, aurait plus de chances de survivre dans un environnement hostile. — Permettez-moi de douter un peu. Ce point de vue, venant d’une sommité internationale de votre niveau, me parait carrément difficile à défendre auprès du grand public et encore plus de nos bailleurs de fonds. — C’est parce que vous avez les pieds sur terre. Vous êtes un homme d’action, habitué à traiter des faits, à prendre des décisions et à convaincre des professionnels du doute. Vous pensez que seule votre espèce peut parvenir à de tels résultats. C’est faux. Je crois d’ailleurs que nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec cette phase de sélection.
Robert adhérait complètement aux vues du savant français. Pour lui, ancien espion de haut vol, maîtriser un tel étalon revenait à réaliser un rodéo sur le dos d’un brontosaure géant. Seul un cavalier capable de lui parler à l’oreille, de le calmer, de voir au-delà des évidences, pourrait le conduire à bon port. Ce raisonnement excluait d’office les militaires, les politiques et les dogmatiques, trop orientés résultat. Cependant, il décida de prolonger la discussion. — Je sens dans votre dernière affirmation une petite cachotterie. Vous croyez qu’un poète osera se présenter, et même mieux, passera les sélections ? — Non seulement je le crois mais je le sais déjà. — Comment ça ? — À la lecture des résultats, j’ai repéré un candidat prometteur. — Vous m’étonnerez toujours. Comment s’appelle l’heureux élu ? — Vous connaissez le caractère confidentiel du processus de sélection. Tout ce que je peux vous dire tient en ces mots : il est britannique, né à Stratford-upon-Avon et auteur de poèmes. — Stratford-upon-Avon, n’est-ce pas la ville natale de Shakespeare ? — Exactement ! — J’espère qu’il ne s’appelle pas Hamlet. J’aurais du mal à justifier un tel choix auprès d’investisseurs premier degré. Gardez cette information pour vous, on ne sait jamais. * * *
Rupert MacGuffin sortit du simulateur de vol avec une sérieuse envie de rendre son petit déjeuner. Il commençait néanmoins à s’habituer aux contraintes spatiales. Son instructeur, un ancien astronaute de la NASA, le regarda extraire son corps longiligne du tube métallique. — Je me demande vraiment pourquoi je répète inlassablement cet exercice, Gyl. Dans une mission réelle, je ne sortirais pas de stase avant des mois, avec de nombreuses étapes de décompression préalable. — On ne discute pas le protocole, Mac, tu devrais le savoir, depuis le temps. Estimes-toi heureux que ces messieurs les friqués soient pressés par le temps, sinon tu en aurais pour des années avant de t’envoler dans l’espace. À la NASA, ils sont dix fois pires en termes de préliminaires et de tests à deux balles. — J’ai hâte de partir. — Tu n’es pas le seul sur la liste. Si ça se trouve, tu vas rester au sol, à côté des autres remplaçants. Il n’y a qu’une place dans ce vol. Celle du mort ou du héros. — C’est de l’humour estampillé NASA ? — Non, cette vanne vient des Russes à l’époque de Soyouz. Elle m’a toujours fait marrer, alors je la ressers à la bleusaille dans ton genre. — Je ne cherche pas à devenir un héros, Gyl. — Je sais, Mac. C’est pourquoi tout le monde ici souhaite te voir décrocher la timbale. Tu es un pur, un gars des étoiles, comme dans tes poèmes.
La préparation touchait à sa fin. Seuls quatre candidats continuaient à s’entraîner dans l’optique de partir en direction de Saturne et son satellite géant Titan. Les investisseurs avaient une fois de plus tranché dans le sens de la rentabilité immédiate et du profit assuré. Titan, véritable usine à méthane, représentait le Far-West des fournisseurs d’énergie et de carburant. Parcourir le milliard de miles séparant la Terre de Titan, dans des conditions difficiles, prendrait au minimum deux mois, un exploit comparé aux sondes Voyager du XXe siècle. Pourtant, soixante jours de voyage signifiaient autant de temps perdu pour l’exploitation des hydrocarbures de Titan, aussi les décideurs avaient demandé à l’équipe de raccourcir la phase de préparation des pilotes, une fois le vaisseau terminé. La logique financière l’avait emporté sur les questions de sécurité. * * *
Rupert aborda facilement la stase active. Son subconscient prit le pas sur sa conscience sans provoquer de déchirement schizophrène, un des risques propres à cette technologie. Il prit en main la navigation de SPHYNX, le vaisseau gigantesque destiné au vol vers Titan. Heureusement, dans le désir des ingénieurs de tout contrôler, il disposait d’un assistant intelligent baptisé SISTER. Ce logiciel communiquait avec lui via une interface neuronale, une trouvaille astucieuse du professeur Martinot pour aider le cerveau humain à prendre de meilleures décisions.
SPHYNX avait quitté la zone d’influence gravitationnelle de la Terre. Il était temps, tel que décrit dans le manuel de navigation, d’enclencher le moteur à propulsion magnétique. Selon les experts, c’était le moment de vérité pour la théorie du savant français, l’instant de fusion intégrale entre l’homme et la machine, ou d’explosion du vaisseau spatial pour cause d’incompatibilité entre le pilote et son astronef. SISTER s’acquitta des communications scientifiques avec le centre de commandes basé à Houston. — SPHYNX à Houston, m’entendez-vous ? Ici SISTER. — La réception est parfaite, SISTER. Ici Mason, responsable du quart. — Nous sommes passés en propulsion magnétique. SPHYNX accélère sans problème. Nous dépassons déjà les cent mille kilomètres par heure ; et ce n’est qu’un début. — Nous vous voyons encore sur l’écran. C’est formidable, tout se passe comme prévu. — MAC a planifié un recalcul de la trajectoire d’ici douze heures. — Très bien. Les conditions de vol s’annoncent idéales. — Prochain point dans six heures. Fin de transmission. — Fin.
Rupert lança les procédures de navigation, aidé par les programmes de SISTER et les nombreuses cartes embarquées dans la mémoire centrale de SPHYNX. La structure métallique du vaisseau absorba les accélérations successives et les changements de cap sans rencontrer de problème technique. Le vol se déroula suivant le protocole standard. La vitesse se stabilisa autour du million de kilomètres par heure, un record absolu dans la courte histoire des vols spatiaux. SPHYNX n’eut même pas besoin d’utiliser la gravité d’une planète tierce pour accélérer ou infléchir sa trajectoire.
Une semaine après leur départ, SISTER envoya une dernière communication à Houston : « Nous sommes à cent soixante millions de kilomètres de la Terre, sur la trajectoire optimale. Le moteur à propulsion magnétique se comporte parfaitement. Nous n’avons aucune anomalie à déclarer. Comme convenu, nous ne communiquerons plus avant d’aborder la zone d’influence de Saturne. Vous recevrez uniquement nos coordonnées spatiales via le module automatique de SPHYNX. MAC est en parfaite santé. Ses constantes physiques sont conformes à nos prévisions. Il est rentré en phase de sommeil lent. Cela devrait durer quatre semaines. »
La suite du voyage s’avéra également tranquille. Le subconscient de Rupert continua de piloter SPHYNX, utilisant les ressources de SISTER pour optimiser le trajet et éviter les écueils de la ceinture d’astéroïdes, choisissant des voies détournées pour s’affranchir de la gravité de Jupiter tout en économisant la propulsion magnétique. À la date planifiée par SISTER, Rupert rentra en sommeil paradoxal, la seconde variable sensible à surveiller de près, selon le professeur Martinot. Dans la théorie du savant français, c’était l’instant fatidique où le subconscient pouvait déraper à cause de rêves incontrôlables. SISTER activa les capteurs neuronaux et l’électroencéphalogramme au cas où il devrait prendre la main sur les données biologiques du pilote. * * *
L’éther se transforma en forêt tropicale. Les constellations étoilées laissèrent place à des arbres aux fruits inconnus et aux larges feuilles. Le vide spatial se remplit d’une musique enivrante, un concert de crissements et de bruissements. Au loin, une grenouille coassa, répondant ainsi aux sifflements des oiseaux, aux grincements des lombrics et à la brise forestière. Rupert sentit l’humidité l’étreindre. À la sécheresse de son silo de stase s’opposa la moiteur d’un climat amazonien, avec ses larmes de sueur venues d’une atmosphère saturée en eau. Des odeurs exotiques chatouillèrent ses narines. Des fleurs, des animaux et l’air lui-même semblèrent envahir le volume olfactif, donner de la mesure à son odorat si longtemps confiné. — Aimes-tu ce monde, Rupert ?
La voix semblait venir de nulle part et de partout à la fois. Douce, féminine, elle s’exprimait dans un anglais parfait aux consonances britanniques, avec un petit arrière-goût de Stratford-upon-Avon. — Il est beau. Il ressemble à mon idée du Brésil, celui de Villa Lobos et de l’Amazonie d’avant. — Visite-le si tu le souhaites. — Je ne me vois pas. Est-ce normal ? — En as-tu vraiment besoin ? Ton regard ne te suffit-il pas ? — C’est vrai. Je devrais avoir l’habitude depuis le temps. Je suis en stase, enfermé à l’intérieur de mon corps. — Dépasse cette explication, Rupert. Elle est certes facile à comprendre mais loin de la vérité. — Comment ça ? — Ne te pose pas ce genre de questions. Laisse ton intuition te conduire. Tu perçois l’Univers dans sa beauté et non dans sa logique. D’ailleurs, n’est-ce pas la raison de ta présence ici ?
Rupert repensa à ses discussions avec le professeur Martinot. Quelque part, lors de leurs longues conversations, il avait ressenti chez le savant une forme de dégoût pour l’objectif officiel de la mission. Là où les techniciens parlaient de performance et de pourcentage d’achèvement, le professeur voyait uniquement un prétexte à un événement plus grand que le seul exploit scientifique. Il n’en disait pas plus, évoquant uniquement la poésie de l’éther infini. La forêt scintilla soudain. Rupert accepta l’invitation à poursuivre sa découverte du monde où il se trouvait. Il marcha à travers les branchages, sans se heurter à des ronces ou à des griffes, comme s’il était immatériel et sensitif à la fois. — J’aime ce rêve. — Ce n’est pas un rêve, Rupert. Tu es bien dans une forêt. — Mais l’Amazonie ne ressemble pas à ça. Elle est dévastée, déboisée, polluée, vidée de sa faune. C’est devenu une décharge, le terrain vague des scieries brésiliennes. — Il n’y a pas que l’Amazonie dans l’Univers. — C’est la première image qui m’est venue à l’esprit. — Parce que tu n’as jamais voyagé. — D’accord, mais à ma connaissance il n’existe plus de forêt aussi magnifique, même dans les réserves d’Amérique du Nord. — Tu as quitté la Terre il y a plusieurs semaines, te souviens-tu ? — Oui. — Alors, oublie-la. Redeviens un poète. * * *
Robert Wilkinson s’assit sur le rebord de la table. Il avait besoin d’informations, une ressource essentielle dans son métier, surtout au vu des milliards de dollars placés par des investisseurs américains, sur son conseil, dans une entreprise des plus audacieuses. Wilson, le responsable des opérations, n’en menait pas large. Peu courageux d’ordinaire, il n’avait pas dérogé à sa règle de conduite et avait décidé de partager la volée de bois verts avec son collaborateur Mason. — Si je vous comprends bien, Wilson, SPHYNX a dépassé l’orbite de Saturne et se dirige actuellement vers les confins de notre système solaire. — Oui, monsieur. — On a donc raté le rendez-vous avec Titan. Pourquoi n’avons-nous rien vu venir ?
Robert posait la seule question intéressante. SPHYNX était normalement suivi par le centre de commandes à Houston, avec un protocole de rapport régulier entre le vaisseau et les ingénieurs sur Terre. SISTER, l’interface numérique entre le pilote et l’aéronef, avait été spécialement conçu pour minimiser le risque, réduire l’aléa à sa portion congrue. Les réponses techniques fournies par Wilson et Mason n’apportèrent aucune réponse satisfaisante. Au mieux, elles habillèrent la catastrophe d’un halo de mystère, de singularité cosmique. — Je récapitule les faits : SPHYNX a dérivé de sa trajectoire à la moitié du trajet aller. De plus, le vaisseau s’est mis à accélérer au-delà de ses capacités théoriques. Vous avez même du mal à le suivre tellement il va vite désormais. Dix millions de kilomètres par heure, ce n’est pas commun ! — Ce qui m’étonne, c’est la résistance des infrastructures, fit remarquer le professeur Martinot. — Nous pensons que SPHYNX s’est délesté de l’inutile. Il a vraisemblablement éjecté le matériel dédié à l’extraction et à la compression des hydrocarbures de Titan. — Et SISTER dans tout ça ? Je croyais que c’était notre assurance tous risques, demanda Wilkinson.
Le professeur Martinot avait bien une idée mais elle risquait de ne pas plaire aux Américains. SISTER n’était qu’un programme informatique. Rupert avait probablement choisi de changer la destination de SPHYNX, pour une raison encore inconnue, et contraindre SISTER à ses vues. Le savant en avait conscience : dans sa théorie, l’humain représentait le point faible, le véritable facteur d’aléa. Plus puissant que n’importe quel dispositif artificiel de contrôle, il était capable de transformer une simple mission de routine en délire galactique. C’était pourquoi lui, l’éminent professeur Martinot, avait choisi Rupert MacGuffin, un poète venu de Stratford-upon-Avon, un garçon pacifique et pas le moins du monde mystique. — Professeur Martinot, vous avez conçu le programme, imposé SISTER dans le dispositif et veillé au choix du pilote. Alors, j’attends de vous une réponse digne de ce nom. Faites-moi grâce de vos explications à deux balles, des termes scientifiques et de toute considération inutile ! — Je n’ai pas de boule de cristal ! — Je ne vous demande pas le futur. Il apparaît évident que jamais nous ne retrouverons SPHYNX. Ce qui importe est de comprendre le passé, la raison d’un tel désastre. — Rupert MacGuffin a décidé autre chose. Je ne sais pas pourquoi. Il n’avait pourtant rien du révolutionnaire ou de l’exalté. La mission l’intéressait pour la beauté du geste et non pour sa finalité. — SISTER devait brider son libre-arbitre, je me trompe ? — Vous avez raison. SISTER a dû juger valables les raisons de Rupert. Dans ce cas-là, il ne s’agit plus de libre arbitre puisqu’il y a consensus entre l’homme et la machine. — Eh bien, on n’est pas dans la merde avec une telle réponse. * * *
Rupert arriva au bout de la forêt. Il entrait désormais dans un monde aquatique. Il regarda le ciel et constata un duo de soleils à sa droite et trois boules massives sur sa gauche. Visiblement, il visitait une planète dotée de satellites géants ou alors un ensemble équilibré de quatre corps telluriques. La science n’était pas forcément sa tasse de thé mais la curiosité l’emporta. Il demanda à son hôte inconnu où il était tombé. — Je n’ai jamais vu ça auparavant. Qu’est-ce que c’est ? — Une autre forme, Rupert. La nature s’exprime de bien des manières. — Suis-je sur une planète géante ? — Qu’est-ce que ça changerait ? — Rien, je suppose. C’est juste pour savoir. J’ai eu des cours de cosmologie pendant mon entrainement mais jamais il n’a été question d’une telle configuration avec une planète capable d’abriter la vie, de tenir en orbite trois grosses lunes le tout dans un système à deux étoiles. — C’est humain de se rassurer avec des scénarios connus. — Comment le sais-tu ? Tu ne me sembles pas humaine.
Cette dernière phrase sonna dans son esprit comme une révélation. Il savait qu’il était en stase profonde, quelque part dans le système solaire, pilotant un tanker spatial par la seule force de son subconscient. Normalement, seul SISTER avait le pouvoir de communiquer avec les différentes strates de sa conscience. Pourtant, SISTER restait muet tandis qu’une inconnue philosophait dans sa tête. Il décida d’en savoir plus. Pour cela, il avait besoin de réponses précises. — Je ne reviendrai pas, c’est ça ? — Nous partons tous un jour, Rupert. — Est-ce que je dors encore ? — Tu n’as jamais dormi. — Comment ça ? — Change de raisonnement. Dormir suppose que le subconscient est la phase immergée de la conscience. Et si c’était le contraire ? — Bizarre comme théorie. — Tu es un poète et non un scientifique. Pense en poésie et non en théorèmes, en postulats ou de quelque manière dogmatique propre à ceux qui veulent tout expliquer à n’importe quel prix.
Rupert se remémora ses cours de sciences où un vieux professeur habillait l’ignorance des hommes de substituts logiques. Il n’avait jamais trouvé une parcelle de poésie dans ces créations artificielles. Elles servaient juste de béquille esthétique à une vision rétrécie du monde, à une pensée où tout avait un début, un milieu et une fin.
La mer l’appela. Le scintillement des vagues, l’odeur des embruns et la moiteur de l’air excitèrent ses sens. Il se souvint de ses premiers émois de petit enfant, quand ses grands-parents le promenaient le long du littoral écossais pendant les vacances d’été. Il se laissa aller à des images colorées, à des senteurs iodées et à des frissons électriques. Son cerveau arrêta de formaliser et commença à tanguer, du haut vers le bas, de la droite vers la gauche, du devant vers l’arrière, du passé vers le futur, puis dans toutes les dimensions à la fois. La voix lui parla dans un langage non sensoriel, une sorte de musique sans notes. Rupert eut l’agréable impression de comprendre sans avoir à se forcer, comme s’il avait toujours communiqué ainsi. * * *
Le professeur Martinot étudiait les résultats des tests passés par Rupert MacGuffin depuis sa sélection. Il voulait comprendre pourquoi la mission prenait une tournure inattendue, comment un garçon a priori si tranquille avait réussi à surpasser des milliards de dollars de haute technologie par la seule puissance de son subconscient. Son assistante personnelle, une vieille Bretonne à son service depuis une trentaine d’années, l’interrompit dans ses recherches. — Professeur, il est l’heure de dîner. Le réfectoire va fermer si vous n’y prenez gare. — Je n’ai pas faim, Sylviane. — Il faut manger pour vivre, professeur. — Comment ? Pouvez-vous répéter ce que vous venez de dire, Sylviane ? — Je citais Molière, dans sa pièce l’Avare. Il cite le proverbe grec : « il faut manger pour vivre... » — «...et non pas vivre pour manger. ». Oui, c’est ça ! — C’est un classique, professeur. — Il prend tout son sens aujourd’hui, Sylviane. Vous ne pouvez pas savoir à quel point. Merci !
Sylviane le regarda d’un œil suspicieux. Elle se demanda si le vieux savant n’abusait pas des liqueurs et des antidépresseurs, un mélange explosif, depuis les derniers événements et la disparition inexpliquée de son protégé. — Tout va bien, professeur ? — Oui, Sylviane. Je pense avoir trouvé. — Trouvé quoi ? — Pourquoi Rupert a disparu. — J’en suis contente pour vous, professeur. Vous allez mieux dormir désormais. — Je l’espère.
Sylviane sentit que le professeur Martinot avait besoin de se confier. Elle représentait d’habitude la confidente idéale pour ce génie des neurosciences, parce qu’elle ne se targuait pas de connaissances scientifiques mais gardait les pieds bien sur terre, dans une forme de sagesse paysanne. — Alors, pourquoi ce jeune homme a-t-il disparu, professeur ? — Si je vous le dis, vous allez me prendre pour un fou. — Depuis trois décennies, je supporte vos excentricités. Jamais je n’ai exprimé de réserve sur votre état mental. Vous êtes génial. Je vous admire sans saisir une once de votre raisonnement.
Le savant sourit en pensant à la tête que feraient Wilkinson, Wilson, Mason et les autres s’ils l’entendaient formuler son hypothèse. Il les imagina en train d’appeler des infirmiers, de lui mettre une camisole de force et de le jeter au fond d’une cellule capitonnée. — Nous avons pris le problème à l’envers, depuis le début. Nous avons supposé que Rupert piloterait le vaisseau pendant sa phase de sommeil, grâce à son subconscient exacerbé par un dispositif de mon invention et contingenté par un carcan numérique. Ainsi, nous utilisions cette machine à rêves, puissant catalyseur de la puissance cérébrale, pour prendre la main sur des programmes et des commandes complexes, pour régir un système artificiel composé de logiciels, de circuits électroniques et de machinerie. — Et ce n’est pas le cas ? — Dans notre dimension, si. Rupert est entré dans le rêve et en a fait sa conscience. Il a ainsi renversé le subconscient. Pour lui, notre réalité est devenue le rêve, la face cachée de son existence, à la différence près qu’il n’a pas à la refouler. Il l’accepte telle quelle, dans sa brutalité. — Qu’est-ce que ça change, professeur ? — Pour nous, rien. Pour lui, le poète, tout. Il accède aux dimensions cachées par notre perception du réel. Ce faisant, il amène le vaisseau SPHYNX et le logiciel SISTER avec lui. Ils vont accéder au Nirvana, à la fin de la souffrance, de l’illusion et de l’ignorance propres à notre civilisation. — Je crois en effet qu’il vous faut garder cette explication pour vous, professeur, sinon je devrai vous apporter des oranges à l’asile. Restez dans votre chambre, professeur, je vous apporterai le dîner.
Bonne journée à toutes et tous
Opaline Membres
Messages : 1232 Points : 1234 Date d'inscription : 28/05/2014 Age : 78 Localisation : Bouches-du-Rhône
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mar 21 Mai - 7:25
Bonjour les amis ! Du soleil, enfin ! Je commençais à désespérer.
bonjour a tous un peu brumeux ce matin bonne journée a tous bisous
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mar 21 Mai - 12:44
Bonjour a vous toutes et tous bon Mardi Gros Bisous et bonne journée
* gigi *
Messages : 555 Points : 571 Date d'inscription : 04/01/2019
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mer 22 Mai - 0:08
courage a ceux qui en on besoin
pour le rendez vous avec le dermato j'en suis déçue
pour mon rendez vous au gynéco tout sait bien passer je doit retourner dans 6 mois
je doit faire une prise de sang complète
et faire une mammographie en octobre
prenez soin de vous
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mer 22 Mai - 6:45
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mer 22 Mai - 7:03
Très joli décor, merci provence
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mer 22 Mai - 7:03
L'éphéméride du jour...
Aujourd'hui, nous fêtons les Émile ainsi que les Miloud, Quiterie et Rita de Cascia. Une pensée pour ma maman, qui s'en est allée déjà 4 ans Demain, nous fêterons les Didier.
Le 22 mai est le 142e jour de l'année du calendrier grégorien, le 143e en cas d'année bissextile. Il reste 223 jours avant la fin de l'année. C'était généralement le 3e jour du mois de prairial dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour du trèfle.
à Marseille : le soleil se lève à 6h 08 le soleil se couche à 21h 02 durée d'ensoleillement : 14h 54 (+2mn)
Célébration du jour : • Journée internationale de la diversité biologique
Citation du jour : « La voie de l'homme sage s'exerce sans lutter. » Li Eul, dit Lao-Tseu
Dicton du jour : « Rosée de Mai verdit les prés. »
Proverbe du jour : « Les mariages se font au ciel et se consomment sur la terre. »
Événement du jour : 1910 : L'écrivain Jules Renard meurt à l'âge de 46 ans. Il a manifesté son amour de la campagne dans les Histoires naturelles, dont 5 ont été mises en musique par Ravel. Pour le théâtre, il écrit de courtes comédies, notamment Le plaisir de rompre et Le pain de ménage. C'est aussi à Jules Renard qu'on doit Le Journal, une succession de réflexions sur les artistes et les écrivains de son époque.
L'historiette du jour : Le royaume des cieux de Zabal — Je ne voudrais nullement influencer Votre Altesse, mais je pense que revenir sur votre décision serait catastrophique. Le roi me tournait le dos. Il regardait par le hublot les nuages défiler dans le ciel, sous nos pieds. — Si Monsieur D’Alembert venait à être capturé, le mystère qui entoure votre règne serait anéanti, ajoutai-je, et notre royaume menacé. Cela signerait définitivement la fin de la monarchie. Nous étions seuls dans la salle de trône. À trois mille mètres d’altitude, sous les ballons gonflés d’air chaud qui maintenaient le palais dans les airs, on pouvait apercevoir les collines du Morvan cernées par les cumulonimbus.
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— J’espère que le mauvais temps va cesser, François, me dit le roi qui semblait se réveiller d’un profond sommeil. Je ne voudrais pas que les installations prennent l’eau. La dernière fois, il nous a fallu un mois pour tout vidanger, et nous avons perdu cinq cents mètres. — Sire, je vous le répète, si je ne peux pas descendre pour récupérer monsieur D’Alembert, les installations n’auront plus d’importance. — Je n’aurais jamais dû lui faire confiance. Ce jacobin m’a berné. Aurais-je dû être plus méfiant ? — Sire, nous ne savons pas ce qui s’est passé. Il est prématuré de parler de trahison. Je lui ai fait confiance moi aussi. — Mais trois jours, rendez-vous compte ! Il devrait être rentré depuis longtemps. Avec l’équipement dont il dispose ! Monsieur D’Alembert s’était envolé avec une aile propulsée. Au regard de son niveau de compétence et de la fiabilité du matériel, il était impossible qu’un incident technique ou une erreur humaine l’ait retardé. — Les Prussiens occupent Paris, Sire, je ne vous apprends rien. Il ne doit pas être si aisé de... — Partez Ferdinand ! Vous avez sans doute raison. Allez-y ! Mais si vous ne revenez pas vous non plus, je pourrai dire adieu à mon royaume céleste. — Ne vous en faites pas pour moi, Sire, je reviendrai et monsieur D’Alembert également. — J’aimerais en être convaincu, Ferdinand, croyez-moi. Sa Majesté semblait abattue, une attitude qui lui était malheureusement coutumière. À croire que le panache des rois s’était affadi au fil des révolutions. Monsieur Bergeron m’attendait derrière la porte. Comme d’habitude, il avait espionné notre conversation. — Cet amplificateur de voix dépasse l’entendement, me confessa-t-il. J’ai placé la capsule dans le sceptre, et je vous jure, Monsieur, que je pouvais presque entendre les pensées de Sa Majesté ! Tout cela va bien trop vite, même pour nous. Je dois maintenant tester... — Je vais emprunter la barque ! le coupai-je. Est-elle encore chargée ? — Oui, mais vous irez beaucoup plus vite avec les ailes. — Je ne veux pas courir ce risque. Il ne nous reste plus que cette paire. La barque sera plus discrète. Je remonterai la Seine à la tombée du jour. Monsieur Bergeron concentra soudainement son attention sur les sons qu’émettait son oreillette. — Que se passe-t-il ? demandai-je. — Le roi s’est endormi. Nous savions tous les deux que le roi, éveillé ou endormi, n’influait plus sur la gouvernance du royaume des cieux. Seuls les artistes, les scientifiques et les techniciens façonnaient, sous l’autorité des ministres dont je faisais partie, le royaume qui bientôt rayonnerait sur la planète. Je traversai la salle d’étude où nos concepteurs, sous l’immense dôme lumineux conçu entièrement en verre, œuvraient du matin au soir. Ils se levèrent pour me saluer. — Monsieur le Ministre ! m’interpella un dessinateur. Je suis inquiet pour monsieur D’Alembert. J’espère que mes ailes ne sont pas en cause. Je ne me relèverai pas d’un tel échec. Je le rassurai et quittai rapidement la salle Louis XIV, baptisée du nom de celui qui avait inauguré le projet. J’eus le temps de repenser à son génie visionnaire durant les sept minutes que dura ma descente vers l’ombilic. Un air propulsé freinait ma chute dans la goulotte étroite. L’habitude avait transformé la peur en amusement. Soudain, j’entendis résonner les paroles de notre roi précurseur : « Le génie se cache partout. Chez les nobles fainéants et dévergondés autant que chez les enfants de paysans. Cherchez ! Trouvez ! Instruisez et rassemblez ceux qui œuvreront pour le bien de tous, qui briseront les chaînes de l’impossible progrès que le calendrier du temps a créées trop longues. Demain, je veux marcher sur les nuages, voir le soleil de plus près ! ». Près de deux siècles plus tard, son rêve devenait réalité. Le grincheux Théodore m’accueillit en bas, dans la pièce la plus étroite du complexe souterrain. J’étais, grâce à mon rang, épargné par sa mauvaise humeur. Il était chef de la sécurité et tenait son rôle à la perfection. — On prépare la barque, me dit-il en serrant les dents pour s’empêcher de hurler son mécontentement. Je l’entendais à peine à cause du brouhaha incessant de la machinerie à vapeur. Dans la salle voisine, une centaine de moteurs envoyait de l’air chaud vers les aérostats. — Vous faudra-t-il en plus sortir armé ? me demanda-t-il, exaspéré. Théodore détestait que les créations circulent à l’extérieur. Paris, pour lui, représentait la plus grande menace, surtout au regard des événements qui s’y déroulaient. Il croyait le royaume des cieux connu et espionné par plusieurs pays européens. — Qu’en pensez-vous ? l’interrogeai-je pour le radoucir. — Prenez ce qu’il vous faut pour ne laisser aucune trace de votre passage et de ce que vous emportez avec vous. C’est tout ce que je pense. Il avait le mérite d’être clair. — Donnez-moi le phaseur alors ! Le phaseur ressemblait à un pistolet grossièrement taillé dans du graphite. Nous en avions une grande quantité. Son créateur, Isaac Saint Pierre, était mort en l’élaborant. Il avait été victime de l’énergie métallique qui servait au fonctionnement de l’ensemble de nos créations. Nous n’arrivions pas à la maîtriser à grande échelle. Je quittai l’armurerie accompagné d’un lieutenant qui me mena jusqu’à l’embarcation. — Félicitations pour votre promotion, dis-je à l’officier. — Merci Monsieur le Ministre. Travailler dehors est une grande satisfaction pour moi. — Je vous comprends. Qui sait, un jour, vous monterez peut-être avec nous. Il sourit pour m’être agréable, mais il n’y croyait pas. Il ne pouvait pas savoir que grâce à Monsieur D’Alembert et aux informations qu’il était parti chercher à Paris, les travaux pouvaient s’accélérer rapidement. La fondation d’un casernement aéroporté était une priorité pour l’ensemble des ministres. La barque ressemblait en tout point à celle d’un pêcheur lambda. Le système de propulsion était immergé. Seuls le gouvernail, fabriqué dans un alliage plus résistant que le bois, parfaitement maquillé, et le contacteur à clé situé sous le siège auraient pu éveiller les soupçons quant à l’étrangeté du véhicule. — Vous pouvez me laisser, dis-je à l’officier. La nuit ne va pas tarder à tomber. — Très bien, Monsieur le Ministre du Développement, me répondit-il très solennellement. Et il m’abandonna au milieu des bois. Je levai les yeux et discernai à peine le palais et la goulotte aux reflets célestes. Les conseillers de Louis XIV lui avaient assuré que le Morvan était le meilleur endroit pour installer le royaume. Le ciel y était constamment voilé. « Personne ne le verra jamais » avaient-ils juré. Et ils ne s’étaient pas trompés. D’Alembert, ministre de l’Extérieur, était parti depuis trois jours. Il n’aurait dû s’absenter qu’une journée. Je contrôlai la charge du phaseur. Il avait assez de puissance pour creuser un cratère de deux mètres sous mes pieds. Théodore n’avait pas à s’inquiéter. Si besoin, je pouvais effacer toute trace de mon existence. Si le système élaboré de propulsion était une avancée révolutionnaire, celui de la navigation automatique en était une autre. Le gouvernail était dirigé par un cerveau moteur, qui régulait également la vitesse, me laissant ainsi libre de travailler mes dossiers, voire de me reposer. La croisière allait durer sept heures. Je devais entrer dans Paris au milieu de la nuit, un moment propice pour tromper la vigilance prussienne. L’air était froid et humide, rempli d’odeurs qui me rappelaient le temps où je vivais sur Terre. Je me laissai déborder par l’envie de partir avant le crépuscule. Là-haut, le paysage manquait de couleurs et de formes, réduit à une triste palette de tons bleus et gris et à l’évanescence des nuages. Ici jaillissaient toutes les couleurs de l’arc-en-ciel sur un relief solide. Je n’avais pas quitté l’embarcadère depuis trente minutes qu’un paysan me remarqua. Il chiquait son tabac sur le rivage. Ces rencontres n’étaient pas rares, mais elles ne représentaient aucun danger. Les dires d’un inculte local ne pouvaient intriguer personne si loin des grandes villes. Il allait rentrer chez lui et faire rire son entourage, avant que son labeur ne distille ses souvenirs. Je dormis près de cinq heures, enveloppé dans une épaisse couverture, avant de me réveiller en sursaut. Un coup de canon venait d’être tiré. Je me rapprochais de la capitale. L’air était glacé. Je heurtai quelque chose. C’était une boule de Moulins prisonnière du givre. Je la laissai poursuivre son voyage. Comme je m’y attendais, le cours de la Seine était entravé de filets. Le siège était levé, mais il restait encore quelques obstacles censés empêcher les communications avec l’extérieur. Je dus en découper trois avec mon sabre. Malgré la nuit, je pouvais voir les ravages de la guerre. Les ponts, les habitations détruites. Voilà où nous avait conduits la chute de la monarchie. Deux embarcations ennemies, plus grandes que la mienne, étaient amarrées de chaque côté du fleuve au niveau de Bercy. Je dus réduire ma vitesse et prier notre bon roi Louis XIV pour ne pas être repéré et faire demi-tour. Je fus entendu et pus débarquer à proximité du Louvre dans une ville étrangement déserte et silencieuse. Le comte de Laroche, qui était acquis à notre cause et qui avait déjà financé sa future résidence là-haut, était notre homme de confiance dans la capitale. J’amarrai mon embarcation sur son quai privé et confiai à un de ses serviteurs un message à lui remettre urgemment. — Vous choisissez un bien mauvais moment pour nous rendre visite, Monsieur le duc, me dit Albert. La colère gronde dans la ville qui est au bord de l’explosion. Demain, l’ennemi défilera sur les Champs-Élysées. Le peuple est humilié. Il se sent une nouvelle fois trahi par ses dirigeants. Le sang va se répandre, encore. Albert vivait depuis dix ans sur le bateau marnois de monsieur Laroche. Il était habituellement d’humeur joyeuse, mais cette fois, le désespoir l’habitait. Il redoutait de devoir sacrifier sa vie pour une cause qui le dépassait. Je commençais à comprendre ce qui avait pu retenir monsieur D’Alembert. Républicain convaincu, il s’était rallié à nous uniquement par passion pour les sciences. Sa dévotion pour ce domaine et l’étendue de ses compétences nous avaient poussés, malgré le risque, à le mettre dans la confidence. Cela avait été un succès. J’étais persuadé qu’il ne nous trahirait pas, mais je ne pouvais jurer de son allégeance une fois plongé dans ce bain bouillonnant de haine qui pouvait transformer le plus sage des hommes en bête. Nous ne devions en aucun cas intervenir dans les affaires du monde terrestre. C’était notre principale injonction. Je marchai jusqu’aux Tuileries où D’Alembert était supposé se trouver. Je frappai à la porte de Jean Ravillac, un ancien avocat proche de Louis Philippe, qui était un homme de confiance du roi. Ce fut D’Alembert qui, après m’avoir identifié par la fenêtre, m’ouvrit. — Que vous est-il arrivé ? lui demandai-je une fois à l’abri de la luxueuse demeure. Pourquoi n’êtes-vous pas rentré ? — Impossible. La situation ici est trop grave. Vous a-t-on informé ? — Oui, sommairement. — Demain, l’ennemi d’outre-Rhin doit défiler sur les Champs-Élysées. Jamais je ne laisserai salir la mémoire de mes ancêtres par le bruit des bottes prussiennes. Elles ne martèleront pas impunément le pavé parisien, le même qui s’est abreuvé du sang des miens. Je mourrai demain, Monsieur de Lombard, l’arme à la main. Et il sortit celle qu’il dissimulait dans son veston. C’était un phaseur, le même que le mien. — Avez-vous perdu la raison ? le sermonnai-je. Rangez cette arme et retournons là-haut ! Il haletait. Un démon l’habitait. — Où sont vos ailes ? l’interrogeai-je. Qu’a donné votre entretien avec Monsieur Leprince ? Ses études sont-elles sérieuses ? — Oh combien ! s’exclama-t-il. Tout est là, dans cette mallette. Partez et remerciez le roi pour sa confiance. Il n’est pas du même sang que ces vils monarchistes qui, dans ce nouveau gouvernement, trahissent leurs compatriotes. Il ne me reverra plus. — Donnez-moi cette arme ! — Je mourrai demain, je vous ai dit, mais pas avant d’avoir nettoyé la place de quelques soldats ennemis. — Vous avez juré, Monsieur ! répliquai-je. — Et aujourd’hui je parjure ! N’ayez crainte, il ne restera rien de tout cela ! — Et vos ailes ? — Je piquerai sur la colonne avec et tout disparaîtra. N’ayez crainte, vous dis-je, il ne restera rien, ni de moi ni de nos inventions ! — Vous rendez-vous compte des conséquences d’un tel acte ? — L’honneur, Monsieur de Lombard. Mon honneur et celui de ma famille. Il en va de cette décision. Je ne pouvais pas le laisser faire. — Raisonnez-vous et rentrez avec moi ! Remettez-moi votre arme ! J’avais saisi la mienne. Il la remarqua sous mon veston. — Quelle mouche vous a piqué, D’Alembert ? ajoutai-je. Vous êtes un génie, embarqué dans le plus grand projet de tous les temps. N’allez pas détruire tous nos espoirs ! Monsieur de Ravillac nous rejoignit. — Je l’ai déjà sermonné, dit-il, mais rien n’y fait. Il est pris de la fièvre mortelle de la révolution. La raison lui échappe. Et puisque votre présence ne le fera pas changer d’avis, je suis d’avis de l’éliminer. Tentait-il de lui faire peur ou était-il sérieux ? Je savais que Ravillac briguait une place de ministre. Le roi m’en avait informé. — Monsieur d’Alembert a plus de valeur que le roi et ses sujets réunis, dis-je. Ressaisissez-vous, tous les deux ! Notre hôte ne plaisantait pas. Il pointa son pistolet sur D’Alembert. Ce dernier n’avait plus le choix. Soit il mourait, soit il rentrait dans le rang en abandonnant son projet d’opération suicide. — Il y a une soif de vengeance que vous, royalistes, ne pouvez comprendre. Celle du peuple manipulé, meurtri, qui met chaque jour sa vie en danger pour servir les intérêts d’une aristocratie indifférente. On a aboli l’esclavage, mais pas l’oppression. Ce monde n’en finira jamais de... — Mais vous virez anarchiste, mon cher D’Alembert ! le coupa Ravillac. Mon ami et confrère était épuisé. Il avait traîné de réunions clandestines en rassemblements populistes pour se saouler de discours crachés par les meneurs de l’insurrection. Ses vieux démons avaient refait surface. — C’est pour construire un monde meilleur que le royaume s’est élevé, répliquai-je. L’avez-vous oublié ? Il se calma. Il reprenait enfin pied. Sa fougue s’était dissipée comme une volute de fumée balayée par une brise de bon sens. Ravillac baissa son arme. Je l’imitai en restant sur mes gardes. J’avais changé de cible. Garder D’Alembert en vie était capital. Tirer sur Ravillac avant qu’il ne commette l’irréparable était essentiel. — Nous devons rentrer, répétai-je. Où avez-vous caché vos ailes ? — Elles sont à Montmartre, répondit Ravillac. Vous ne pourrez pas les récupérer maintenant. C’est un point stratégique pour les insurgés. Je m’en chargerai plus tard. — Hors de question ! répliquai-je. Ce n’est pas un jouet. Qui en a la garde ? — Roussin, dit D’Alembert. Roussin était le plus âgé de nos collaborateurs. Il exerçait autrefois comme artiste peintre. Ses portraits étaient renommés. L’émergence de la photographie l’avait relégué au rang des inutiles et comme un malheur ne frappait jamais seul, il était devenu aveugle. — Vous préférez qu’il s’envole à ma place ? ironisa Ravillac. — Nous reviendrons chercher les ailes lorsque la situation sera apaisée, dis-je. Notre hôte disparut, contrarié de ne pas pouvoir s’amuser avec nos jouets technologiques. Je quittai la résidence avec D’Alembert encore sonné par le contrecoup de sa capitulation. La rue de Rivoli était déserte. Une détonation lointaine me rappela qu’à chaque instant nous pouvions être surpris par l’occupant. — Pardonnez-moi, mon ami ! lança d’Alambert. Je ne sais pas ce qui m’a pris. — C’est du passé. Rentrons ! — Comment êtes-vous venu ? me demanda-t-il. — Avec la barque. Nous devons rejoindre les quais. Une patrouille prussienne sortit du jardin des Tuileries. Quatre soldats escortaient un insurgé parisien qui avait été roué de coups. Un militaire s’effondra. Je percevais le sifflement du phaseur derrière moi. D’Alembert, plongé dans l’obscurité, avait tiré et il tira une nouvelle fois avec précision sur le groupe armé. Les deux soldats encore debout étaient pris de panique. Ils cherchaient d’où pouvaient provenir ces tirs silencieux. Le captif fila. Je saisis l’arme de D’Alembert pour la lui arracher, mais il résista. Son regard traduisait toute sa détermination. Je ne pouvais plus espérer le raisonner. — Vous êtes soulagé ? dis-je en le bousculant. Vous êtes content de vous ? Que va-t-on faire maintenant ? Il visa les deux hommes de troupe qui s’échappaient. Ils étaient encore à portée de tir. Il n’eut pas le temps de faire feu. Je le frappai au visage et il tomba à terre. — Je ne peux pas rester indifférent, dit-il. Il essuya du revers de sa manche le filet de sang qui coulait de sa bouche. — Venez avec moi ! ordonnai-je. Il faut faire disparaître les corps. Ils étaient trop lourds. Traverser le jardin pour les jeter dans la Seine nous aurait pris trop de temps. — Quel gâchis ! lançai-je. Vous avez conscience de ce qui vous attend lorsque nous serons rentrés. Le conseil... — Partez sans moi ! m’interrompit-il. Il me remit son arme et déroba les fusils de ses victimes. — Tout est dans la mallette, poursuivit l’insurgé. Vous comprendrez. Ma contribution s’achève ici. C’est dans ce combat mené par le peuple que je souhaite expier. Je ne veux pas voir ma ville et celle de mes parents et de mes arrière-grands-parents souillée par l’ennemi et rendue aux mains d’infects exploitants de la misère. Je ne pouvais plus le convaincre. Il était définitivement perdu pour notre cause. — Ne vous inquiétez pas ! ajouta-t-il. Les ailes resteront à leur place. Demain matin je serai mort. Mort et heureux d’avoir lutté pour mes idées. J’aurais dû le tuer pour éviter tout risque qu’il revienne sur sa décision et qu’il décide d’utiliser les ailes pour se battre, mais je ne le fis pas. Il s’enfonça dans le jardin les armes à la main et disparut pour toujours. Je retournai au bateau marnois pour récupérer ma barque. Albert m’attendait. — Monsieur le comte vous invite à patienter jusqu’au défilé de demain avant de quitter la ville, me dit-il. Cette parade, pour Laroche, était un divertissement. Ses vraies préoccupations, comme les miennes, étaient ailleurs. — Savez-vous si monsieur Laroche souhaite profiter de mon moyen de locomotion pour rejoindre le royaume en ma compagnie ? demandai-je. — Non, monsieur le duc. Il ne m’a rien dit à ce sujet. Mais moi, je le voudrais bien. Je détournai le regard, non sans un sourire amusé. Albert savait qu’il n’y avait pas sa place. — Monsieur le duc pense que les royalistes vont revenir au pouvoir ? m’interrogea-t-il. — Quel est votre avis, Albert ? le questionnai-je en même temps que je réglais le pilote automatique. — Royaume, empire, république... je crois simplement que je ne suis pas bien né. Je quittai la berge. — Nous en reparlerons, Albert ! dis-je. Le malheureux ne savait pas que nous travaillions pour lui, que monsieur D’Alembert avait œuvré pour lui et qu’il était en train de se battre bêtement pour lui. L’envie d’ouvrir la mallette et de découvrir son contenu était grande, mais je ne devais pas allumer la lumière sur la barque. Je risquais de me faire repérer. Je m’allongeai une fois les filets franchis. Qu’allais-je dire au roi ? Je ne souhaitais pas employer le mot trahison. D’Alembert était un égoïste, un exalté. Il avait choisi de se sacrifier et nous privait de son génie. La sagesse lui avait manqué, mais le roi n’avait pas à s’inquiéter. Son ministre rebelle, qu’il n’avait jamais réellement apprécié, n’allait pas le trahir. Je m’endormis en imaginant une machine capable d’enregistrer le savoir d’un homme et de le restituer sur demande. Je me réveillai avec un rhume carabiné. De retour au palais, où le temps semblait ne pas s’écouler, je retrouvai nos concepteurs à l’ouvrage. Penchés sur leurs tables de travail, ils dessinaient, écrivaient, calculaient. Monsieur Bergeron s’affairait à l’expérimentation d’un œil de télésurveillance tandis que le roi, dans la salle du trône, scrutait le ciel. Je le conviai à la réunion qui allait changer notre destin. J’ouvris la mallette sous le regard ébahi de tous nos collaborateurs. Monsieur Leprince avait conceptualisé un système de création d’énergie tournée vers le rayonnement solaire. Chaque ballon allait pouvoir produire sa propre chaleur, emmagasiner de l’énergie et donc être autonome. Notre raccordement à la terre, via l’ombilic, allait disparaître et nous allions enfin pouvoir voler au-dessus de la planète. Demeures, parcs et ateliers étaient déjà construits. Il suffisait de les raccorder à de nouveaux aérostats pour qu’ils rejoignent le Royaume. Nous entrions dans une nouvelle ère. Nous partîmes définitivement le 14 juin 1875 avec pour mission de redescendre une fois trouvées les meilleures solutions aux mutations problématiques de la société. Le roi était persuadé qu’on n’y parviendrait pas. Tant pis, nous avions au moins un objectif, et le plaisir de survoler le monde et ses « petits » habitants qui étaient notre raison d’être.
Bonne journée à toutes et tous.
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mer 22 Mai - 7:47
Bonne journée a toutes et tous pour ce mercredi
Opaline Membres
Messages : 1232 Points : 1234 Date d'inscription : 28/05/2014 Age : 78 Localisation : Bouches-du-Rhône
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mer 22 Mai - 8:13
Bonjour les amis, La journée d'hier a été fatigante. Aujourd'hui repos !
Jardin Pamplemousse (Maurice)
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Mer 22 Mai - 9:21
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Jeu 23 Mai - 5:27
brijou1 Membres
Messages : 504 Points : 532 Date d'inscription : 26/05/2014 Age : 65 Localisation : sud
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Jeu 23 Mai - 6:22
bonjour tout le monde plus moyen de dormir depuis 4h30 du matin alors au lieu de tourner et retourner dans le lit, je me suis levée et j'en ai profité pour faire ma valise
je pars demain vendredi 24 pour le travail je ne rentrerai que le mercredi 29 mai c'est pas longtemps la ou je serai l'internet n'a pas encore été installé donc il me sera difficile de passer
en attendant je vous souhaite une belle journée!
petrus
Messages : 1653 Points : 1633 Date d'inscription : 20/05/2014 Age : 79 Localisation : Tarn & Garonne
Sujet: bonjour et bon jeudi !! Jeu 23 Mai - 6:28
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Jeu 23 Mai - 7:00
L'éphéméride du jour...
Aujourd'hui, nous fêtons les Didier. Demain, nous fêterons les Donatien ainsi que les Amaël, Maël, Maëlle et Rogatien.
Le 23 mai est le 143e jour de l’année du calendrier grégorien, le 144e en cas d’année bissextile. Il reste 222 jours avant la fin de l'année. C'était généralement le 4e jour du mois de prairial dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour de l'angélique.
à Marseille : le soleil se lève à 6h 07 le soleil se couche à 21h 03 durée d'ensoleillement : 14h 56 (+2mn
Citation du jour : « L'ignorance toujours est prête à s'admirer. » Nicolas Boileau-Despréaux
Dicton du jour : « Haricot semé à la Saint-Didier, en rapporte un demi-setier. » « Sème tes haricots à la Saint-Didier, Pour un, tu en auras un millier. »
Proverbe du jour : « N'arrachez pas au lion mort les poils de sa moustache. »
Événement du jour : 1992 : Le juge italien Giovanni Falcone, symbole de la lutte anti-mafia, est tué avec trois de ses gardes du corps dans un attentat à l'explosif commis près de Palerme, en Sicile.
L'historiette du jour : La toile d’araignée de Eddy Riffard Un souffle glacé l’accueillit dès qu’elle émergea du bâtiment. Mathilde leva les yeux et constata que les lourds nuages du matin s’étaient accumulés en un amas sombre et moutonneux. Alors qu’elle longeait la salle de jeu, une voiture stoppa et une voix familière l’interpella :
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— Mathilde, tu veux que je te ramène ? — Non, merci, ça ira. — C’est imprudent, d’autant que tu n’es pas accompagnée. — Je fais attention et mes parents m’ont dit de ne pas monter avec n’importe...
Rougissante, elle laissa sa phrase en suspens. Madame Aurent s’amusa de la réaction de son élève et redémarra. La collégienne regarda la fumée d’échappement tourbillonner dans l’air froid et poursuivit son chemin.
Peu à peu, le centre-ville cédait la place à une zone pavillonnaire aux senteurs de ciment et de peinture fraîche. Dans le ciel chargé, le bourdonnement de l’hélicoptère se fit entendre, comme cela se produisait depuis quelques jours. À cette distance, la cocarde tricolore et le mot gendarmerie se détachaient nettement sur la carlingue de l’appareil. Ce bruit obstiné rappelait à Mathilde la menace invisible qu’elle tentait d’enfouir sous ses dissipations d’adolescente. L’espace d’un instant, elle regretta d’avoir décliné l’offre de sa prof d’anglais. Tout prenait un aspect sinistre dans ce froid clair, jusqu’au soleil humide qui peinait à chasser les nuages de mars.
D’instinct, elle tourna la tête et l’aperçut. Un homme d’une quarantaine d’années qui semblait l’observer. Non, guetter convenait mieux pour qualifier sa fébrilité attentive et ses yeux un peu trop fixes. Mathilde accéléra le pas, n’osant se retourner et croiser le regard inexpressif de l’inconnu. Des picotements dans la nuque lui produisaient l’effet d’aiguillons glacés. On lui avait déjà parlé de ces hommes étranges qui suivent les jeunes filles et offrent des bonbons aux enfants, prédateurs silencieux sillonnant la région au volant de voitures sombres. Ces derniers jours, les photos de deux disparues avaient fait la une de la presse à sensation et s’étaient imprimées dans l’esprit de Mathilde. Cette obsession restait d’autant plus vive que l’une des jeunes filles fréquentait le même collège qu’elle. Dans un ultime sursaut de courage, elle tourna la tête et avec soulagement constata l’absence de l’inconnu.
Elle longeait maintenant l’élevage de volailles désaffecté. L’endroit sinistre lui donnait des coups au cœur. Cet ensemble de constructions en tôles entourées de grillages enrouillés paraissait plus sordide que jamais, jusqu’aux creusées emplies d’une eau trouble. Mathilde aperçut les premières gouttes de pluie en rider la surface. Elle accéléra le pas et se réfugia dans la vieille grange, près du champ de noyers. Le lieu sentait le renfermé et la paille pourrie. Une lumière sale filtrait à travers les carreaux ébréchés constellés de chiures de mouches et dentelés de toiles d’araignées. Les mêmes toiles pendaient au plafond, surchargées de poussière marronnasse.
Le vent augmentait au fur et à mesure que la pluie tombait plus dru. Le crépitement des gouttes froides sur le toit étouffait tous les autres bruits. Ce déluge fut bientôt accompagné de rafales qui diffusaient un courant d’air frais à travers les nombreux défauts de la masure. Ce tableau peu rassurant lui fit prendre conscience de sa solitude. En proie à une crainte diffuse, elle bloqua l’entrée en disposant un épar derrière le vantail. Un cliquetis métallique attira l’attention de Mathilde. La poignée de porte bougeait avec régularité au milieu du panneau malmené par les bourrasques. Effet de son imagination ? Elle avait l’impression que le mouvement exercé sur la poignée résultait d’un acte volontaire. Effrayée, elle regardait la planche tressauter sous l’action de cette force invisible. La présence rassurante de son portable qu’elle sentait peser dans la poche de son manteau constituait son unique réconfort. Si seulement elle pouvait joindre ses parents à cette heure. Elle sortit son appareil et se prépara à composer le dix-sept au cas où quelque chose tenterait de pénétrer à l’intérieur. Elle n’osait pas même regarder à travers les carreaux ruisselants.
La pluie cessa aussi brusquement qu’elle s’était manifestée. Les bourrasques avaient laissé place à une bise froide chargée d’humidité. D’un pas léger, la jeune fille s’avança vers la fenêtre et jeta un coup d’œil. L’extérieur offrait toujours cet aspect de campagne paisible. Rassurée, Mathilde déverrouilla la porte et parcourut l’étendue herbeuse qui la séparait de la petite route.
— Bonjour, jeune demoiselle.
Mathilde avait sursauté. L’homme mystérieux se trouvait tout prêt d’elle, comme sorti de terre.
— Vous m’avez fait peur, je ne vous avais pas vu. — Je m’étais abrité sous l’avant-toit de cette grange. Curieusement, la porte était fermée de l’intérieur. Maintenant, je sais pourquoi.
La voix ironique, à l’intonation légèrement hautaine, s’accordait avec son aspect déplaisant. La collégienne s’abstint de répondre et accéléra le pas. L’homme la suivit et marcha de front avec elle.
— Tu n’as pas peur ? Avec ces disparitions ? — J’habite tout prêt et j’ai mon portable. — Tu habites ces maisons ?
L’homme désignait les deux maisons au-dessus du virage en dénivelé. Mathilde faillit mentir. Les habitations dépassées, elle regretta de ne pas s’être engagée dans l’une des courettes pour tromper l’inconnu. Cet indésirable ignorait son indifférence forcée et continuait à alimenter la conversation. Ils approchaient du petit bois. Le lotissement de ses parents se trouvait à près d’un kilomètre, à moins d’emprunter le chemin forestier. Mais en prenant le risque de s’isoler en pleine nature avec cet homme. Un bruit de moteur l’interrompit dans ses réflexions. Elle reconnut la voiture de sa prof d’anglais et attira son attention. La voiture s’arrêta sur le bas-côté et Mme Aurent observa son élève qui se précipitait vers elle.
— Finalement, je veux bien monter avec vous. Je suis trempée et il faut que je me change.
Après un rapide regard sur les vêtements secs de la collégienne, la trentenaire l’invita à prendre place du côté passager. Mathilde s’engouffra dans le véhicule et fixa l’image de l’homme qui diminuait dans le rétroviseur.
— Qui était cet homme, tu le connaissais ? — Non, il me suivait et je n’arrivais pas à m’en débarrasser. — Je me demande si je ne devrais pas prévenir les gendarmes, ils ont bien dit de signaler tout comportement suspect.
La collégienne profitait de la chaleur du chauffage tout en écoutant les chansons diffusées sur la bande FM. Hervé Cristiani se perdait dans les étoiles noires quand elle rompit le silence.
— On ne va pas chez moi ? — Non, il vaut mieux que je passe mon appel tout de suite, au cas où je devrais faire une déposition, et j’ai peur que ce type disparaisse dans la nature. * * *
La maison entourée d’un jardin entretenu respirait l’ordre et le confort bourgeois. Elles empruntèrent un chemin couvert de brique bordé de rosiers. Sur la pelouse, quelques massifs de fleurs donnaient un peu de couleur, leurs pétales scintillants d’une fine pellicule d’eau. Sitôt la porte refermée, Mathilde plongea dans une atmosphère parfumée aux senteurs diffusées par les nombreuses plantes en pots qui en agrémentaient l’intérieur.
Madame Aurent l’installa dans le séjour et lui servit un verre de Fanta. Peu après, un bruit de conversation téléphonique lui parvint du vestibule. A priori, son interlocuteur posait un tas de questions au professeur dont la voix trahissait un début d’agacement. Son verre terminé, son élève détailla la vaste pièce aménagée avec goût. Les tentures claires conviaient au délassement parmi les meubles au style rétro. Seule note discordante, cette toile d’araignée insolite dans un angle, près du plafond. Avec un peu d’attention, on pouvait observer la présence de trois insectes pris dans les rets de la tégénaire qui imprimait un tremblement saccadé aux fils de soie. Les minutes s’égrenaient, rythmées par le mécanisme de la pendule dont les boules dorées tournaient en accrochant la lumière filtrée par l’abat-jour. Madame Aurent revint avec un plateau garni de mokas présentés dans des coupelles. Mathilde fit honneur à cette pâtisserie maison. Elle en portait l’ultime part à sa bouche quand la clenche de la porte d’entrée émit un bruit sec suivi du grincement du verrou.
Madame Aurent accueillit son visiteur. L’homme à l’expression attentive et aux yeux fixes se débarrassa de son manteau, s’assit à côté de la collégienne. Sans prononcer un mot, il commença à manger son moka à la cuillère. Avec méthode, il raclait les couches de la pâtisserie dont il dégustait chaque goulée avec un plaisir de gourmet. Sous le regard pâle de l’inconnu, sa jeune voisine rabaissa sa jupe sur ses genoux et fit mine de se lever.
— Je ne peux pas rester, mes parents vont s’inquiéter.
Le visage dur et les yeux perçants, madame Aurent lui barrait la sortie. Avec un tintement métallique, l’homme reposa sa cuillère dans le récipient vide et saisit la collégienne par le bras.
Dans la toile, la troisième mouche cessa de bouger.
Bonne journée à toutes et tous
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Jeu 23 Mai - 7:34
Bonne journée a toutes et tous aujourd’hui jeudi , Gros bisous le weekend approche
* gigi *
Messages : 555 Points : 571 Date d'inscription : 04/01/2019
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Jeu 23 Mai - 7:48
onde positive pour tous
Opaline Membres
Messages : 1232 Points : 1234 Date d'inscription : 28/05/2014 Age : 78 Localisation : Bouches-du-Rhône
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Jeu 23 Mai - 8:04
Bonjour tout le monde Du soleil encore ce matin et même s'il ne fait que 16°C la température va monter comme hier.
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Jeu 23 Mai - 11:38
provence Admin
Messages : 5480 Points : 5591 Date d'inscription : 19/05/2014 Age : 83 Localisation : le bar sur loup 06620 region paca
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Jeu 23 Mai - 15:42
bonjour bien en retard mais ce jour est un jour exeptionnel et oui a 17 h je vais chez la dentiste arracher une molaire en bas au fond,et pour moi qui depuis des années a la phobie du dentiste ,imaginez-vous ma peur !!!! mon régime bat son plein trés bon je ne manque de rien ,hier j'ai eu la dietéticienne au téléphone on a bien mis tout au point
Femme et la pudeur (la)
" Les femmes ont plus de honte de confesser une chose d'amour que de la faire. " Marguerite de Navarre
" Les femmes rougissent d'entendre nommer ce qu'elles ne craignent aucunement à faire. " Montaigne
Fierté
" La fierté a rarement un juste milieu, on en a trop ou pas assez. " Comtesse de Blessington
" Ce qu'il y a de plus embarrassant quand on n'est pas né riche, c'est d'être né fier. " Vauvenargues
Flatterie
" La flatterie est le miel et le condiment de toutes les relations entre les hommes. " Platon
" La flatterie est une fausse monnaie qui n'a de cours que par notre vanité. " La Rochefoucauld
" On croit parfois haïr la flatterie, mais on ne haït que la manière de flatter. " La Rochefoucauld
Folie
" Tout le monde a son grain de folie, sauf vous et moi, et parfois je me demande si vous ne l'avez pas vous aussi. " Th. Fuller
" Chacun de nous porte un fou sous son manteau, mais certains le dissimulent mieux que d'autres. " Proverbe Suédois
* gigi *
Messages : 555 Points : 571 Date d'inscription : 04/01/2019
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Ven 24 Mai - 0:21
onde positive a tous
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Ven 24 Mai - 6:16
Bonjour a vous toutes et tous bon Vendredi , de la montagne , bon weekend gros bisous
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Ven 24 Mai - 6:35
L'éphéméride du jour...
Aujourd'hui, nous fêtons les Donatien ainsi que les Amaël, Maël, Maëlle et Rogatien. Prénoms fêtés autrefois :Angèle. Demain, nous fêterons les Madeleine-Sophie Barat ainsi que les Sophie et Urbain.
Le 24 mai est le 144e jour de l'année du calendrier grégorien, le 145e en cas d'année bissextile. Il reste 221 jours avant la fin de l'année.0 C'était généralement le 5e jour du mois de prairial dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour du canard.
à Marseille : le soleil se lève à 6h 06 le soleil se couche à 21h 04 durée d'ensoleillement :14h 57 (+2mn)
Célébration de demain : • Journée internationale des enfants disparus
Citation du jour: « Une des sources les plus fréquentes d'erreur est de prétendre expliquer avec la raison des actes dictés par des influences affectives ou mystiques. » Gustave Le Bon
Dicton du jour: « Frais mai, épaisse tourte, mais peu de vin dans la coupe. » « Après Sainte-Angèle, le jardinier ne craint plus le gel. »
Proverbe du jour : « Par la rue de "Plus tard", on arrive à la place de "Jamais". »
Événement du jour: 1844 :L'inventeur F. B. Morse envoie le premier message sur la première ligne de télégraphe. Le code Morse international ou l’alphabet Morse international, est un code permettant de transmettre un texte à l’aide de séries d’impulsions courtes et longues, qu’elles soient produites par des signes, une lumière, un son ou un geste.
L'historiette du jour: Départ de Ardillon Ne me demandez pas comment je suis arrivé dans cet hôtel borgne d’Amsterdam. Je traîne à Rozenstraat depuis trois semaines et mes ressources commencent à s’épuiser je dois trouver un job rapidement. La gérante de l’auberge commence à me regarder avec des yeux soupçonneux. Je sirote lentement ma bière pour la faire durer. Mado, une payse, bien qu’elle soit d’origine portugaise passe me voir de temps en temps. Elle vient de s’asseoir à ma table. — Tes papiers sont en règle ?
Lire la suite:
— J’ai même pratiquement tous mes vaccins. — J’ai peut-être un plan pour toi, c’est sur un cargo. — Il peut m’intéresser tout dépend où il va. — Il ira bien quelque part, la terre est ronde et les chemins qui mènent à Rome peuvent aussi mener ailleurs. — Je le trouve comment ? — Au sud-ouest, quai 114, vas-y maintenant avec tes faffes. Demande le bosco du Maria Star. Il doit se trouver au doc 48 Eten & drikeen en train de faire ses adieux à ma copine. Prends un taxi, ils doivent connaitre.
Rijkerd est en train de faire du gringue à la serveuse. Je repère en lui le bosco du rafiot à la casquette crasseuse posée sur la chaise d’à côté. — Je cherche l’officier du Maria Star. — Matelot ! Le cap était bon, tu l’as devant toi. Une bière que tu cherches un embarquement ! Je demande à la serveuse de nous amener deux bières. Il boit plusieurs gorgées puis recule le torse pour m’examiner dans l’ensemble. — C’est pas l’eau salée qui t’a débarbouillé c’te saison. — Je cherche un embarquement. — Tu as des papiers ? Je sors de sous ma veste le sac plastique où je serre mon précieux passeport et quelques papiers officiels auxquels j’attribue de la valeur. — T’as pas bourlingué souvent. — J’étais à l’armée. — Déserteur ? — Non démobilisé ; J’extirpe de mon sachet mon livret militaire. Il le repousse comme si sa vue suffit à prouver mes assertions. Il me rend mon passeport, sort une pipe de sa vareuse et s’emploie à la bourrer. — Demain huit heures devant la passerelle du Maria Star avec ton paquetage. Prends de la lecture, on va à Hanoï. Pas d’alcool, pas de tabac, pas d’autres saloperies. Je salue de deux doigts portés au front comme j’avais vu faire dans les films d’aventure et va payer les bières avant de partir.
En haut de la passerelle deux douaniers m’arrêtent. Je présente mon passeport, ils me réclament aussi ma carte d’identité. — Vous embarquez à quel titre ? — Équipage. — Vous ne figurez pas sur le rôle. — Je commence aujourd’hui. Le bosco arrive avec une liasse de papiers. Il prend mon passeport et porte mon nom sur les documents. Un des douanier me fait signe de vider mon barda sur la table. Le bosco s’intéresse aussi à ce que je monte à bord. — Tu n’auras pas besoin de somnifère avec ça ! L’argousin vient de contrôler un gros livre. C’est La mythologie grecque. — C’est pratique pour les mots croisés. Rijkerd, le maître d’équipage, dit quelque chose en flamand au douanier qui s’esclaffe. — Gecompliceerde Frans ! — Ton sac à la cabine de proue. — Mon passeport ? — C’est le capitaine qui le garde. J’enfile une cotte orange à bretelle et un pull marin. Le bosco me regarde. Je trouve que les jambes du pantalon sont trop longues. — Tu ne vas pas nous jouer les élégantes ? — Je n’ai pas envie de m’étaler par terre. — Allez le Gandin ! Presse, je dois fermer le magasin. Chaque bateau a un « magasin » qui recèle des équipements de base. — Fonce illico aux manœuvres.
Malheureusement le départ est reporté sine die pour défaut de maintenance des équipements. Me voilà en partance sur une barcasse qui ne peut quitter le port. Cependant, ce n'est pas les taches qui manquent et je trime avec mes camarades de bordée pour enlever les deux chaloupes des bossoirs et les installer sur le pont. C’est surtout leur état de délabrement qui est la cause du retard. Le capitaine a câblé aux armateurs et nous attendons la réponse. La radio aussi est à remplacer et le chef mécano s’active chez tous les shipchandlers pour trouver un poste qui passe le contrôle et des chaloupes en bon état. Au soir, je suis épuisé le bosco me regarde avec un sourire goguenard. — Tu manques de métier, mais tu as bien besogné, si tu veux passer la nuit à terre. — C’est pas de refus. — Mais pour huit heures à la passerelle, ok ! — Ok ! À demain.
Il me reste deux billets à l’effigie de Baruch Spinoza soit deux mille florins que je brûle d’envie de griller avec Mado. Je me retrouve deux heures plus tard sous la douche de son studio. Elle me passe un peignoir éponge à fanfreluches et m’installe dans un fauteuil d’osier. Un bon Glenfiddich 40, cadeau d’un de ses nombreux admirateurs, me réchauffe le moral. Je n’ai pas fini de déguster mon verre qu’elle m’entraîne dans l’alcôve qui lui sert de chambre. Elle me prouve que mes florins sont efficaces pour la rendre tendre, ardente et câline. Merci Spinoza.
Sous le drapeau blanc et rouge qui flotte à la poupe, je sus plus tard que je serai payé en livres maltaises, mais que je ne serai pas obligé de parler la langue du pays. Le globish, « global english », que tous les marins du monde baragouinaient me suffira amplement. Par contre, il est évident que je fais partie des six lascars qui devront effectuer toutes les taches indignes pour les officiers.
Tôt le matin deux chaloupes neuves ont été livrées par des camions et grâce à elles nous pouvons appareiller. Les embarcations sont présentement sur le pont et nous nous activons à les équiper des fusées, brassières, et matériels de survie. Dès que les bâches de protections sont en place nous pouvons les hisser sur leur bossoir. La manœuvre est délicate et réclame l’effort de quelques gradés qui, pour l’occasion, nous prouvent que sans eux rien ne peut se faire.
Sur le quai un groupe de femmes discutent, ce sont les épouses des officiers, à côté Mado et sa copine piétinent. Le remorqueur signale par un coup de sirène qu’il est prêt à déhaler le navire. — Allez souquez au cabestan ! Le bosco active la remontée de l’ancre de proue. Du moteur du guindeau, un bruit de pignons malmenés fait craindre le pire. Une poussière de rouille donne une idée générale de l’état du navire. Les dames crient des au-revoir, en agitant des mouchoirs. Nous nous penchons brièvement pour jeter un œil et faire un signe de la main. Le bosco s’appuie contre le bastingage et agite brièvement sa casquette. Je vois Mado agiter son foulard mais sa copine agite autre chose bordé de dentelle. Sacré bosco, il a réussi sa cour. Armé d’une lance d’incendie je chasse par l’écubier la vase nauséabonde collée au bec de l’ancre. Les embruns feront le reste, j’en profite pour agiter un chiffon gras mais les groupes s’en retournent déjà. — Allez, le Gandin, c’est pas le moment de rêver aux bras de Morphée. — Mais le départ a été doux pour les pauvres célibataires qui ne vont avoir à se mettre sous la dent que de l’eau salée. — Retour pas avant six mois. Allez ! Le gandin ! Souque.
Le remorqueur nous abandonne. Je remonte l’aussière et la love dans la réserve à chaîne. Chacun s’active et, dès le départ du pilote, je hisse l’échelle de coupée. Tintin et Milou, les deux philippins de la deuxième bordée me donnent un coup de main et m’empêchent de tomber à l’eau. Je leur adresse un super regard de gratitude et je pense qu’à ce moment nous devenons amis.
Bonne journée à toutes et tous
petrus
Messages : 1653 Points : 1633 Date d'inscription : 20/05/2014 Age : 79 Localisation : Tarn & Garonne
Sujet: bonjour et bon vendredi !! Ven 24 Mai - 7:10
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Ven 24 Mai - 8:37
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Ven 24 Mai - 10:51
bonjour et bonne fin de semaine a tous bisous
* gigi *
Messages : 555 Points : 571 Date d'inscription : 04/01/2019
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Sam 25 Mai - 0:05
courage a ceux qui en on besoin
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Sam 25 Mai - 3:38
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Sam 25 Mai - 7:16
Bonjour a tous passer un bon Samedi et un Bon weekend gros bisous
Opaline Membres
Messages : 1232 Points : 1234 Date d'inscription : 28/05/2014 Age : 78 Localisation : Bouches-du-Rhône
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Sam 25 Mai - 7:45
Bonjour tout le monde
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Sam 25 Mai - 8:11
L'éphéméride du jour...
Aujourd'hui, nous fêtons les Madeleine-Sophie Barat ainsi que les Sophie et Urbain. Demain, nous fêterons les Bérenger ainsi que les Bérengère.
Le 25 mai est le 145e jour de l'année du calendrier grégorien, le 146e en cas d'année bissextile. Il reste 220 jours avant la fin de l'année. C'était généralement le 6e jour du mois de prairial dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour de la mélisse.
à Marseille : le soleil se lève à 6h 05 le soleil se couche à 21h 05 durée d'ensoleillement ; 14 h 59 (+2mn)
Célébration du jour : • Journée internationale des enfants disparus
Célébration de demain : • Fête des mères
Citation du jour : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. » Jean de La Fontaine
Dicton du jour : « Soleil à la Saint-Urbain, présage une année de vin. » « Gelée le soir de Saint-Urbain, Anéantit fruits, pain, vin. »
Proverbe du jour : « Quand un ami demande, demain n'existe pas. »
Événement du jour : 1977 : Première à Hollywood de Starwars (La Guerre des Étoiles), du metteur en scène George Lucas. Réalisé avec un budget plus que modeste de 10 millions de dollars, le film sera un succès instantané et sera le précurseur de deux autres longs-métrages dans le même style, The Empire Strikes Back et The Return Of The Jedi (L'Empire contre-attaque et Le Retour de Jedi).
L'historiette du jour : De l’autre côté… L’avaleur des mondes de Rblack 1 Je m’appelle Yann Lebonnec, j’ai trente-deux ans, et je suis conducteur de TGV sur la ligne Paris Marseille. Je ne suis pas marié, n’ai pratiquement plus de famille – mis à part quelques cousins en Bretagne – et je vis, par force, au cœur d’une banlieue triste à mourir dont la couleur me pèse chaque jour un peu plus. Après une histoire sentimentale douloureuse, je pensais être vacciné contre ce genre de chose et pourtant, une rencontre vient de bouleverser mon existence. Malheureusement pour moi, à peine ai-je trouvé cette âme sœur, qu’elle s’est évanouie telle la flamboyante chevelure d’un météore traversant une nuit d’été. Pourtant, je sais, je sais que je vais bientôt la rejoindre et que plus rien cette fois ne pourra nous séparer. Alors, avant de disparaître définitivement, tourner le dos sans regret à ce que je fus, je vais vous révéler l’un des plus grands mystères de l’univers. Mais serez-vous toujours de ce monde pour comprendre ce qui va vous arriver d’ici peu ?
Lire la suite:
Vous n’en avez pas conscience, mais la grande horloge du temps s’est subitement emballée... Désormais, ces années se comptent en secondes, des secondes qui nous rapprochent d’un but, un ultime but dont je suis le seul aujourd’hui à appréhender la logique. Lorsque j’en aurai fini de conter ce moment crucial de mon existence, je laisserai cela en évidence sur mon bureau, à côté de mes crayons affûtés, mes livres, mes écrits, ce qui donnait un peu de sens à ma vie, tout du moins en avais-je le sentiment. J’ai beaucoup écrit par le passé, surtout des contes et des nouvelles. Je faisais même partie du cercle littéraire des écrivains cheminots, c’est dire ! Mais aujourd’hui, ce n’est plus de fiction dont il s’agit, mais d’un fait bien réel qui dépasse de loin, très très loin, l’entendement humain. Au fond, c’est peut-être un peu aussi pour moi que j’écris ces lignes, un peu pour m’aider à passer de l’autre côté, me rassurer sur ce qui va advenir de ma personne. Bientôt, je vais disparaître comme si je n’avais jamais existé. Je serai là et puis, je n’y serai plus ! C’est aussi simple que cela. Je le sais, j’ai la marque, là, sur mon cou ; le cercle solaire qui va me projeter au cœur infini de l’univers et me ramener vers elle. Je sais à quoi vous songez en cet instant. Vous avez affaire à un cinglé, un maboul, un déjanté... les qualificatifs que l'on peut m’affubler ne manquent pas et je me demande pourquoi il en existe autant pour désigner quelque chose de somme toute banale en ce monde. Malgré cela, vous pouvez me croire sur parole, si vous aviez l’assurance d’en connaître un bout sur la vie, la mort, le monde sur lequel vous en prenez à vos aises – un peu trop d’ailleurs – vous feriez mieux de balancer toutes vos certitudes au rancart et remballer les gaules. Je ne suis pas un prédicateur qui vous annonce la fin du monde pour l’énième fois, non ! Ce n’est pas d’un anéantissement total dont je viens vous parler, mais d’une sorte de renouveau, quelque chose qui tout en menaçant notre conception de la vie, va nous permettre d’accéder à ce que le genre humain attend depuis des lustres : la pensée pure.
2
La ligne nouvelle, je pouvais me vanter de la connaître comme ma poche. Après trois années à la parcourir dans un sens comme dans l’autre, votre mémoire finit imprimée de ses moindres détails. Chaque détour, chaque rampe, chaque forêt, chacune des maisons un peu particulières des villes que vous traversez, tout reste là sur vos rétines, longtemps, jusqu’au moment où, rompu, vous vous glissez avec béatitude dans les bras de Morphée. Alors voyez-vous, il est des choses qui de prime abord paraissent sans importance et qui subitement resurgissent en donnant un sens à ce pour quoi elles sont là. Ce jour-là, ce jour où j’ai bien cru devenir fou, j’ai pris conscience que ces choses pouvaient en cacher d’autres, prendre parfois des proportions tellement inattendues que vous n’êtes plus tout à fait sûr d’appartenir à ce monde. Devant moi, la ligne avait amorcé une longue courbe, de celles qui vous permettent de porter le regard à des kilomètres, kilomètres que ma machine semblait dévorer non sans une certaine jouissance. L’endroit aurait pu paraître sauvage, préservé des outrages de l’homme, mais la tranchée avait donné sa part à la technologie, sans pour autant enlaidir le paysage. À la limite de mon champ visuel, mais chaque seconde m’en rapprochant, je vis qu’un épais brouillard s’était formé et semblait se cramponner aux serpents d’acier de la voie ; rideau soudain dressé vers un ailleurs incertain. À la mauvaise saison, la plupart des aléas climatiques ne posaient guère problème, mais celui-ci s’avançait masqué, déformant les choses comme pour mieux les absorber et j’en détestais l’apparition. En avait-il d’ailleurs un seul de ma corporation à apprécier pareil caprice météo ? Et puis, faisant suite à cette constatation, un trouble incompréhensible s’était emparé de moi. Si cela n’avait duré qu’un bref instant, ce n’était pas un moment choisi, et je me ressaisis en pensant aux voyageurs dont l’attente n’était certes pas de se planter en pleine voie. Pourtant, plus je me rapprochais du phénomène et plus, inexplicablement, mon inquiétude grandissait. C’est alors que je compris pourquoi. Cette chose engluée sur la voie n’avait pas lieu d’exister. Nous étions en pleine après-midi, de surcroît sous un soleil de plomb, sans le moindre marais ni cours d’eau à l’horizon, et rien ne pouvait, me semble-t-il, engendrer un phénomène de cette nature. Je ne me doutais pas encore combien cette obscure prémonition qui me nouait les tripes, allait bouleverser le cours de ma vie. Lorsque je me remémore ces instants du premier contact, je me demande encore si cela a bien eu lieu, si je n’ai pas rêvé tout éveillé cette histoire incroyable. Pourtant, je sais pertinemment que tout est vrai, de A à Z ; les preuves sont là, irréfutables, même pour un esprit cartésien comme le mien. À cinq cents mètres devant moi, j’ai vu de mes yeux la modification s’opérer, le brouillard se condenser, se modeler pareil à un organisme vivant et me révéler l’inconcevable. Alors, barrant les deux voies, une sorte de mâchoire géante s’est brusquement ouverte sur mon train. Et au-delà, mon Dieu... dans cet au-delà paranormal, un corps dantesque s’était déployé, frappant le ballast et peut-être, détruisant toute possibilité de fuite en avant. Une fraction de seconde, j’ai perçu les crocs, brillants comme de l’ivoire travaillé, et aussitôt après, un choc terrible a fait trembler l’habitacle de mon TGV. Un monstre ! Nous étions entrés dans la panse d’un monstre abominable qui allait nous digérer. Pourtant, comme déconnectées de mon esprit et du reste de mon corps, mes mains, elles, avaient continué à assurer la marche du train. J’étais tétanisé, les yeux agrandis d’horreur, téléporté à brûle-pourpoint dans un univers parallèle sans concession. Essayant de m’arracher à ma paralysie, les moteurs avaient rué dans leur cage, montant subitement en puissance, luttant contre la mélasse épaisse dans laquelle nous nous étions englués. Ma motrice, muée en entité, se battait pour sa survie autant que la nôtre, ne pouvant cependant empêcher la vitesse de décroître insensiblement. Je sentis l’intensité du courant me traverser, l’humaine technologie s’en saisir et, derrière moi, rugir comme un fauve. Puis, les couleurs étaient apparues, des rouges magmatiques comme seuls les volcans pouvaient en enfanter. L’idée m’effleura que le pare-brise allait fondre, et après, que cette chose allait me démembrer et jeter mes restes épars dans une fosse immonde. Cela avait duré un temps infini, peut-être même le temps n’existait-il plus. Pourtant, mon cœur à deux doigts de rompre ses attaches, une sorte d’éclatement libératoire déchira le rideau de pourpre, et, la grisaille retombant en lambeaux, je revis avec soulagement le fil du rail se dérouler de nouveau devant moi. Pas un instant je n’avais songé à enrayer la marche de mon train, le faire nous aurait sans doute perdus corps et âme. Ce fut un fait incroyable, mais presque personne ne s’aperçut du combat de titan mené entre technologie et surnaturel. Seul, à la descente de la machine, l’un des contrôleurs m’avait fait remarquer : — Tu as donné un sacré coup de patin du côté de la « Bosse aux Chats ». J’ai bien cru que tu serrais à l’urgence. J’avais haussé les épaules. Les chats... je n’en avais vu aucun sur la fameuse bosse. Sans doute avaient-ils été rongés jusqu’à la moelle des os par la plus effroyable chose jamais accouchée depuis le début des temps, avais-je pensé, tout en rétorquant : — Des sangliers sur la voie... Ils ont détalé à la dernière seconde. C’est passé à deux doigts. Ces bêtes-là ont une force incroyable, ils arrivent à défoncer les grillages de protection. Les gardes-chasses font leur possible, mais ils ne peuvent pas être partout. Si nous n’avions pas eu ce ralentissement peu avant, nous aurions eu un sérieux problème. Le contrôleur m’avait toisé d’un drôle d’air et m’avait fait remarquer : — Vu la gueule de ton TGV, tu as dû en buter quelques-uns tout de même. En me retournant vers ma machine, j’avais sursauté. Comment allais-je expliquer une chose pareille à mes supérieurs ? Le nez de l’engin était écrasé au niveau de l’attelage automatique, comme si une masse d’arme énorme l’avait frappé avec une violence inouïe. Qui plus est, quatre trous bien visibles, gros comme des soucoupes, dont l’emplacement faisait penser à une morsure, avaient mis à jour une partie des renforts de la cabine. Dans mon rapport d’incident, je m’en tins à un choc avec des sangliers, et si malgré tout mon explication fut difficile à croire, on la retint faute de mieux. Par la suite, j’appris qu’on avait perdu ma trace durant près de trente minutes. Impossible de me contacter, ni de me localiser sur le terrain. On avait conclu à une interférence solaire, à l’apparition subite d’un hypothétique champ magnétique, mais rien n’était moins sûr. Derrière nous, les TGV s’étaient succédé sans ne rien rencontrer qui fît obstacle à leur passage. C’était d’autant plus dur à avaler, que malgré une disparition soudaine du champ terrestre, nous avions gardé notre position dans le flot des circulations. Ainsi, au bout, avait-on fait l’heure, semant une belle panique parmi les régulateurs qui suivaient notre progression sur le réseau. À cet instant même, tout s’était condensé en une fraction de seconde, un paradoxe temporel inexplicable dont je n’avais dit mot à personne de peur d’être jeté sans ménagement dans une cellule capitonnée ; j’aurais eu l’air fin. Depuis, une pensée me taraude jusqu’à l’obsession, je veux savoir !
3
Je voulais savoir et pour ce faire, je n’avais d’autre perspective que de me rendre sur les lieux de mon extraordinaire rencontre, afin, si possible, d’en relever trace. Contre toute attente, la frayeur inspirée par la chose sur le rail n’était pas demeurée en moi très longtemps. L’image même de sa terrifiante apparence s’était estompée, comme ramenée à un événement ordinaire de l’existence. Mais à partir de cet instant, venant des profondeurs de ma conscience, une voix m’avait habité. Elle avait été tout d’abord presque inaudible, puis, peu à peu, elle s’était faite jour, me procurant un certain apaisement. Dès lors, je vis mes semblables au-delà des apparences, au-delà des paravents dressés dans l’intention d’occulter les sombres recoins de leurs esprits. Je lisais en eux comme dans un livre ouvert et découvris combien je m’étais fourvoyé, qu’en fait, tout n’était pas aussi noir que je le pensais. Vint alors la certitude que mon passage hors du temps n’était pas étranger à ce changement interne. Cependant, pénétrer ainsi l’essence vitale de mes contemporains m’avait un temps angoissé et l’idée s’était imposée d’une sorte de possession maléfique. Mais n’en constatant pas les effets pervers, j’étais vite revenu à penser que ce don – même s’il avait été activé par mon étonnante expérience – émanait bien de ma personne. Ainsi avais-je réintégré mon monde, une facette de plus taillée à mes facultés mentales, mais en contrepartie, j’avais perdu tout intérêt pour mon existence passée. Bien que détenteur d’un permis de conduire en bonne et due forme, je ne possédais plus d’automobile. À force de roues démontées, d’autoradio à peine reposé aussitôt dévalisé et de vandalisme répété, j’avais fini par céder, abandonnant définitivement ma BM, cible préférée des malfrats du coin. Je louais donc une voiture et pris la direction de la fameuse « Bosse aux Chats », situé à près de cent kilomètres de Paris. Les embouteillages de la capitale passés, la route était redevenue fluide et en ce milieu de semaine, je parvins sans mal aux environs de mon point de chute. Ce ne fut pas tout à côté pour autant, car arriver au rail ne m’apparut point aisé. Je butai tout d’abord sur l’orée d’un bois et dus abandonner mon véhicule afin d’emprunter le chemin creux qui s’offrait à moi. Une fois traversé ce qui n’était en fait qu’un boqueteau, je coupai à travers champ, parvenant au grillage censé préserver la ligne de l’intrusion des animaux. Je n’y étais cependant pas encore, car je fus contraint de m’engager dans les herbes hautes, progressant ainsi durant un bon kilomètre avant de tomber sur le ponton qui enjambait la ligne. Au moins, avait-il l’avantage de se trouver où le phénomène m’était apparu et de là, je pouvais embrasser du regard toute la tranchée au fond de laquelle s’affermissait la ligne. Alors que je touchai au but, un TGV était passé en trombe, me rappelant que le silence trompeur du sous-bois masquait un danger se déplaçant à plus de quatre-vingts mètres seconde. Une menace qui aux heures de pointe se répétait toutes les quatre minutes. Équipé pour l’occasion, sac à dos, treillis et rangers, je gravis le talus pierreux et parvins à prendre pied sur le passage. De l’autre côté, j’aperçus la forme carrée d’un 4X4 couleur sable, un bon vieux Land Rover dont l’utilité ne faisait aucun doute. Je me dis qu’il devait appartenir à l’un des gardes-chasses dont le travail était de patrouiller le long de la ligne et qui parfois, n’avaient d’autre choix que d’abattre les bêtes se trouvant du mauvais côté du grillage. Puis, oubliant ce détail, je m’étais appuyé sur la rambarde du ponton pour observer les lieux où toute cette histoire avait commencé. En vérité, je ne vis tout d’abord rien de concret, pas plus de brouillard maléfique que d’affaissement de la voie ou de ballast anormalement projeté sur les pistes. Toutefois, je ne m’attendais pas à trouver une foule d’indices, et s’il en avait été, la ligne aurait aussitôt grouillé de gilets jaunes en inspection. Et pourtant, je sentais que quelque chose clochait dans le paysage, que se tenait là une réalité qui m’échappait encore. Et puis, à force de passer au crible le secteur avec mes jumelles, je pris soudain conscience d’une chose stupéfiante. Sur une superficie trop étendue pour accrocher le regard, la nature du sol avait changé. Ce n’était pas flagrant, mais en observant attentivement, on s’apercevait de la différence de ton. Le ballast, le sable des pistes, jusqu’aux pans rocheux encadrant la ligne, tout était devenu terne, comme si les couleurs avaient été vampirisées, délavées par un acide puissant. L’empreinte en était impressionnante, signature d’une interaction allant bien au-delà du corps monstrueux qui s’était mu en ces lieux. Absorbé par cette réflexion, une voix dans mon dos m’avait fait sursauter. — Vous l’avez vu n’est-ce pas ? J’avais fait volte-face, me retrouvant devant une jeune femme qui me dévisageait d’un air interrogateur, ses yeux d’émeraude plantés dans les miens. — Julia de Saint-Simon ! Je suis archéologue et je dirigeais les fouilles sur la ligne avant sa mise en service, s’empressa-t-elle de préciser devant mon mutisme béat. Je m’en souviendrai toute ma vie... En serrant sa main, je fus soudain envahi par une force étrange qui résonna dans mon être tout entier. Je m’étais agrippé à la rambarde du pont, comme si la caténaire filant sous nos pieds m’avait envoyé une décharge. Elle avait froncé les sourcilles et demandé avec inquiétude : — Quelque chose ne va pas ? — Je n’en sais rien ? Depuis quelque temps je perçois des choses très étranges. Comme si... — Comme si vous lisiez dans les pensées des gens et aviez le sentiment de voir le reflet de leur âme, me coupa-t-elle. — C’est exactement cela... Mais comment pouvez-vous savoir pareille chose ? répondis-je avec étonnement. — Alors, vous l’avez rencontré... laissa-t-elle tomber en fixant du regard la ligne où s’était posé le monstre. — Rencontré qui ? — L’Avaleur de mondes, le ré-unificateur des consciences qui ouvrira la voie au renouveau de notre civilisation. C’est tout du moins ce qui est écrit dans la légende, une légende qui paraît se muer de plus en plus en réalité. — J’ai effectivement vu quelque chose, admis-je. Mais cela semble s’écarter de votre description. À vrai dire, le phénomène qui m’est apparu tenait plus d’un croisement entre un croque-mitaine et un tyrannosaure, si vous voyez ce que je veux dire ? — Dans certains cas, les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent être et comme nous ne parvenons pas à les admettre sous leur véritable identité, notre cerveau se charge de les adapter en fonction de nos appréciations personnelles. J’ai d’ailleurs quelque chose à vous montrer à ce sujet qui devrait vous intéresser. Vous savez, je ne me suis pas retrouvée ici par hasard. Mais avant d’aller plus loin, vous pourriez peut-être vous présenter à votre tour, avait-elle suggéré. — Il est vrai... J’en oublie mes devoirs les plus élémentaires. J’ai cependant quelques excuses à faire valoir, à commencer par votre présence en ces lieux. Je m’appelle Yann... Yann Lebonnec, je suis conducteur de TGV. — Ceci explique donc cela, en déduisit Julia dans un sourire à fendre l’âme.
4
Nous étions passés à travers bois pour contourner un énorme rocher. Il était posé là comme s’il venait tout juste de tomber du ciel et masquait un chemin à peine tracé que nous descendîmes sur une centaine de mètres. Au bout, dans un cul-de-sac pierreux, la jeune femme s’arrêta devant une arche lenticulaire dont la présence inquiétante tranchait sur le milieu. — De l’obsidienne pure ! Autant dire que ça n’a rien à faire ici. En outre, nous sommes sans doute les seuls à en percevoir la présence. Mais il y a plus étonnant encore... Regardez ! La silhouette de Julia se refléta dans la pierre volcanique et elle en effleura la surface du bout des doigts. Alors qu’une ondulation se manifestait sur le miroir de jais, d’un geste assuré, elle enfonça une main à l’intérieur. — Qu’est-ce que... Je n’eus pas le temps de m’interroger plus avant qu’elle se collait déjà à moi. — Vous ne risquez rien à entrer ici, ce n’est pas l’enfer de Dante, Yann. N’êtes-vous point curieux de découvrir l’antre de l’Avaleur ? Un seul pas nous en sépare et je vous promets qu’une fois franchi, vous ne serez pas déçu, m’assura-t-elle. Le passage nous absorba dans un déchirement d’étoffe et nous nous retrouvâmes soudain ailleurs, le parfum enivrant de Julia faisant le siège de mes sens.
5
Son cœur avait palpité contre le mien pareil à celui d’un oiselet pris au piège et lorsque troublée, elle s’était détachée, le décor avait pris une autre tournure. Au sous-bois de l’extérieur s’était substitué un bric-à-brac incroyable au premier rang duquel se tenait... une Buddicom ! — Il semble que notre Avaleur ait un faible pour les chemins de fer, ne trouvez-vous pas ? m’avait-elle fait remarquer. — C’est le moins qu’on puisse dire ! Cette machine à vapeur sort tout droit d’un musée. Elle affiche même sa livrée d’origine, dis-je en faisant le tour de l’engin. — Sans doute a-t-elle été enlevée en son époque. Le fait d’être passé par l’Avaleur de mondes l’a préservée du temps. De même pour le chauffeur et le mécanicien dont vous contemplez les défroques, fit remarquer Julia, désignant des bleus crasseux laissés à l’abandon sur la plate-forme. D’ailleurs, cet endroit contient quantité de vêtements de toutes les origines. Impossible de les dénombrer. Cela va des peaux de bêtes à des tenues d’aujourd’hui, en passant par des armures et des vêtements d’apparat arrachés en des temps immémoriaux. Il y a même des parures somptueuses venant de l’Égypte ancienne. Nous sommes au sein du vestiaire le plus diversifié et le plus complet au monde. Et encore, il n’en est ici qu’une toute petite partie. Plus on descend sous terre, plus on découvre de choses étonnantes. Il faudrait des centaines d’années pour les répertorier. Et je passe sous silence les trésors inestimables qui sont entassés dans tous les coins. — Que sont devenus les propriétaires de ces richesses ? Ne devrait-on pas retrouver leurs restes quelque part ? — L’Avaleur les a intégrés écartant tout ce qui les touchait de près. Pour le moment, seuls les esprits humains semblent avoir un intérêt pour lui. Mais lorsqu’il accédera au stade ultime, il s’emparera des animaux, des insectes, des plantes, et terminera par les choses. Sa puissance sera alors telle, qu’il finira par absorber la planète entière. Ainsi le cercle sera-t-il bouclé pour un temps et partirons-nous vers l’infini. Je crains à présent que nous ne puissions plus arrêter sa course. En vérité, c’est notre destinée d’être sublimé dans la fusion interne de cette créature impensable, m’avoua-t-elle alors. — Mais... comment savez-vous tout cela ? fis-je, sidéré par cette révélation. — Je l’ai traduit sur la stèle qui se dresse au milieu de ce capharnaüm historique. — Je n’ai jamais vu chose aussi... Elle ne me laissa pas achever ma phrase. Elle me prit par la main et me traîna jusqu’au-devant du monolithe. Puis, me désignant des signes gravés sur la pierre, elle me dit : — À moins d’avoir entrepris de rudes études, vous n’y comprendrez pas grand-chose. Il s’agit d’une écriture cunéiforme native, c’est antérieur à la forme sumérienne. J’ai eu un mal fou à en décrypter la teneur, mais il existe des clés et des similitudes. Ainsi ai-je pu dénouer le fil de cette genèse incroyable. Regardez ces signes étranges... N’apportent-ils pas une aura mystique à ce modeste caillou ? Puis, posant un doigt sur un passage du texte, elle lut : « Voici venu le temps du Roi des Rois, l’Avaleur de conscience qui donnera aux hommes l’unité de la pensée pure. Il viendra, sans esprit malfaisant, vous chercher au seuil de vos maisons, dans l’ombrage d’un sous-bois, là où vous accomplissez vos tâches de chaque jour, partout où mènera votre chemin. Alors, au bout de l’ère nouvelle qui aura multiplié les êtres, sera donnée aux hommes l’immortalité. Tels serons-nous et tel sera notre devenir ! » Cela ne peut être plus explicite, me souligna-t-elle. Savez-vous que des milliers de gens disparaissent chaque année sans que nulle trace ne soit retrouvée d’eux ? — Et qu’en est-il de cela ? demandai-je, désignant une dizaine de lignes à l’écart du texte. — Il s’agit d’un rajout tardif. Si vous regardez de plus près, vous constaterez que nous avons affaire à une frappe différente. Cela a été écrit au début de l’ère sumérienne. Toutefois, je reste perplexe quant au contenu de ce texte. Voici en gros ce que nous pouvons en tirer : « Des êtres appartenant aux cieux nous sont apparus et ont réuni nos maîtres. Ils ont annoncé que les temps ne sont point encore venus d’accueillir l’Avaleur de mondes. Aussi, son sort a-t-il été scellé dans un endroit tenu secret de nous. Chaque cycle accompli, au passage de l’étoile à queue chevelue, les élus qui ont pouvoir le libéreront de ses entraves afin qu’il se repaisse et supporte l’attente jusqu’au jour du retour à son œuvre.» L’étoile à queue chevelue doit être une comète, peut-être Halley ? Je n’en suis pas certaine, car comment expliquer la présence de la Buddicom au milieu de tout ce cirque ? Quelque chose a dû se détraquer... En tout cas, le passage de ces bolides célestes devait sans doute déclencher une brève libération nécessaire à la survie de l’Avaleur. Aujourd’hui, nous avons pour tâche de l’accueillir parmi nous, car nous sommes responsables de sa remise en liberté. Il y a gros à parier que le tracé de la ligne Paris-Marseille a rompu le sortilège qui devait le tenir prisonnier pour quelques siècles encore. Ainsi, comme l’évoquent les écrits, l’Avaleur a commencé sa pêche aux âmes et je suis en tête de liste. — Et pourquoi en serait-il ainsi ? — Pour ça ! me lança-t-elle, dévoilant une épaule diaphane sur laquelle tranchait un soleil rougeoyant. Ce fut pour moi le premier signe tangible de la présence invisible de l’Avaleur de monde. Le cercle flamboyant sur sa peau laiteuse n’avait rien qui ressemblât à quelque chose de naturel, ni d’artificiel d’ailleurs. À cet instant, mon visage dut afficher un tel désarroi, qu’elle n’eut d’autre recours que de m’attirer à elle. Mais au tréfonds de son être, elle savait déjà ce qu’il en était de nous, ce qui se tenait tapi là et attendait depuis nos premiers pas en ce monde. Alors, je lui avais pris les lèvres et nous nous étions longuement embrassés, repoussant les brumes incertaines du devenir. Et, lorsque nos corps furent au paroxysme, parmi l’incroyable accumulation des effets humains, ce fut aussi torride qu’étrange, comme si la multitude de ceux qui avaient été, nous donnait en gage le véritable visage de l’amour qui nous portait. Alors que nos corps fusionnaient, une légende du début du monde me revint en mémoire. « En un temps où les dieux anciens régnaient sur la terre, les êtres qui la peuplaient étaient de forme curieuse, femme et homme assemblés en un même corps. Aussi n’avaient-ils de cesse de convoiter la place de leurs divinités et d’ourdir de sombres complots au cœur de leurs cités, construisant des tours qui perçaient le ciel afin de défier l’autorité. Las de ces provocations, les dieux étaient entrés dans une colère terrible et de leurs glaives de feu, les avaient scindés en d’égales parties, dispersant leur multitude à la surface du monde. Depuis, chacune des moitiés n’avait eu de cesse de retrouver l’autre, oubliant les ambitions passées. Et pour ceux qui se retrouvaient enfin, par la grâce des dieux anciens, l’amour leur était offert en guise de pardon. » Ce que nous ressentions en cet instant dans nos deux corps enflammés n’était pas autre et peut-être n’était-ce point un hasard si ce mythe remontant aux sources même de l’âge d’or mésopotamien, s’était soudain mué en une obsédante réalité.
6
Depuis que l’Avaleur me l’a enlevée, chaque seconde passée sur cette terre est hantée par son visage et je ne vis que dans l’espoir de la retrouver. Étrange situation, à l’image de ma légende fétiche. Mais je ne perds pas espoir, car je porte à mon tour la marque, la marque du soleil couchant. Cependant, l’Avaleur tarde à venir me lier à Julia dans son éternité et pour moi, le temps semble s’enliser dans une langueur infinie. J’ai liquidé mon appartement à Paris, la maison de mes parents en Bretagne, dont naguère je m’étais juré de ne pas me séparer ; trop de souvenirs m’y rattachaient. J’ai mis mon métier entre parenthèses, un métier que pourtant j’aimais et qui désormais ne représente plus rien pour moi. Personne n’a compris, ma famille, mes amis, mes collègues de travail, non... personne n’a compris ce qui m’arrivait, et je n’ai pas voulu leur expliquer pourquoi j’en étais arrivé là, tout simplement parce que personne ne m’aurait cru. Au fond, c’est bien ainsi, car on aurait fini par m’enfermer. À présent libre de mes actes, je cours par le vaste monde à la recherche de l’Avaleur. Hier, les statues de l’île de Pâques ont disparu du paysage. Mis à part moi, il n’en est aucun pour s’apercevoir de ce que l’Avaleur emporte, contribuant chaque jour à le rendre plus puissant. Je vois des choses, des choses fantastiques... Et chaque jour qui passe, je me tiens à l’affût, cherchant à me mettre en travers de son chemin afin qu’il daigne me fusionner à Julia et à l’enfant qu’elle porte, notre enfant. Mais il ne semble guère pressé, comme si la force de notre amour lui faisait peur. Et c’est peut-être vrai. Durant les derniers mois où Julia était encore là, cet amour a balayé tout sur son passage ; il nous suffisait de penser pour obtenir des gens tout ce que nous désirions. Nous avons vécu des jours dorés, extraordinaires... Tant, qu’à notre simple contact, ceux qui nous approchaient en étaient transfigurés, débarrassés de la grisaille qui avait envahi peu à peu leurs cœurs. Une force inhumaine, semblable à l’explosion soudaine d’une supernova, nous habitait, irradiait de nous. Oui... ce fut notre plus beau moment terrestre. Quelques jours avant sa disparition, Julia s’était prêtée à d’ultimes confidences : « Il viendra me chercher en premier, mais pour toi cela sera différent. Il ne veut pas nous fusionner trop tôt, sinon la force de notre amour pourrait mettre en péril sa grande œuvre. Cependant, j’ai confiance, car l’Avaleur de mondes ne désire que notre bien, transmuter toutes choses afin d’accélérer notre ascension et nous offrir l’immortalité. Mais il ne veut pas perdre le contrôle et pour une bonne raison : il n’a pas confiance en l’espèce humaine, Yann. Et là-dessus, on ne peut l’en blâmer. » Sans doute en savait-elle beaucoup plus sur le sujet. Une chose est certaine, elle me manque terriblement. D’ailleurs, depuis qu’elle est partie, tout semble s’accélérer, mais pas dans l’ordre où elle l’avait prévu. L’avaleur fait feu de tout bois dans le plus grand désordre. Des animaux, des insectes, des choses, des êtres, disparaissent à une rapidité stupéfiante sans affoler pour autant mes semblables. Cela me rassure, car mon tour ne va pas tarder, je le sens... Je suis prêt, prêt à passer de l’autre côté...
Bonne journée à toutes et tous
* gigi *
Messages : 555 Points : 571 Date d'inscription : 04/01/2019
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Dim 26 Mai - 0:02
ce matin on va voté pf si on était pas obliger et qu'on avais pas d'amande j'irai pas
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Dim 26 Mai - 6:08
Bonne journée a toutes et tous pour ce Dimanche gros bisous
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Opaline Membres
Messages : 1232 Points : 1234 Date d'inscription : 28/05/2014 Age : 78 Localisation : Bouches-du-Rhône
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Dim 26 Mai - 7:55
Bonjour tout le monde et bonne fête à toutes les mamans
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Dim 26 Mai - 9:17
Christaline Membres
Messages : 1307 Points : 1361 Date d'inscription : 27/02/2017 Age : 56 Localisation : Limousin, 87.
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Dim 26 Mai - 16:16
Bonjour à tous et toutes! Désolée pour mon absence, mais je n'avais pas le temps... J'espère que vous allez bien! Le temps est agréable aujourd'hui... Je vous envoie mille bisous et je souhaite une... Gros bisous les ami(e)s!
* gigi *
Messages : 555 Points : 571 Date d'inscription : 04/01/2019
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Lun 27 Mai - 0:00
journée chargée pour moi
prise de sang analyse d'urine
puis faire les litières et nettoyer le haut
courage a ceux qui en on besoin
petrus
Messages : 1653 Points : 1633 Date d'inscription : 20/05/2014 Age : 79 Localisation : Tarn & Garonne
Sujet: bonjour et bon lundi !! Lun 27 Mai - 5:42
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Lun 27 Mai - 6:38
Bonjour a vous toutes et tous bon Lundi Gros bisous
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Lun 27 Mai - 7:47
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Lun 27 Mai - 8:00
C'est le même thème que chez Etoile
Auzelles Membres
Messages : 743 Points : 747 Date d'inscription : 24/09/2017
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Lun 27 Mai - 8:00
L'éphéméride du jour...
Aujourd'hui, nous fêtons les Augustin de Cantorbéry. Prénoms fêtés autrefois : Ildevert. Demain, nous fêterons les Germain.
Le 27 mai est le 147e jour de l'année du calendrier grégorien, le 148e en cas d'année bissextile. Il reste 218 jours avant la fin de l'année. C'était généralement le 8e jour du mois de prairial dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour du martagon.
à Marseille : le soleil se lève à 6h 04 le soleil se couche à 21h 07 durée d'ensoleillement : 15h 02 (+2mn
Célébration de demain : • Immeubles en fête
Citation du jour : On demandait à Fontenelle par quel moyen il s'était fait tant d'amis et pas un ennemi. Il répondit : « " Par deux axiomes : tout est possible et tout le monde a raison. » Bernard Le Bovier de Fontenelle Citation du jour : « Celui qui s'allège avant le mois de mai, certainement ne sait pas ce qu'il fait. » « Celui qui s'allège avant le mois de mai, certainement ne sait pas ce qu'il fait. » « À Saint-Ildevert, est mort tout arbre qui n'est point vert. »
Proverbe du jour : « Tout est pire que peu. »
Événement du jour : 1931: Premier vol humain dans la stratosphère. Le professeur Auguste Piccard, un savant suisse, et son assistant, l'ingénieur Charles Kipfer, montent en ballon jusqu'à 15.500 mètres.
L'historiette du jour : La nuit de la rouquine de Lyne Fontana Certains matins ont tout pour amorcer une journée parfaite. C'est le cas de ce beau samedi de juin, soleil et ciel bleu, nuages vaporeux effilochés par une délicieuse brise océanique, chant des oiseaux, énergie à bloc dès le pied posé au sol. Le tout imprégné par la joie de l'été si proche. En bonus, réjouissante perspective de la soirée, le gala de l'école de danse auquel sa fille va participer. Le soir venu, les voilà prêts son mari et elle. Elle est de bonne humeur et sifflote. En sortant, elle passe devant le miroir de l'entrée et ce qu'elle y voit ne correspond pas exactement à son image intérieure. Sa robe, bien que neuve, douce et confortable, n'est pas terrible, pas du tout son style, elle se demande pourquoi elle l'a achetée. Dans la cabine, ça faisait un autre effet. Elle ne s'est pas spécialement arrangée, n'a pas eu le temps de se lisser les cheveux qu'elle a lavés le matin et qui ont séché tous seuls, alors bien sûr ils frisottent et elle déteste ça. On dirait Louis XIV. Tant pis, de toute façon, personne ne fera attention à elle, le spectacle sera sur la scène.
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Ils sont en avance. Ils commandent un verre au bar et vont le boire sous les platanes de la place. Il fait toujours aussi doux. Elle est heureuse, elle aime cette ambiance joyeuse et pleine d'attente, l'électricité latente, la tension collective qui anticipe avec délices le plaisir des deux heures à venir. Un mouvement de foule vers les portes qui s'ouvrent, c'est l'heure de s'installer. Encore quelques frémissements de rideau, des cavalcades de petits pieds, le silence, et la représentation commence. La prof a beaucoup de talent, elle porte son école avec gentillesse et compétence, parvient à tirer le meilleur des élèves quel que soit leur âge. Du choix des musiques aux costumes, tout est magnifique, plein d'humour et d'émotion. Elle se laisse porter par le mouvement et l'enchantement. C'est décidé, dans une autre vie, elle se mettra à la danse.
À l'entracte, ils sortent dans le grand hall du théâtre. Les gens s'interpellent, bavardent, se saluent, elle croise quelques connaissances, échange des signes amicaux. Elle est encore sous le charme, imprégnée de la gaieté et de l'énergie du spectacle. Un groupe de personnes passe devant eux en bavardant. Parmi eux, une femme, grande, mince, en jean et T-shirt décontractés, à la longue chevelure rousse et bouclée, qui soudain se détache du groupe, se dirige droit sur son mari et vient lui faire la bise. Rien de répréhensible en soi, mais sous une impulsion incontrôlable, elle s'écarte de lui et reste tétanisée, le cœur battant. Surtout que cette rouquine ne sache pas qu'elle est sa femme ! En ce moment même, elle ne veut tout simplement plus exister, avec sa robe aux zébrures bleues et moches. Elle a la fugitive vision d'une âme charitable qui appuierait sur un gros bouton rouge à actionner en cas de danger, et de sa propre transformation en fusée, propulsée tout droit à travers le plafond de verre, filant vers les étoiles. Oui, c'est ça disparaître, ni plus, ni moins. Mais en lieu et place d'aventures interstellaires, elle se tient là toute raide tandis qu'ils échangent quelques mots. Puis la femme s'éloigne en continuant à le regarder avec un air de connivence et un sourire qu'elle n'aime pas vraiment. Elle est très mal, ne veut pas le laisser paraître, elle a honte, se sent minable et ne dit rien, incapable de lutter contre ce qu'il doit à coup sûr éprouver et qu'elle comprend douloureusement. Elle se recroqueville sur cette humiliation auto-infligée et, comme un robot rouillé rassemblerait ses morceaux épars pour fonctionner encore quelques heures, se remet en circulation. La deuxième partie du spectacle commence, c'est toujours aussi beau, mais la grâce l'a quittée.
Il est presque minuit lorsqu'ils rentrent à la maison. La chienne saute autour d'eux avec impatience. « Je vais la sortir » dit-elle à son mari, tandis qu'il monte se coucher. Elle se débarrasse de ses chaussures, enfile ses baskets. La chienne redouble d'excitation. Elle lui met la laisse et elles sortent. Elle a besoin de marcher longtemps, de se désintoxiquer du poison de ses sentiments. Son pas est vif, nerveux, elle extirpe sa honte, se reconstitue à chaque enjambée, se sent de nouveau vivante, respire à fond l'air de la nuit. Elle compte faire une longue virée, elle a l'habitude de son village nocturne. Mais au carrefour du bout de la rue, elle croise sa voisine. Celle qui a une chienne tarée, une espèce de staff caramel qui par deux fois déjà a tenté de bouffer la sienne. Elle la sort toujours très tard pour rencontrer le moins de monde possible, pas attachée et sans muselière.
Tout se passe très vite. L'attaque est brutale. C'est un enchevêtrement effrayant de corps, d'aboiements, de fureur, de hurlements. Sa chienne, quatre fois plus petite que l'autre, est en train de se faire dévorer et la voisine n'a aucune emprise sur son animal. Pour la deuxième fois de la soirée, elle se fige, incapable de la moindre réaction, submergée par sa misérable impuissance, mais cette fois, quelque chose se débat, bouge en elle, et infiltre sa détresse, lui donnant vie par de minces et lumineuses impulsions filamenteuses, comme celles de la foudre. De son ventre, de sa poitrine, ça monte et la traverse, lui brûle les poumons et la gorge, un râle, un grondement sourd et bas, ça enfle, se transforme, gagne en puissance, et déchire la nuit. Le vacarme du combat des chiens s'est tu. Ce silence soudain au-delà de son propre cri l'arrête net. Elle capte le regard épouvanté de la femme avant que celle-ci ne se détourne pour se précipiter vers sa maison, avec sur les talons, le staff qui n'émet plus que de faibles gémissements, l'échine et la queue basses. Sa chienne à elle, a disparu.
Seule au milieu de la route, elle grelotte maintenant dans cette robe qu'elle déteste. Sa vision est altérée. Le monde a pris une drôle de couleur. Elle se sent bizarre, ses muscles tressautent, se durcissent, semblent s'allonger. Au-dessus d'elle, la lune est énorme, bien ronde, bien rousse qui l'attire et l'enveloppe, la pousse, la propulse. Elle a à peine conscience de se mettre à courir, de ses pieds qui martèlent le bitume, puis la terre et les cailloux, encore et encore. Dans la nuit sa voix résonne et devance ses pas, appelant sans relâche la chienne, mais elle n'en reconnaît ni le timbre, ni l'élocution. Ces sons rauques à peine articulés qui sortent d'elle ont une vie autonome, une nature inconnue, petites boules de force qui l'entraînent et l'encouragent. Elle n'est plus que muscles et cœur battant, les yeux brouillés de larmes, maintenant sur le chemin qui mène à la forêt dans laquelle elle s'enfonce sans ralentir. Elle passe entre les arbres serrés, les branches griffent son visage, ses bras et ses jambes nues, se prennent dans ses cheveux et y abandonnent feuilles et brindilles, lui arrachant des lambeaux de robe.
Et elle l'entend, avant de l'apercevoir qui scintille derrière les arbres et lui barre le chemin, son ruisseau familier, à un endroit où elle ne l'a jamais vu, plus tumultueux et plus large qu'au village. Des roches affleurent ça et là. Un enchevêtrement de broussailles rend l'autre berge inaccessible. Elle s'arrête à peine et poursuit sa course dans le lit du ruisseau, sautant d'une pierre à l'autre, petite silhouette dont le reflet, accompagné par celui de la lune, danse sur la musique de l'eau. Un oiseau aux yeux d'or la survole en un battement d'ailes chuintant et va se poser sur une haute branche pour la regarder passer. Elle-même n'est pas témoin de ce ballet nocturne, n'a pas conscience de cette beauté qui l'intègre, et pourtant la magie opère à son insu. Elle évolue dans ce décor avec aisance, elle l'habite pleinement, appartient à ce territoire qui l'accueille avec évidence. Elle le parcourt avec une légèreté accrue, un embryon de joie prend racine dans son cœur. Le ruisseau maintenant se rétrécit, l'eau est moins profonde, sur les berges, les arbres sont plus clairsemés. À sa gauche une petite plage s'étale en alcôve sous les branches d'un immense saule. Elle se sent soudain très lasse, attirée par cet espace. Juste s'allonger ici, c'est irrésistible, entre les racines affleurantes de l'arbre qui forment comme un petit berceau.
Contre son ventre, c'est chaud et doux, à la lisière de l'éveil, elle se rêve en train de sourire. Un souffle paisible dans le cou, une truffe humide sous le menton, le contact d'une oreille satinée et fraîche contre sa paume. Sa chienne l'a retrouvée. Elle est là qui dort blottie au creux de son corps replié. Elle sent qu'elle va bien, l'angoisse a disparu. Derrière ses paupières, la lumière a changé. Elle ouvre les yeux, seule concession à l'immobilité. Devant elles, comme un rideau, la longue chevelure du saule se balance. Des éclats de ciel rose vibrent par intermittence à travers le feuillage. Elle n'a aucune envie de bouger, prolonger cet instant est tout ce qui compte. Mais la chienne s'est réveillée, s'est remise sur les pattes, en cercles bondissants, l'invite à faire de même. À regret, elle consent à quitter son refuge végétal. Et puis la perspective d'une douche bien chaude la tente. De vêtements secs et propres aussi... sa robe est bonne à jeter. Pourtant, à bien la regarder, c'est comme ça qu'elle lui plaît. Son esprit vagabonde, elle la suspendra telle quelle au fond de sa penderie, et chaque fois que le besoin s'en fera sentir, que la force de s'aimer menacera de l'abandonner, elle ira la contempler. Ce sera son trophée, son totem secret, sa seconde peau. Et plus tard encore, bien, bien plus tard, lorsqu'elle mourra et que ses enfants en seront à trier ses affaires, à remplir des sacs de vêtements à porter au container, ils tomberont sur cette robe lacérée, pleine de vieilles traces de boue, avec encore accrochés aux déchirures du tissu délavé, des morceaux de branches, des miettes de feuilles sèches. Ils s'exclameront : « Mais qu'est-ce que Maman pouvait bien faire de ce truc pourri? ». Et à mieux la considérer, ils se mettront confusément à comprendre, à remplacer pourri par d'autres mots, oui c'est ça... sauvage plutôt, libre, étrange, puis, leur regard se perdra dans les souvenirs, et ils penseront sans oser le prononcer : « Finalement, c'est un peu son portrait ». Et ce sera le seul vêtement rescapé du tri.
Elle se secoue, Oh oh, calme-toi, se moque-t-elle on n'en est pas là. Un dernier regard au grand saule, allez, en route vers la maison. Le retour de la forêt avec un chien qui ouvre la marche en frétillant le nez au vent, la traversée du village encore en sommeil dominical, les rayons rasant du soleil levant, l'anticipation de la chaleur d'un bol entre les mains, de l'odeur du café, le carillon joyeux de la porte... certains matins ont tout pour amorcer une journée parfaite.
Bonne journée à toutes et tous
Opaline Membres
Messages : 1232 Points : 1234 Date d'inscription : 28/05/2014 Age : 78 Localisation : Bouches-du-Rhône
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Lun 27 Mai - 8:07
Bonjour tout le monde
Invité Invité
Sujet: Re: bonjour ensoleillé Lun 27 Mai - 8:52
bonjour a tous nouvelle semaine qui va etre courte pour ceux qui bossent et sa va leur faire du bien temps maussade bonne journée a tous bisous
provence Admin
Messages : 5480 Points : 5591 Date d'inscription : 19/05/2014 Age : 83 Localisation : le bar sur loup 06620 region paca
Sujet: bonjour ensoleillé et chauud Lun 27 Mai - 11:37
bonjour ce jour ensoleillé ,aucune douleur je devrais marquer dans le journal la dent est enlevée et tout va bien Pierre passe l'aspirateur et Romeo est sur mon épaule ,Gipsy dans mon dos je suis bien gardée,je suis souvent dans le jardin beaucoup a faire
Les dictons du 27 avril : À la sainte Zita, le froid ne dure pas. Quand la lune rousse est passée, on ne craint plus la gelée. L'hiver n'est point passé que la lune rousse n'ait décliné. Lune rousse, vide bourse. La lune rousse, toujours nous trémousse. Les gelées de la lune rousse, de la plante brûlent la pousse. Ce que la lune rousse met au monde elle le nourrit, et ce qu'elle y trouve elle l'étrangle. La lune rousse est la lune des abîmes. Quand la lune rousse commence comme un lion, elle finit comme un mouton. La lune rousse, si elle ne donne de la tête, donne de la queue. La lune rousse ôte tout ou donne tout. À saint Frédéric, tout est vert, tout est nids ; plantes, bêtes et puis gens, tout sourit
Compliment
" On ne donne rien de si bon marché que les compliments. " A. de Montluc
" Les compliments sont le protocole des sots. " Voltaire
Confiance et défiance
" Confiance et défiance sont également la ruine des hommes. " Hésiode
" Souviens-toi de te méfier. " Epicharme
" L'erreur est aussi grande de se fier à tous que de tous se défier. " Sénèque
" Notre défiance justifie la tromperie d'autrui. " La Rochefoucauld
Conscience
" La conscience est la lumière de l'intelligence pour distinguer le bien du mal. " Confucius
" La plus importante et la plus négligée de toutes les conversations, c'est l'entretien avec soi-même. " Chancelier Oxenstiern
Conseil
" Suis le conseil de celui qui te fait pleurer, et non de celui qui te fait rire. " Proverbe Arabe
" Les bons conseils pénètrent jusqu'au coeur du sage ; ils ne font que traverser l'oreilles des méchants. " Proverbe Chin
* gigi *
Messages : 555 Points : 571 Date d'inscription : 04/01/2019